En campagne officielle depuis jeudi, deux listes bariolées aux couleurs du RCD se sont lancées - chacune de son côté - dans un mini-tour de France électoral. Avec l'ambition de «disputer» les quatre sièges, un pari jugé impossible au regard des contraintes du mode proportionnel.
En 1997, premier scrutin législatif organisé en France, le parti de Saïd Sadi avait glané deux sièges contre un pour le RND et un pour le FLN. Il avait boudé la consultation suivante - mai 2002 - sous les effets des événements sanglants de Kabylie.
Avec quatre sièges sur les huit attribués aux nationaux établis à l'étranger, les Algériens de France se taillent la plus grosse part. Un quota défini par le législateur au regard de la taille d'une immigration qui représente à plus de 90 % la «diaspora» algérienne implantée hors du pays.
L'ordonnance du 25 février 2002 relative au découpage électoral et au nombre de sièges à pourvoir à l'APN a configuré la France en deux circonscriptions. La première, dite «Zone 1» ou «France nord», comprend les départements couverts par les consulats généraux de Paris, Lille et Strasbourg et les consulats de Bobigny, Nanterre, Pontoise, Vitry-sur-Seine et Metz.
La «Zone 2» ou «France sud» concerne les électeurs algériens administrés par les consulats généraux de Marseille et Lyon et les consulats de Besançon, de Grenoble, Nice, Saint-Étienne, Nantes, Montpellier, Toulouse et Bordeaux. Autant de villes connues pour être des lieux marquants des flux migratoires algériens en France.
A l'appui de son challenge dans la «Zone 1», le RCD a choisi de miser sur deux noms connus de sa famille politique. Membre de la direction nationale et médecin de vocation, le Dr Rafik Hassani ouvre la liste aux côtés de Hachemi Souami, membre du Conseil national et longtemps journaliste à la télévision et à la radio nationale. Ce dernier a déjà siégé à Zirout Youcef entre les printemps 1997 et 2002 au titre de député de l'immigration.
Pour la «France sud», le RCD a confié le challenge législatif à Saïd Saï, un concessionnaire «auto» de Marseille, et Abderrahmane Maameri, un salarié de l'aérien à Lyon. Au-delà de l'Hexagone, le Dr Moumen Abib, un spécialiste dans la médecine nucléaire, conduit, à partir de Bruxelles, la liste du parti pour le reste de l'Europe.
Selon un exercice désormais classique, le RCD-Immigration mènera sa «réclame électorale» en axant sur deux démarches : la campagne de proximité dans les quartiers à forte implantation algérienne et le tour des radios communautaires (France Maghreb, Beur FM, Radio Soleil, Radio Gazelle, Radio Salam, etc...).
Singularité d'un scrutin organisé en terre étrangère, les législatives comme les trois dernières présidentielles (1995, 1999 et 2004) et les trois derniers référendums (1996, 1999 et 2005) sont soumis à des contraintes réglementaires.
Légalement, l'affichage électoral - portraits et programmes des candidats- ne peut se décliner que dans les halls des 18 missions consulaires algériennes et au travers des spots électoraux de Canal Algérie. Dans les faits, les choses se passent différemment. Les candidats se sont toujours affichés sur les murs de Barbès, Ménilmontant, Belleville, Saint-Denis, Aubervilliers, Lille, Marseille, Lyon.
Interdit par la réglementation municipale relative à l'affichage, le collage de portraits a, le plus souvent, été toléré par les autorités françaises. Aussi, habitué à l'agitation militante en France, le RCD a-t-il bien l'intention d'investir quelques façades.
A Paris intra-muros, dans les banlieues d'Ile de France et en province. Sans compter la distribution des prospectus électoraux dans les marchés électoraux.
De passage, l'autre semaine, à Paris, Saïd Sadi en a profité pour donner, par anticipation, le coup de starter de la campagne en France. Une campagne dont la thématique devrait être centrée sur les «propositions concrètes» du RCD en faveur de l'immigration.
Alors que la joute électorale ne fait que commencer, le RCD cherche à se poser comme le précurseur des «quelques avancées» en faveur des Algériens de l'étranger. «Nous sommes les premiers à avoir demandé des sièges pour l'immigration à l'APN, dit Rafik Hassani. Nous sommes également les premiers à avoir plaidé la mise en place d'une structure gouvernementale dédiée à la communauté».
Source l’Expression