8 aout 2016 - Notre planète vit à crédit jusqu’à la fin de l’année … Et elle s’épuise
La déforestation massive, c'est aussi une perte assurée en biodiversité. Ainsi l'immense écorégion du Pantanal – vue ici depuis l'Etat brésilien du Matto Grosso, en janvier 2011 – est en danger à cause de la culture intensive du soja et de la déforestation, alertent des sources scientifiques.
Ce lundi 8 août est l’Overshoot Day, le jour où les humains consomment plus de ressources naturelles que ce que la Terre peut leur fournir.
Si nous vivions dans un monde idéal, à partir de ce lundi 8 août, aucun humain ici-bas ne consommerait plus rien : ni eau, ni fruit, ni légume, ni viande, ni quoi que ce soit. Et il n’émettrait plus un gramme de gaz à effet de serre. Dans un monde idéal, cette diète durerait jusqu’au 31 décembre, afin que la planète Terre ait le temps de se régénérer.
Mais nous ne vivons pas dans un monde idéal, donc ce lundi est l’Overshoot Day (le "Jour du Dépassement'). Et les 21 semaines qui nous séparent de 2017 sont "en trop" pour les ressources que la Terre a à nous offrir.
C’est ce concept qu’essaie de répandre, via une campagne, deux ONG : le Global Footprint Network et le WWF. Le message est clair : nous, humains, devons cesser de griller des cartouches irremplaçables. D’autant que ce grignotage ne fait que s’aggraver depuis 1986, année où la Terre nous donnait exactement ce dont elle disposait (où l’Overshoot survenait donc le 31 décembre).
Graisse de mammouth
En 1986, nous n'habitions pourtant pas dans des grottes éclairées à la lueur de lampes à la graisse de mammouth… Mais, entretemps, la surconsommation a continué à exploser dans les pays du Nord, les émissions de gaz à effet se sont envolées. Surtout, les pays du Sud (Chine en tête) sont parvenus un stade de développement économique catastrophique pour l’environnement.
"En 1990, l’Overshoot Day survenait le 7 décembre. En 2000, c’était le 1er novembre. En 2010, c’était le 21 août et aujourd’hui le 8 août. L’aggravation des choses est patente", détaille Arnaud Gauffier, responsable de cette campagne au WWF
Mais quelles sont les ressources concernées ? Pour que le calcul soit possible, les initiateurs de l’Overshoot Day mesurent tout en hectares terrestres. D’abord, les tonnes de gaz à effet de serre émis : chaque tonne dans l’atmosphère est ramenée à une surface d’arbres capable de l’absorber.
Cela vaut aussi pour chaque animal mangé, pour chaque verre d’eau bu, qui correspond à une surface de pâturage ou de sol utilisé. Chaque arbre tronçonné pour faire du papier ou des meubles, mais également chaque mètre de route ou d'habitation recouvrant le sol naturel sont enfin comptabilisés.
Biocapacité limitée
La biocapacité mondiale (la moyenne des hectares disponibles pour contenter chaque homo sapiens) est, en moyenne de 1,72 ha/hab. Mais cela ne nous suffit plus : il faut aujourd’hui 1,6 planète pour satisfaire chacun d'entre nous. Evidemment, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne : si un Philippin grignote moins que ce que la Terre met à disposition, un habitant des Etats-Unis en consomme, lui, 4,8 fois plus !
Voici combien de Terre il faut pour contenter chaque habitant de ces pays, selon Global Footprint Network :
Australien : 5,4 planètes
Etatsunien : 4,8 planètes
Finlande : 3,4 planètes
Russie : 3,3 planètes
Allemagne : 3,1 planètes
France : 3 planètes
Japon : 2,9 planètes
Italie : 2,7 planètes
Espagne : 2,1 planètes
Chine : 2 planètes
Brésil : 1,8 planètes
Moyenne mondiale : 1,6 planètes
Inde : 0,7 planète
Philippines : 0,6 planète
La France est placée au 6e rang mondial des plus gros grignoteurs de planète, malgré son très important parc nucléaire (donc, la faiblesse relative des ses émissions de C02 pour produire son électricité).
