Après le scandale de l’enseignante terrorisée par ses élèves révélé par liberté
Rigueur disciplinaire et prise en charge psychologique
Le ministre de l’Éducation compte dans ce cadre mettre en place des équipes de psychologues qui seront chargées du suivi des élèves. Des cantines scolaires seront mises à leur disposition à titre gracieux. Et, sans doute le maillon fort de ce dispositif, doter ces établissements d’ordinateurs de façon à leur offrir une alternative aux cybercafés du quartier où ils se connectent sur les sites djihadistes. Ce sont là donc là les grands axes de la démarche que les pouvoirs publics comptent mettre en œuvre pour faire barrage à la menace intégriste qui pèsent sur certains lycées, notamment dans les quartiers populaires comme Bourouba d’où est issu le kamikaze qui s’est fait exploser dans la caserne de Dellys. Si l’école à une part de responsabilité dans le regain de ce phénomène, elle n’est pas la seule, selon le ministre de l’Éducation qui met le doigt sur un autre point fondamental, à savoir le rôle des parents. Ils sont démissionnaires, selon lui, et n’assument pas leur part de responsabilité dans la prise en charge de l’enfant. D’où de son point de vue la nécessité d’une articulation plus efficace entre parents et administration scolaire. Outre ce problème lié à une nouvelle poussée d’intégrisme dans l’institution scolaire, le ministre de l’Éducation a évoqué un autre dossier qui est au cœur de l’actualité nationale, à savoir la nouvelle grille des salaires. D’emblée, le ministre de l’Éducation précise qu’il s’agit d’une grille nationale, c'est-à-dire une grille qui touche tous les fonctionnaires. Mais selon lui, les enseignants en seront les principaux bénéficiaires. M. Benbouzid persiste à dire que cette grille “est une révolution”. En fait, les enseignants auront une augmentation générale et une autre augmentation qui découlera de l’application du statut particulier, lequel va privilégier le diplôme. Le ministre de l’Éducation s’est, à ce propos, félicité du dialogue engagé avec les partenaires syndicaux qu’il a eu à rencontrer il y a deux semaines. Au passage, il rappelle qu’il n’a jamais été question de suppression de postes budgétaires dans les lycées, bien au contraire.
C’est là une précision par rapport à ce qui a été rapporté dans la presse, sur la foi des propos tenus par le responsable du CLA lors du dernier rassemblement devant la Direction de l’éducation du centre d’Alger. Tout en reconnaissant que les salaires dans le secteur de l’enseignement ne sont pas à la hauteur de ce qu’ils auraient dû être, Benbouzid estime qu’avec les augmentations successives obtenues ces dernières années, les enseignants ont quasiment réussi “à doubler” leurs salaires.
Autre point : la réforme. Selon lui 80% des recommandations de la commission Benzaghou appliquées, comme en témoigne le travail des commissions d’évaluation. Une application qui se fait avec des ajustements et de la rectification apportée en cours de route. Cependant Benbouzid, contrairement à ses prédécesseurs, veut éviter de tomber dans le piège de l’idéologie qui a miné l’école. Seul le pragmatisme, la performance et l’efficacité comptent pour lui quand il s’agit de faire des évaluations. Et c’est dans cet esprit qu’un travail avec le ministre de l’Enseignement supérieur est en train d’être mené au sujet de l’enseignement des matières scientifiques. En partant du fait qu’au niveau des grandes écoles et de l’université algériennes, les matières scientifiques sont enseignées en français, il n’est pas exclu que l’on opte pour cette langue comme cela se faisait par le passé. Il s’agira en fait, à travers cette option, si elle venait à être retenue, de mettre un terme à une forme de déperdition. C’est-à-dire qu’il existe de nombreux élèves qui font des études brillantes dans les filières scientifiques en arabe dans les lycées, mais une fois à l’université, ils n’arrivent plus à suivre, à cause de l’obstacle de la langue et finissent par opter pour des filières littéraires en désespoir de cause, où carrément abandonner avec les frustrations qu’une telle situation génère. Loin de toutes considérations idéologiques, Benbouzid et son collègue Harraoubia veulent remédier à cette situation, conséquente d’une politique d’arabisation irréfléchie. D’ailleurs, dans les nouveaux manuels de mathématiques, les symboles sont en caractère latin et des annexes de terminologie y figurent aussi. Une manière de familiariser déjà l’élève à lire de droite à gauche et le préparer ainsi aux études universitaires où dans les filières scientifiques, c’est la langue de Descartes qui est en usage. Comme cela se fait chez nos voisins marocains et tunisiens où la bataille d’arrière-garde des langues n’a jamais eu lieu.