«La démocratie, les droits de l'Homme
En voici le texte intégral :
Je tiens, tout d'abord, à rendre un hommage mérité à Madame Marie Angélique Savane, et au panel des éminentes personnalités du Mécanisme africain d'évaluation par les pairs, pour leur contribution exceptionnelle au bon déroulement et à l'aboutissement de cet exercice pour ce qui concerne l'Algérie.
Le rapport de haute tenue qui vous est soumis ainsi que l'excellent exposé introduit qu'elle vient de nous présenter sont des preuves édifiantes de cette ferme détermination à contribuer concrètement à l'ancrage de la bonne gouvernance dans chacun de nos pays et sur notre continent.
Aux honorables membres du panel des éminentes personnalités, à chacun des distingués membres de la dynamique et compétente équipe dont Madame Savane a su s'entourer, ainsi qu'au secrétariat du Mécanisme africain d'évaluation par les pairs et aux institutions partenaires, je tiens à exprimer notre reconnaissance pour l'excellent travail accompli.
Ces dernières années, l'Algérie s'est engagée dans d'importants processus de transformation. Les efforts immenses qui ont été ainsi déployés ont été restitués dans leurs fondements, leur portée et leur finalité par l'exercice national d'auto-évaluation mené conformément aux principes et orientations définis par le Mécanisme africain d'évaluation par les pairs.
Le rapport national d'auto-évaluation fournit, à cet égard, une appréciation du chemin parcouru et des progrès réalisés. Il met aussi en lumière, et sans complaisance, les défis qui se posent à nous dans la modernisation de notre Etat et de notre société.
Le rapport d'évaluation du panel prend note de nos accomplissements. Nous en sommes satisfaits. De fait, il donne un aperçu des réalités et des perspectives algériennes dans ce qu'elles ont de positif. De même, il n'omet pas de relever les problèmes qui nous interpellent et à la solution desquels nous entendons nous consacrer complètement.
C'est ma conviction que notre Forum doit devenir un creuset de valorisation et de partage de nos expériences respectives.
Pour ne pas trop prendre de votre temps, je me contenterai d'aborder quelques-uns seulement des principaux défis qui se présentent à nous et que le panel n'a pas manqué de mentionner dans son rapport.
Le plus important de ces défis est, sans nul doute, la consolidation de la paix retrouvée après la longue et difficile période d'instabilité et d'insécurité que nous venons de traverser. C'est une parenthèse douloureuse dans notre histoire que nous avons entrepris de refermer par la réconciliation des cœurs et des esprits et par le rassemblement de toutes les Algériennes et de tous les Algériens autour de l'objectif de construction de l'Algérie de demain, une Algérie moderne, prospère et solidaire, une Algérie enracinée dans ses valeurs et ouverte sur l'universel.
C'est cet esprit de réconciliation, de prise en charge des conséquences considérables de la tragédie nationale qui guide, actuellement, les politiques et les actions gouvernementales dans les différents domaines.
Tout en combattant le terrorisme, l'Algérie n'a pas renoncé à l'exigence d'une réforme profonde de son système socio-politique. La démocratie, les droits de l'Homme et les libertés publiques sont, aujourd'hui, des acquis de l'Algérie comme en témoignent la tenue régulière d'élections libres et transparentes, la diversité de la composition du Parlement, le fonctionnement démocratique des institutions, l'expression libre des opinions, le développement prodigieux de la presse, la protection des droits de l'Homme et l'émergence de la société civile.
Notre volonté de poursuivre la modernisation de notre Etat, de notre économie et de notre société s'est traduite par les réajustements constitutionnels et législatifs que nous avons entrepris.
Cet élan vers la modernisation requiert aussi un engagement soutenu dans la lutte contre les grands maux sociaux qui entravent le développement de la plupart de nos pays.
L'un d'eux est la corruption. Il s'agit là d'un problème multidimensionnel qui nécessite une approche globale. Nous sommes déterminés à lutter contre cette forme particulièrement dangereuse de criminalité.
Pour cela, nous avons mis en conformité notre législation interne avec les instruments internationaux et régionaux auxquels nous avons adhéré, en y introduisant de nouvelles dispositions telles que l'imprescriptiblité des infractions de corruption, la levée du secret bancaire, l'obligation de déclaration de patrimoine pour tous les responsables et fonctionnaires de l'Etat, la définition détaillée des incriminations pour délit de corruption et l'aggravation des sanctions qui les concernent.
