L’Algérie face à son avenir
La soumission
Les Algériens prient. Les mosquées sont pleines, de jeunes et de vieux, d’hommes et de femmes, de petites filles en hijab et de garçons en baskets.
Les Algériens prient donc beaucoup, partout, tout le temps. Mais pourquoi prient-ils ? Pour un avenir meilleur, un Etat plus fort, une société plus conservatrice ou mieux contrôlée ? Prient-ils pour l’amélioration de leur vie ou pour la paix dans le monde ? Pour aller au Paradis une fois mort ou pour y vivre de son vivant ? Si l’on ne peut répondre avec exactitude, on peut rappeler qu’on ne construit pas une nation uniquement par la prière. Cette attitude s’appelle la soumission, concept mystique qui consiste à reléguer son destin entre d’autres mains, celles de Dieu en l’occurrence.
La soumission est un abandon de volonté au profit d’une volonté supérieure, celle de Dieu chargé de régler les problèmes de la Terre et de Bouteflika chargé de régler ceux de l’Algérie. La soumission est une rupture avec l’ordre terrestre, un arrêt du processus électoral par détournement du champ de bataille des possibilités.
10 ans après octobre, n’ayant plus le cœur à se battre, à revendiquer ou à manifester leur mécontentement, les Algériens prient. Le front par terre, les mains vers le haut.
57 ans après l’indépendance, les Algériens se sont soumis.
Aux muftis et aux religieux, au dirigisme algérien et ses tares, à l’ordre mondial et ses dommages, et à la tradition, inoxydable. Tout le monde y trouve son compte, les dirigeants dirigent tout seuls et les dirigés prient un Dieu qui n’est pas élu au suffrage universel.
Les deux catégories ne se croiseront plus jamais.
Source Chawki Amari (El Watan)
Le Pèlerin