Le secteur de la culture, en Algérie, a longtemps fait figure de parent pauvre. Et de fait, il est démuni au regard du budget qui lui est alloué et au vu de l’ampleur de ses missions. Car c’est un secteur qui ne peut pas être une entité bureaucratique et repliée sur elle-même, car alors les budgets les plus colossaux ne serviraient à rien. C’est la vision stratégique qui fait la part des choses, car il s’agit de savoir quel rôle assigne l’Etat à la culture tant sur le plan national que dans les liens du pays avec le monde. A quoi servirait-il de disposer de fonds illimités si c’est pour les dilapider gratuitement sans que cela ne bénéficie à l’Algérie en termes d’image de marque ? Le problème réside assez largement dans le fait que l’Etat ne peut pas être juge et partie de la problématique culturelle. Au-delà de ses missions de régulation, la puissance publique – dans un contexte de marché – ne peut pas s’investir comme l’un des acteurs des activités ainsi régulées, c’est-à-dire s’impliquer dans la production culturelle. Sans doute est-ce aussi le rôle qui peut être assigné à des opérateurs publics ou privés qui ont à prendre le risque de financer l’activité culturelle en amont et en aval. Construire des enceintes pour le cinéma, le théâtre, ou la musique ne devrait plus relever de la seule responsabilité de l’Etat qui, par contre, a la prérogative de définir le cadre juridique et réglementaire de l’activité culturelle dont la nature est d’une grande diversité. Il y a lieu de baliser le terrain législatif pour que des promoteurs soient en mesure de bâtir les complexes cinématographiques dont l’Algérie a besoin, sans préjudice pour la pérennité d’un musée du cinéma qui est à la charge de l’Etat, car lui seul a les capacités de diffusion culturelle sur une grande échelle sans en demander la contrepartie du profit. Mais l’initiative privée est encore très timorée sur le terrain de l’investissement dans la culture, car depuis l’indépendance du pays, c’est la logique de l’Etat-mécène qui a toujours prévalu et le réflexe a toujours consisté à s’en remettre à la manne de l’argent public pour impulser l’action culturelle, y compris lorsque l’entrée dans l’économie de marché avait réduit la part du tout-Etat dans la problématique culturelle. Il est évident aujourd’hui que chaque sou compte et doit être utilisé à bon escient pour que le fait culturel retrouve toute sa plénitude dans le pays et qu’il donne de l’Algérie la meilleure image : celle d’une société qui assume l’esprit d’ouverture sur le monde et ne redoute pas les défis de la modernité et de l’invention. Cette dimension ne se mesure pas, à la taille d’un Etat, à l’aune de la rentabilité ou du profit, mais à son affirmation dans le concert des Nations et de l’universalité .
Source El Watan
Le Pèlerin