Nous avons également mis en place une cellule de traitement du renseignement financier et un organe national de prévention et de lutte contre la corruption.
Cette lutte fait partie de la dynamique de renforcement de la démocratie et de l'Etat de droit, qui constituent des leviers importants de la bonne gouvernance.
En Algérie, comme dans les autres pays africains, une implication plus active de la société civile ainsi qu'une coopération conséquente de la part de nos partenaires au développement sont des contributions indispensable à la pleine réussite de nos efforts. La bonne gouvernance ne concerne pas seulement les institutions de l'Etat. Nous nous employons à encourager la consultation et la concertation aux niveaux national et local et à développer le mouvement associatif. Les différents partenaires sociaux participent à l'élaboration et à la conduite des politiques nationales de développement. Pour nous, le mouvement associatif est un très riche gisement de compétences, dont il s'agit de tirer un meilleur profit à la fois de son potentiel de réflexion et de propositions et de sa disponibilité à accompagner la mise en œuvre des programmes de l'Etat. Nous n'avons cessé d'accorder la plus grande importance à la place et au rôle de la femme dans notre développement national.
Le rapport d'auto-évaluation et le rapport du panel soumis à votre appréciation rendent pleinement compte des progrès réalisés par l'Algérie pour l'émancipation et l'épanouissement de la femme algérienne au sein de la société.
Ces progrès sont le fruit de l'engagement et des sacrifices consentis par la femme algérienne dans notre libération et dans la construction d'une société moderne et dynamique.
Notre démarche est fondée sur nos valeurs civilisationnelles et sur notre conviction que l'éducation, la formation et le travail de la femme contribuent de façon significative à notre développement et à la solidité de nos structures sociales.
Elle consiste à armer la femme de savoir, de compétences et à favoriser la reconnaissance et l'utilisation optimale de ses capacités et de son apport multiplicateur au développement.
Nous nourrissons la même ambition en ce qui concerne notre jeunesse.
Notre politique vise à doter nos jeunes d'un enseignement de qualité, à lutter contre le chômage à travers, notamment, des dispositifs incitatifs et d'accompagnement dans la création de petites unités de production de biens et de services. Elle vise à combattre les maux dont souffre une frange de la jeunesse, tels que la délinquance juvénile, la consommation et le trafic des stupéfiants. Il nous faut, pour cela, remédier aux effets de la déperdition scolaire, à travers la multiplication d'opportunités de formations professionnelles.
Monsieur le Président,
Mes chers collègues,
Je ne voudrais pas abuser de votre attention en ajoutant à ces quelques commentaires mes réflexions sur les différentes réformes que nous avons engagées, notamment en ce qui concerne le système judiciaire, le système éducatif et le fonctionnement des institutions de l'Etat. Le rapport d'auto-évaluation aussi bien que celui présenté aujourd'hui par le panel donnent à leur sujet toutes les informations que vous pourriez souhaiter, et, en en signalant les réussites ou les imperfections, ils nous permettront de réajuster notre démarche et de pouvoir offrir une expérience qui pourra leur être utile aux autres pays africains.
Il n'est pas possible d'aborder, dans le cadre de cette brève intervention, l'ensemble des observations et propositions pertinentes formulées par le panel dans son rapport.
Mais, je voudrais dire combien nous nous félicitons de nous être soumis à cette évaluation par le Mécanisme. Cela nous a, d'abord, conduits à faire nous-mêmes notre propre évaluation et à établir ainsi un bilan de notre action et des politiques que nous avons initiées dans tous les domaines. Cela a donné lieu à une concertation à laquelle ont pris part, à la fois, la société civile, l'université et de nombreux cadres de différentes disciplines. Le rapport du panel a enrichi nos propres observations et nous conduira à prendre de nouvelles mesures pour nous acheminer vers une meilleure prise en charge des besoins et des aspirations de notre peuple. Nous accueillons avec la même bonne grâce aussi bien les appréciations positives qui nous encouragent dans nos efforts que les critiques que nous savons de bonne foi et qui nous inciteront à améliorer notre gouvernance et nos performances. Je tiens, en conclusion, à réitérer mes félicitations à Madame Savane et à son équipe pour la haute qualité du travail réalisé et à vous assurer de l'entière disponibilité de mon pays à approfondir et à développer ce dialogue sur la gouvernance.
Le Pèlerin