Le projet d’In Salah prend enfin forme
Tamanrasset ou l’enjeu de l’eau
Véritable plaque tournante de la contrebande et de l’immigration clandestine, Tamanrasset est devenue, ces dernières années, une ville cosmopolite où se côtoient une cinquantaine de nationalités et où cohabitent les 48 wilayas de l’Algérie.
Située à plus de 2 000 km au sud d’Alger, cette wilaya de l’extrême Sud algérien a longtemps vécu sous le poids de l’enclavement et de l’isolement, ce qui a grandement favorisé la création de flux migratoires. Les habitants de la capitale de l’Ahaggar évoluent dans un environnement socio-économique défavorable et précaire et attendent impatiemment la concrétisation de nombreux projets ambitieux devant désenclaver cette wilaya qui demeure pauvre malgré les importantes potentialités notamment touristiques qu’elle recèle. La population souffre de nombreux fléaux sociaux.
Des fléaux qui avaient déjà poussé les jeunes Touareg à sortir dans la rue pour crier leur colère et leur mal-vivre. En juillet 2005, des émeutes générées par la précarité, le malaise social, le chômage et les distributions de logements jugées inégales avaient, en effet, éclaté et leur souvenir demeure indélébile pour la jeunesse qui espère plus que tout que les promesses des nouveaux élus ne resteront pas lettre morte comme les précédentes. Tamanrasset a, en effet, bénéficié ces dernières années de plans de développement du Grand Sud de 2001 et de 2005 et de nombreux autres projets de développement local. L’un des projets de première importance très attendu par les habitants qui souffrent de l’épineux problème de pénurie d’eau est le lancement du projet de In Salah de transfert d’eau qui devra alimenter la wilaya de Tamanrasset. S’étendant sur 750 km (en double voie), le projet de In Salah coûtera environ 1,2 milliard de dollars et couvrira toute la ville de Tamanrasset. Il permettra ainsi de transférer 1 000 000 m3 par jour.
Pour les habitants de la capitale du Hoggar, une région qui manque cruellement de cette source de vie qu’est l’eau, ce projet d’envergure, premier du genre en Afrique, mettra définitivement un terme à la pénible préoccupation de l’eau qui se pose avec acuité, les obligeant à acheter cette denrée précieuse à 700 dinars la citerne de 3 000 litres. Outre le problème de l’eau, la population souffre de la montée dramatique du phénomène du chômage qui officiellement atteint le taux de 17,11% dans la commune de Tamanrasset, en plus de l’absence criante des infrastructures de loisirs et de distraction.
La cherté de la vie est également soulevée par la population qui se plaint de payer les fruits et légumes le double de leur prix en raison du coût de leur acheminement.
Considérée comme une ville à vocation touristique et commerciale, Tamanrasset est un pôle touristique incontestable et un produit phare dans le tourisme saharien, ayant une place incontournable dans la stratégie de promotion de ce secteur stratégique. Les régions du Sud, dont Tamanrasset, ont, en effet, connu une affluence record de plus de 12 000 touristes étrangers au dernier trimestre de l’année 2007, soit une hausse de 20% par rapport à la même période de l’année 2006. Le ministère de l’Environnement et du Tourisme accorde une attention particulière à la relance du tourisme saharien. Avec toutes ses particularités, ses paysages lunaires, ses sites archéologiques et historiques incommensurables, dont le tombeau de Tin Hinan, reine des Touareg, l’Assekrem, la capitale du Hoggar a la part du lion dans la nouvelle stratégie de promotion du tourisme. Destination de prédilection, Tamanrasset a abrité de nombreuses manifestations culturelles et scientifiques, ce qui a permis de joindre l’utile à l’agréable et de faire connaître les richesses et les vestiges archéologiques dont elle regorge, ressources indéniables pour l’économie du pays. La capitale du Hoggar a donc une double vocation touristique et commerciale et le développement de ces deux volets sortirait certainement la wilaya de son enclavement.
Source La Tribune
Le Pèlerin