
Rien ne sera plus jamais pareil. Notre vie restera à jamais marquée par l'empreinte de cette absence; par la brume de ce doute qui jusqu'à aujourd'hui ne se dissipe pas; par la lueur de cet espoir qui, jour après jour, s'atténue, plongeant dans le deuil tout un peuple, mettant à l'épreuve le courage et la solidarité les mieux établies, celui et celle des petites gens.
En ce qui nous concerne, étudiants en médecine, c'est l'absence de nos camarades et de nos professeurs qui fait le plus mal; la sensation d'impuissance face à la perte de dizaines de personnes dont le souvenir à jamais restera gravé dans nos cœurs et nos esprits; face à la détresse et à la douleur des leurs.
Comment pourrions-nous faire face à cette réalité ?
Comment admettre que, en rejoignant les lieux du savoir, beaucoup n'en reviendront jamais?
Faut-il accepter cela comme un coup du destin ?
Une catastrophe naturelle ?
Ou bien faut-il au contraire se révolter ?
Dénoncer le manque de moyens dont nous croyions être les premières victimes ?
La reprise de la vie " normale " est si pénible, presque impossible! Rien, jamais, ne soulagera les " survivants " du fardeau d'être restés en vie ni les parents des victimes de la perte d'êtres chers.
Qui blâmer, contre qui se retourner ? Tout ceci était-il donc écrit comme certains ne cessent de le seriner?
Le plus dur est d'avoir conscience qu'un jour ou l'autre la vie finira par reprendre son cours, que chacun d'entre nous poursuivra son chemin même s'il continue de ressentir malgré tout un vide, une déchirure, causés par l'absence et la perte de ceux qu'hier encore il côtoyait, un ami, un collègue, un camarade.