L’Algérie ne sera jamais un Etat taliban
Nicolas ne veut pas «d’un Etat taliban en Algérie». Il n’est certainement pas le seul, en ce sens que c’est l’ardent souhait de la majorité des Algériens.
De telles professions de foi ont, très souvent, si ce n’est régulièrement, été faites par de nombreux chefs d’Etat étrangers. Respect du protocole oblige. Dans la réalité, l’intention n’a jamais été suivie d’effet.
Toutefois, s’il y a une chose qui ne peut pas être reprochée à Nicolas Sarkozy, c’est sans nul doute son franc-parler, la formulation stricto sensu de ses pensées et leur concrétisation a posteriori, même si elles sous-tendent en premier lieu l’intérêt de son pays.
Et le meilleur moyen d’entretenir cet intérêt, c’est d’avoir sur les bords de la Méditerranée un voisinage serein. Or, l’Algérie fournit, ou n’arrête pas de fournir au monde entier, le désir de son peuple et de ses dirigeants de se tenir en dehors des turbulences imputées à l’instrumentalisation de l’Islam. Elle en a de tout temps apporté la preuve et continue d’en apporter en luttant résolument contre la récupération de la religion par des fanatiques, payant encore et toujours un tribut à ceux que les nations de l’Occident appellent les taliban et qui, en fait, ne sont que des individus affiliés au grand banditisme ou affidés de barons de tout… en Algérie.
Le président français, avec sa conviction sincère à soutenir Abdelaziz Bouteflika, retourne les questions jusqu’à gêner ceux qui les posent : «Vous me reprochez pourquoi je soutiens le régime de M. Bouteflika ? Eh bien, je vous le dis clairement, je ne veux pas d’un gouvernement de taliban en Algérie.»
Partant de l’évidence du principe que l’Algérie et les Algériens se refusent à capituler par usure devant les porteurs de dogmes d’un autre âge, Nicolas Sarkozy ne se pose pas en sauveur absolu d’un pays demeuré seul durant plus de quinze ans à faire face à une politique violente de la terre brûlée menée par des «enfants» de l’Algérie et qui n’en sont pas en réalité parce qu’instruments ou victimes d’éléments nationaux occultes relayés à l’étranger par des Etats à la réputation galvaudée de pays frères. La France socialiste faisait partie du lot, au point où le pouvoir mitterrandien ne s’en gênait pas outre-mesure, jusqu’à entretenir l’amalgame sur la nature du conflit interne qui laminait notre pays.
Les propos tenus par l’actuel locataire de l’Elysée pourraient toutefois être remis dans leur contexte, compte tenu de son art de dialecticien, en ce sens que si l’Algérie n’est pas tombée dans «l’ordre taliban» au moment où elle était réellement en danger, ce n’est très certainement pas aujourd’hui qu’elle risque de devenir un «Etat taliban».
Néanmoins, comme tout en politique n’est pas dit pour rien, il y a lieu effectivement de s’interroger sur la nature de la question et des tenants et des aboutissants l’ayant suscitée. Toutes les spéculations restent permises en ce sens. N’importe quel raisonnement arbitraire trouverait son compte pour peu que les services diplomatiques de part et d’autre aient de forts signaux qui conduiraient à déduire la persistance d’un acharnement venant de l’extérieur du pays et visant à déstabiliser l’Algérie.
En tout état de cause, qu’ils soient politiques ou politiciens, les propos du président français ont le mérite de baliser les relations algéro- françaises pour un bail dont la durée est appréciable… sauf rodomontade de l’un ou de l’autre côté, des cas de figure toutefois tombés dans la banalité, eu égard à la solidité des liens d’amitié qui lient Nicolas Sarkozy et Abdelaziz Bouteflika mais aussi l’Algérie à la France.
Source la Tribune
Le Pèlerin