Les Terroristes atomisés et isolés
«Le terrorisme a encore frappé.» Ce sont là quelques mots à travers lesquels chacun pourra y aller de sa propre interprétation.
Soit en amplifiant sciemment ou inconsciemment le risque sécuritaire, soit en déduisant tout simplement qu’il s’agit quelque part, même si la formule consacrée pourrait paraître éculée, «des derniers soubresauts de la bête qui se meurt».
Il s’avère toutefois que c’est sans nul doute la stricte réalité. C’est parce qu’ils sont acculés dans leurs derniers retranchements que les terroristes ou du moins des individus qui assument ce statut pour des raisons et des objectifs qui, en vérité, sont souvent loin de répondre à un quelconque idéal, s’acharnent à frapper ici et là en prenant dorénavant pour cible tout ce qui représenterait ou symboliserait l’Etat. Ce faisant, il y a lieu de constater que les terroristes, leurs commanditaires et affidés semblent avoir fait le choix de prendre un virage à 180° en ne prenant plus pour objectif les populations mais plutôt les éléments relevant des symboles précédemment évoqués. Ainsi, comme dans le but de rompre avec ce qui était allègrement qualifié de terrorisme aveugle par les analystes en raison des dommages réputés collatéraux, parce que décimant une partie des populations, les illuminés cherchent vraisemblablement à changer de stratégie, ciblant tout élément symbolisant l’Etat de droit… considérant s’absoudre de fait et d’autorité de leurs actes dès lors que leurs victimes appartiendraient à l’autre camp.
Le choix de la bipolarisation d’un «conflit» a cela de ridicule qu’il ne convainc plus personne ni ici ni ailleurs. Il ne fédérera pas comme il n’a jamais fédéré les Algériens autour d’une sombre idéologie et encore moins d’un projet dont la caractéristique est qu’il ramènerait la société à l’époque médiévale.
L’attentat de mardi dernier ne peut qu’être déploré, condamné et dénoncé compte tenu de ses conséquences. Et des attentats il y en aura encore, est-il besoin de se voiler la face.
Le ministre de l’Intérieur, appelant à la vigilance, n’a eu cesse de le rappeler à chaque fois. Cela étant, il ne s’agit pas d’un aveu de faiblesse ou d’une attitude fataliste mais tout simplement de l’amer constat d’un phénomène qui n’est pas à mettre sur le compte de l’impuissance de l’Etat algérien ou de l’incapacité de ses institutions à y faire face, sinon comment expliquer le net recul du terrorisme dans le pays, mais d’une réalité qui, pour l’avoir été bien avant dans certaines parties de la planète et qui l’est aujourd’hui dans d’autres, ne nous est pas spécifique. Alors quels que soient les moyens consentis par l’Etat pour lutter contre le terrorisme, ils s’avèreront insuffisants, comme ils l’ont été et le sont aux Etats-Unis, en Espagne, en France, en Angleterre, en Asie… l’effet de surprise des groupes rebelles prenant le pas sur toute forme intelligente et/ou organisée d’une lutte entrant dans le cadre d’un conflit conventionnel.
En tout état de cause l’hallali a sonné pour des terroristes qui en sont à se décimer entre eux pour une question de leadership, partage de butin, pour éliminer ceux qui, ces derniers temps, ont des velléités de reddition ou encore ceux qui ont élevé la voix pour dénoncer le recours aux attentats suicides (kamikazes) et parfois la nature même du combat…
un combat douteux.
Source La Tribune
Le Pèlerin