
Sise au centre de la Mitidja et entièrement décalée vers son sud, El Affroun se situe aussi sur la route qui traverse l’Atlas pour déboucher sur la vallée du Chéliff. De cette position, elle domine et surveille les routes antiques reliant Sufazar (Blida) à Cesarae (Cherchell) et la voie romaine de l’oued Djer au Chéliff par Miliana et Appidium Novum (Affreville). Point de passage obligatoire au sud des marécages du lac Halloula, aujourd’hui asséché, et de la Mitidja, ce tronçon de route a, pendant la période ottomane, été le lieu des attaques que livraient les montagnards, encadrés par les Turcs, aux caravanes et aux voyageurs mal gardés, ainsi qu’aux paysans de la vallée. D’ailleurs, telle est l’origine du nom El Affroun, qui signifierait «les combats», d’où est issue la légende du brigand Affroun, fils du démon Aa’frit, qui surgit de la brousse avec des intentions malveillante de bandit de grands chemins. Ce nom de lieu, transmis jusqu’à nous, évoque le vol, le pillage, le viol et le rapt des femmes, les razzias des troupeaux, l’incendie des habitations, la torture et le meurtre des hommes qui osaient défendre leurs familles ou leurs maigres moyens de subsistance contre les brigands; un nom qui raconte un pan de notre histoire que l’on veut rarement admettre bien qu’il se rapporte à une période ottomane dont on sait que le «beylik» s’occupait de la collecte des impôts sans se soucier de la vie et de la sécurité des citoyens.
De 1848 à la fin du XXe siècle, l’histoire d’El Affroun est parsemée d’épisodes douloureux pour la plupart des villages de colonisation de la Mitidja. Arrivés dans des territoires infestés de paludisme, les colons eurent à lutter contre le typhus, le choléra et la dysenterie endémiques. Ces pionniers de la colonisation agricole de 1848-1849, puis les déportés de 1850 et les colons libres des années suivantes ont progressivement transformé un marécage infernal en un paradis, non sans être passés par de terribles épidémies, des tremblements de terre qui transformaient le fruit du labeur en ruines, et ces nuages de sauterelles qui s’abattaient sur les récoltes, apportant avec elles famine et typhus. Les premiers colons de 1848 à 1870 ont eu le dessus sur la Mitidja, mais ils n’auraient pas réussi sans l’aide des Algériens dont ils avaient parfois réquisitionné les terres pour les transformer en ouvriers.
Quand l’industrie du crin végétal fut introduite à El Affroun en 1869, elle apporta un certain bien-être, avec des salaires fixes pour les ouvriers qui virent s’améliorer leurs conditions de vie. Puis ce fut le tour de la viticulture, ensuite du tabac, deux cultures riches et sociales, d’apporter un peu plus d’aisance et la richesse pour les grands propriétaires. A El Affroun, les associations agricoles ont joué un rôle important dans la promotion de ces activités économiques en utilisant la coopération comme moyen d’action, laquelle coopération tendait à faire bénéficier la population entière de la prospérité, et les fellahs et travailleurs musulmans n’étaient pas exclus.
Point de passage obligé vers Oran, El Affroun connaît un certain essor, où le commerce tient une place importante.
Source Tassili
Le Pèlerin