"Il y a une décennie, en 2005, il ne fallait 'que' 2 planètes pour chaque Français, précise Arnaud Gauffier. Mais l’augmentation de nos déplacements et de nos importations a alourdi le bilan."
Comment chaque Français grignote la planète :
Emissions de gaz à effets de serre : 53%
Cultures alimentaires non-animales : 24%
Produits forestiers (papier surtout) : 10%
Pâturages (ou paissent bovins, ovins…) : 5%
Poissons : 4%
Hectares grignotés par les villes et les routes : 4%
Mais comment notre planète, écosystème fini, peut-elle donner plus que ce qu’elle a, donc, d’une certaine manière, donner ce qu’elle n’a pas ? C’est bien simple : elle s’épuise à ce petit jeu. Une espèce de poisson trop pêchée (qui, donc, n’a pas le temps de se reproduire), une espèce d’arbre trop coupée (qui n’a pas le temps de repousser) finit logiquement par se raréfier et disparaître.
Dysfonctionnement
La Terre a de moins en moins d’arbres, de poissons à nous offrir et, l’excès de gaz à effet de serre crée un dysfonctionnement gravissime : le réchauffement climatique. Malgré les COP 20, 21, 22, les choses ne s'améliorent pas... Déprimant?
"Cette campagne ne sert pas à accabler tout le monde ! prévient Arnaud Gauffier. Juste à faire comprendre qu’en modifiant nos comportements – en mangeant moins de viande, en consommant plus local, en recourant plus au vélo ou aux transports en commun… - nous pouvons tous faire reculer l’Overshoot Day. Avec un idéal : 'atteindre' à nouveau le 31 décembre."
En revanche, si tout le monde continue ainsi, en 2030, le Jour du Dépassement se situera… le 28 juin. Au boulot !
Nos enfants vont-ils voir la fin de l’humanité à cause du réchauffement climatique ? Des experts affirment que oui
Les premiers représentants de l’espèce humaine sont apparus sur Terre il y a près de 2,8 millions d’années. Dès lors, sa population n’a cessé d’augmenter et nous sommes aujourd’hui plus de 7 milliards d’individus à peupler la planète. Mais tout cela risquerait de prendre fin d’ici 2100. En effet, certains spécialistes affirment que la surpopulation, l’épuisement des ressources et le réchauffement climatique pourraient être responsables de la disparition de notre espèce dans moins d’un siècle. SooCurious fait le point sur ces estimations très alarmantes.
Des prises de conscience tardives
Chaque année lors du G7 les gouvernements se réunissent dans le but de trouver des solutions au changement climatique, pourtant malgré la prise de certaines résolutions telles que la réduction importante des émissions mondiales de gaz à effet de serre, ou la limitation du réchauffement climatique à 2 degrés par an, les résultats sont encore loin d’être satisfaisants. D’ailleurs le scientifique David Auerbach critique le dernier sommet du G7 considérant que les responsables des gouvernements n’ont pas su apporter de vraies solutions indispensables pour la survie de l’humanité. Selon lui et quelques experts, la civilisation du 21e siècle encourt les mêmes risques que les habitants de l’île de Pâques, dont la civilisation s’est éteinte lorsqu’ils ont surexploité les ressources de leur habitat naturel.
Cela ne concerne pas que l’espèce humaine, mais aussi celle des autres espèces vivantes de la planète. « Je pense qu’il est trop tard. J’essaye de ne pas en faire état car certaines personnes s’emploient à trouver des solutions mais elles restent hors d’atteinte. » Lors du G7 qui se tenait en Allemagne au début du mois de juin, les gouvernements ont failli à leur tâche, proposer un vrai plan pour cesser les émissions de gaz pour les années à venir. Il est apparu que les engagements actuels des pays pour la réduction des gaz à effet de serre ne parviendront pas à éviter un pic des émissions vers 2030, ce qui entrainera une augmentation des températures de 2,6 degrés d’ici la fin du siècle selon l’Agence nationale de l’énergie.
Des ambitions à atteindre à tout prix
« Lorsque le G7 a appelé tous les pays à réduire les émissions de carbone à zéro dans les 85 prochaines années, la réaction a été unanime dans le monde scientifique : ce sera déjà bien trop tard », a écrit M. Auerbach, «À ce stade, réduire les émissions c’est juste une partie de la solution,- la partie facile. L’autre, plus difficile sera un effort très agressif pour trouver les technologies nécessaires qui pourront inverser l’apocalypse climatique qui a déjà commencé ».
