Concrètement, à chaque consultation, le médecin utilise sa carte de professionnel de santé et la carte vitale de son patient pour accéder à son dossier. Puis il y entre la tension, le pouls, le poids, l’examen réalisé... Le patient de retour chez lui peut consulter ces données sur son ordinateur ainsi que ses comptes rendus d’analyses biologiques, son carnet de vaccination, ou ses examens radiologiques. Sur un espace personnel il peut également faire des remarques sur son état de santé. Quand il arrive chez un autre professionnel, un spécialiste par exemple, ce dernier ouvre le DPM du patient pour consulter les indications laissées par le médecin prescripteur.
Toute intrusion sera sanctionnée par le Code pénal. C’est le patient en effet qui décide à qui il autorise l’accès à son dossier (souvent lors l’ouverture ou lors de la première consultation avec un nouveau professionnel). Seule exception, en cas d’urgence, si le patient est inconscient, les médecins peuvent accéder à son dossier pour vérifier ses antécédents ou écarter des incompatibilités médicamenteuses.
Les patients auront-ils la conduite pleine et entière de leur dossier ? Non. « Le DPM ne contient que les données qui y sont consignées par les médecins et ce dossier lui reste accessible à sa demande, reconnaît un médecin généraliste du Val de Marne qui a testé le dispositif. Mais rien n’empêche chaque médecin de posséder un autre dossier médical pour son patient, centré essentiellement sur la spécialité pour lequel il est compétent et qui restera la propriété du médecin comme c’est le cas aujourd’hui. »
Somme toute, le DPM permettra au patient de devenir « un acteur à part entière de sa santé » précise Patrick Roua, médecin généraliste dans la Marne. Ce dossier répondra à ses questions, ses craintes. Au couple patient médecin de se redéfinir. « Le rôle et la place du médecin vont devoir changer et s’adapter à ce nouveau mode de fonctionnement, précise le Dr Roua. Le suivi sera optimisé si les professionnels de santé acceptent de changer leur pratique et de partager beaucoup plus de données. » Une véritable révolution pour certains prévoit-il.
Selon le groupement d’intérêt public pour le DPM, 84% des patients ayant expérimenté le DPM, en sont satisfaits. Angélique, jeune femme qui l’a testé en avant première, affirme « c’est pratique, on dispose de toutes les données. Y compris l'identité de ceux qui ont consultés mon dossier. » Son seul bémol : « ne figure que le compte-rendu de mon échographie, pas la vidéo de ma grossesse car la gynécologue ne dispose pas encore de l’appareil que le permettrait. Cela viendra. »