Tamanrasset
La capitale du Hoggar retrouve sa vocation

Ces dernières années, Tamanrasset est devenue La Mecque des touristes étrangers, un lieu de pèlerinage pour les amateurs des couchers de soleil et de la beauté des dunes. A l’occasion des fêtes de fin d’année, la capitale du Hoggar a accueilli une centaine de touristes européens venus réveillonner au milieu du désert, loin du brouhaha des mégapoles européennes. Tam, lundi 31 décembre. Tôt le matin, la ville grouille de monde, quoiqu’il fasse très froid. A quelque 2000 km d’Alger, la capitale du Hoggar s’est parée de tous ses atours. La rue commerçante, qui traverse le centre ville, est prise d’assaut par des touristes. Ces derniers flânent et achètent, qui des chaînes d’argent, qui des effets vestimentaires propres au sud. En attendant le grand départ vers les sites touristiques, l’Assekrem notamment, les hôtes de Tam ne laissent rien au hasard. Ils se ravitaillent en denrées alimentaires, viatique indispensable dans ce genre de safari. A travers les ruelles de la ville, ils affichent une mine débonnaire, spécialement ceux qui ont mis les pieds céans pour la première fois de leur vie. «C’est agréable.
Franchement, on ne savait pas que cette région est une merveille. C’est par l’intermédiaire d’un ami algérien que nous avons décidé de venir ici. Nous reviendrons sûrement l’année prochaine», nous lance un groupe d’Italiens dans un français approximatif. La splendeur des paysages, la beauté des sites visités et le calme du désert ont émerveillé les hôtes de Tamanrasset. Jacquet, sexagénaire, est un habitué des lieux. On l’a rencontré à Tam-ville. Avec son fils, il vadrouille à travers les dédales de la cité.
Il a séjourné plusieurs fois dans le sud algérien. «Je n’ai pas remis les pieds ici depuis au moins une quinzaine d’années, mais mon amour pour cette région n’a pas changé d’un iota. Je porte le désert dans mes veines. Je suis un amoureux fou des dunes et de tout ce qui est beau. Dans les années 80, je venais régulièrement à Tamanrasset, qui est à mes yeux la meilleure région du monde. A chacune de mes visites, je suis émerveillé. Cette région regorge de merveilleux sites et paysages. Comme je connais très bien la région, il m’arrive souvent d’accompagner les touristes français qui viennent pour la première fois à Tam», dira-t-il. Pour ce qui est de l’insécurité, spectre brandi outre-mer, Jacquet, en Breton qu’il est, dira de go que «je n’ai aucune appréhension et le problème sécuritaire ne se pose pas pour moi.
Je vous étonnerai peut-être en vous disant que j’ai beaucoup plus peur à Paris qu’à Alger.» Une réponse qui tranche avec les qu’on-dira-t-on. Outre la paix revenue, un facteur qui a encouragé les touristes étrangers à venir visiter notre pays, l’hospitalité des Algériens a joué un rôle primordial dans cet afflux. Jacquet a tenu absolument à témoigner sur les qualités des Algériens et l’accueil chaleureux qu’ils réservent aux étrangers. «Une fois, j’étais à l’aéroport d’Alger, et je devais prendre un taxi. Je ne connaissais pas alors comment il fallait m’y prendre. J’ai demandé des renseignements auprès d’un buraliste.
Quelle fut grande ma surprise lorsque celui-ci a carrément fermé sa boutique afin de me m’accompagner jusqu’à la station de taxis. Je n’ai jamais rencontré un homme avec autant de gentillesse, moi qui ai pourtant visité plus d’une trentaine de pays. C’est un geste sublime que je n’oublierai jamais, et qui prouve que le peuple algérien est digne.» Son fils, Martin, qui n’arrête pas de scruter les bijouteries du coin, est particulièrement charmé par la beauté enchanteresse des dunes et le coucher du soleil en plein désert. Fausse note : les touristes ont déploré les retards enregistrés dans les vols.
9307 Touristes en 2007
S’il est vrai que la beauté de la région est pour beaucoup dans ce regain d’intérêt de l’activité touristique à Tamanrasset, il est non moins vrai que la politique prônée par la direction du tourisme de la wilaya a permis aux intervenants dans le secteur d’améliorer les prestations de services dans une activité qui promet un avenir radieux dans le sud algérien en général et à Tamanrasset en particulier. Le directeur par intérim de la direction du tourisme de la wilaya éponyme, Ami Hamou Mohamed, a indiqué que grâce au travail qu’ont accompli les différentes agences de voyages de la wilaya, 9307 touristes ont visité Tam en 2007, alors qu’ils étaient 9141 à le faire en 2006, tandis qu’en 2005, le nombre de touristes n’a été que de 7443.
Plus de 10 milliards de centimes ont été engrangés par l’activité touristique, et 9307 emplois ont été également crées. La haute saison touristique, indiquera-t-il, commence vers le mois de janvier. Pour ce qui est des sites, Ami Hamou Mohamed fera remarquer que les touristes, notamment les Européens, préfèrent se rendre à l’Assekrem, Tagrira (une région réputée par ses gravures rupestres), Tahagart (région est) et le Tassili.
Une Politique du Tourisme
Sachant qu’hormis une politique bien définie permet à l’activité touristique de prendre son essor, et partant, l’éclosion d’une activité commerciale, les responsables de la direction du tourisme de la wilaya de Tamanrasset ont pris la décision d’aider les investisseurs potentiels dans le domaine touristique et ce, en les exonérant de la TVA. Ainsi, et avec des facilités parafiscales, il serait plus aisé aux intéressés d’injecter leur argent dans un secteur jusque-là peu exploité. Cette politique d’encouragement, faut-il le souligner, a permis à deux investisseurs privés de construire deux grands hôtels, l’année écoulée, et qui pourraient être classés. D’une capacité de 94 lits chacun, ces infrastructures hôtelières concourront, non seulement à recevoir les invités de la région dans de bonnes conditions, mais elles sont aussi créatrices de postes de travail qui bénéficieront aux jeunes de la wilaya. Deux projets, auxquels une cagnotte de 10 millions de dinars a été allouée, sont en cours de réalisation. Les travaux avancent normalement. D’une capacité de 65 lits, ces deux campings seront, sauf impondérables, réceptionnés prochainement. De même qu’il est question de la construction de complexes touristiques -122 lits au total- dont le coût d’investissement avoisine 33 millions de dinars. Les autorités concernées par le tourisme ont innové. Contrairement aux années précédentes où il fallait toute beaucoup de paperasse pour ouvrir une agence de voyages, à partir de cette année, il faudrait, pour tout prétendant, disposer uniquement un diplôme en la matière et une année d’expérience dans l’activité touristique. Pour ce qui est des prévisions, le responsable de la direction du tourisme par intérim fera savoir que pour 2008, «nous atteindrons 12 000 touristes, grâce essentiellement au travail des deux agences de voyages étatiques, Tahat et l’Onat, qui font un travail de publicité et de vulgarisation à l’étranger à travers des salons internationaux notamment». C’est dire que le tourisme commence à occuper la place qui lui revient de droit.
Source La Tribune
Le Pèlerin