Le scientifique à aussi fait remarquer que le changement climatique « dangereux » était déjà là,et que la question à se poser maintenant était de savoir si le changement climatique «catastrophique »pourrait être évité.
L’objectif désormais c’est que l’augmentation des températures mondiales soit maintenue en dessous d’un niveau de 2 degrés d’ici la fin du siècle. Une augmentation de 5 degrés, comme il est actuellement prévu d’ici 2100 (pour le moment), causerait de graves inondations, la famine, la sécheresse et une extinction de masse. D’ailleurs « Même le chiffre de 2 degrés implique la hausse de plus d’un mètre du niveau de la mer en 2100, assez pour déplacer des millions de personnes et faire disparaitre des centaines d’îles » explique M. Auerbach dans son article à Reuters. Mais il admet que la situation actuelle ne permet pas d’espérer descendre au-dessous des 2 degrés d’augmentation.
Une situation climatique très alarmante
Il s’avère donc qu’il fera de plus en plus chaud sur notre planète, et les données sur les températures des villes en 2100 sont extrêmement inquiétantes. Par exemple en Inde ou en Amérique du Sud, les températures journalières seront de plus ou moins 45 degrés, tout comme Jérusalem, New York, Los Angeles ou encore Mumbai. De plus la quantité de dioxyde de carbone contenu dans l’atmosphère atteindra 935 parties par million soit 0,1 % de l’atmosphère. C’est quasiment le double d’aujourd’hui, où la concentration est de 400 parties par million.
Les glaciers de l’Everest, de l’Himalaya, la banquise… tous ces endroits pourraient être presque complètement éradiqués d’ici 2100 en raison des émissions de gaz à effet de serre, d’après les mises en garde des scientifiques. Une diminution de 99 % est attendue s’il n’y a pas une nette amélioration. Mais des solutions sont à l’étude : « L’ambition de la NASA est de prendre tout ce que nous avons appris sur notre planète depuis l’espace et créer de nouveaux produits qui vont nous aider à sauvegarder notre futur », explique Ellen Stofan, chef scientifique à la NASA. « Avec ce nouvel ensemble de données mondiales, les habitants du monde entier ont un nouvel outil précieux à utiliser pour planifier des solutions contre le réchauffement de la planète. »
NEX, une base de données mondiale qui prédit les variations climatiques
Le dernier compilateur de données terrestres créé par la NASA (NEX) en Californie a récolté des données qui montrent les changements prévus dans le monde entier en réponse à la hausse des niveaux de dioxyde de carbone, qui peuvent être visualisés sur une échelle de temps par jour pour chaque ville. La NASA affirme que les données aideront les scientifiques et les meilleurs planificateurs à comprendre les risques auxquels la planète sera confrontée en raison du changement climatique. Il peut aussi leur permettre de mieux planifier les aléas climatiques tels que la sécheresse, les inondations, les vagues de chaleur et les pertes de productivité agricole.
La NASA continue de produire de précieux produits de données communautaires sur la plate-forme NEX afin de promouvoir la collaboration scientifique, le partage des connaissances, la recherche et le développement. NEX totalise plus de 11 téraoctets et intègre les mesures réelles de tous les endroits de la planète avec les données de simulations climatiques. Il fournit à la fois des précipitations et des projections de températures à une résolution de près de 25 km, entre 1950 et 2100 à travers le monde entier.
La carte montre que beaucoup de zones d’Afrique du Nord, d’Inde et de l’équateur devront faire face à des températures d’été qui dépasseront régulièrement les 45 degrés.
À la vitesse où empirent les choses, dans quelques générations nos descendants pourraient bien assister à la fin de la civilisation humaine. À la rédaction, nous sommes très inquiets par toutes ces estimations scientifiques et nous espérons que les pays tiendront leurs engagements concernant la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Selon vous, quelles solutions doivent être mises en place pour sauver la civilisation humaine ?
Source:
Le Nouvel Observateur-Arnaud Gonzague
SooCurious-Auriane Essart
Le Pèlerin