La Côte de Bou-Ismail polluée
Des produits chimiques déversés dans la mer
La frustration et l’amertume ont pris place chez les habitants de la coquette commune côtière de Bou-Ismail. L’été 2007 ne sera pas identique à celui qu’ils ont l’habitude de passer avec leurs familles, leurs amis et proches.
Les industriels venus en force investir dans cette localité à vocation agricole ont renvoyé aux calendes grecques le respect de l’environnement. Une clause pourtant mentionnée dans le dossier présenté aux autorités lors de l’ouverture des unités de production au même titre que le risque sur les personnes. Du coup, c’est l’environnement et les gens qui trinquent.
Dans la journée d’hier, le boulevard front de mer autrefois animé et vivant aux rythmes de la saison estivale, n’est qu’une allée vidée de son monde laissant place aux curieux venus constater de visu les retombées de la pollution sur la grande bleue.
La contamination du rivage de Bou-Ismail datant depuis une année, a connu son apogée depuis un mois lorsque les services du bureau communal d’hygiène ont soulevé l’existence de métaux lourds. La provenance de ces polluants est la zone industrielle de Bou-Ismail aménagée à seulement trois kilomètres de la côte. Une entorse à la réglementation qui stipule que toute zone industrielle doit être installée à une vingtaine de kilomètres de la mer afin de pouvoir contrôler tout déversement à temps.
Pour parer à cette pollution, les autorités locales en concert avec la commission des installations de la wilaya ont établi des PV et des mises en demeure à l’encontre des industriels incriminés notamment, Tera Céramique, Ballaouane Hippocampe et l’unité Ouarsenis du groupe Tonic Emballage qui utilisent une panoplie de produits chimiques afin qu’ils aménagent des bassins de décantation et des stations d’épuration. Comme ils ont procédé à la fermeture de la plage et interdit la baignade, la pêche et la plongée sous-marine. Des plaques mises en évidence rappellent que le dangers est là et est bien réel. L’odeur de pourri émanant de l’eau à la couleur gris souris atteste aussi de l’ampleur des dégâts. Car les dommages collatéraux sont évidents.
M. Mecharikh Toufik, ingénieur en environnement au sein du bureau d’hygiène communal, déplore cette situation qui «a fait fuir les oursins, les poulpes et ôter aux Bou-Ismailis leur passe-temps favori : la pêche et la plongée sous- marine». Il affirmera que la contamination est si importante qu’il faut déployer des moyens colossaux pour y venir à bout. «Nos tentatives d’amasser les déchets manuellement ont été vaines», fera-t-il remarquer.
L'écœurement et la désolation se lisent aussi sur le visage de ammi Hadouche. «Durant cet été, j’ai pris une seule fois mes enfants à la plage, l’odeur de pourri et le risque des infections cutanées ont eu raison de moi d’autant plus que mes moyens ne me permettent pas un déplacement pour ailleurs».
Les habitants du quartier Boughedour Abdelkader à trois mètres de la mer sont outrés par ce qu’il leur arrive et craignent pour leur santé. «Ils nous est impossible de demeurer dans nos habitations, les émanations nauséabondes gênent notre quotidien, ceci, en plus des maux de tête dont souffre la plupart des locataires des cités avoisinantes».
Au niveau du dispensaire de la commune «Mouloud Ferguène», l’inquiétude commence à faire son apparition devant la présentation de cas d’infection cutanée et de diarrhées principalement, chez les enfants après consommation de produits de la mer. D’après le personnel rencontré sur place, une dame s’est présentée avec des lésions cutanées dues probablement à la mer et à ce qu’elle renferme comme impuretés.
Car, en dépit des recommandations des responsables locaux, la tentation de la mer est plus forte et des personnes insouciantes s’adonnent encore à la pêche. Dans l’attente de colmater la brèche des déversements polluants, les habitants de la commune de Bou-Ismail observent la mer de loin et écoutent les bruits des vagues en attendant un été meilleur.
Source Horizons
Le Pèlerin