Le Plateau de Beille (3/3)
8. Les mammifères
L'observation directe des mammifères est difficile et aléatoire d'autant que la plupart des espèces sont nocturnes, mais tes nombreuses traces et indices qu'ils laissent permettent de réaliser des observations intéressantes. C'est sur la neige, véritable livre, que l'on fera les plus spectaculaires.
8.1 Les insectivores
Deux espèces de musaraignes sont présentes sur le plateau : ce sont les musaraignes pygmée et carrelet. Le Desman des Pyrénées, étrange mammifère semi-aquatique des cours d'eau pyrénéens n'est pas connu du plateau de Beille et sa présence y est peu probable ; toutefois, il peuple tous les ruisseaux et lacs de la montagne environnante et il n'est pas possible de ne pas l'évoquer. En effet, c'est une espèce endémique des Pyrénées et du quart nord-ouest de la Péninsule Ibérique où il peuple les torrents et lacs jusqu'à plus 2500 m. Son extrême spécialisation à la vie semi aquatique et en particulier son régime alimentaire presque exclusivement composé de larves de trichoptères (portes bois) des eaux courantes en fait le meilleur symbole de la qualité de l'ea 8.2 Les rongeurs
Animal forestier, l'écureuil n'est présent que dans la pinède où ses densités sont faibles et très fluctuantes. C'est avec le bec-croisé et les autres espèces de rongeurs le principal consommateur des graines du pin à crochets ; comme l'oiseau, il décortique les cônes, mais il pratique de manière très différente et il est aisé de reconnaître les cônes dont les graines ont été consommées par l'une ou par l'autre espèce. Au moins quatre espèces de rongeurs sont présentes ici. Ce sont le mulot sylvestre, les campagnols agreste, des champs et des neiges et enfin le rat taupier, qui est à l'origine des taupinières que l'on observera un peu partout où le sol est profond.
8.3 Les carnivores
La martre est l'espèce la plus abondante ici et ses traces et crottes déposées sur le chemin sont omniprésentes. La belette et l'hermine sont également présentes.
Le chat sauvage est présent dans le massif, mais il n'a, semble-t-il jamais fait l'objet d'observation sur le plateau. Animal forestier, il est particulièrement discret.
Ces quatre espèces sont difficiles à observer et à moins d'une rencontre fortuite, il faudra se contenter de rechercher leurs traces et crottes.
Au siècle dernier, la montagne était le royaume de l'ours et jusque dans les années quatre vingt des indices de sa présence ont été notés dans le secteur. Il a aujourd'hui totalement disparu ; le milieu est potentiellement très favorable à cette espèce mythique et sa présence future reposera sur sa réintroduction qui pour être effective devra surmonter bien des réticences locales. Le renard est omniprésent et il n'est pas rare de pouvoir l'observer en plein jour ; c'est au printemps lors de la fonte de la neige qu'il est le plus facile à observer tout occupé qu'il est à chasser les rongeurs.
8.4 Les ongulés
Le chevreuil atteint sa limite altitudinale supérieure et s'il est bien présent ses densités sont faibles. Le sanglier est omniprésent; ses traces et "boutis" sont faciles à observer. C'est au printemps qu'il manifeste activement sa tendance "fouisseuse" en explorant méthodiquement la terre sous les bouses et les crottins à la recherche de verre de terre et de larves d'insectes particulièrement abondantes.
Quant à l'Isard, forme pyrénéenne du chamois, il est rare sur le plateau et peu abondant dans l'ensemble du massif ; ce n'est qu'en hiver et au printemps que l'on pourra avoir la chance de le rencontrer. La principale raison de cette faible densité semble être une gestion cynégétique mal adaptée et qui, jusqu'à ces dernières années était pour le moins basée sur le cours terme. La création récente d'un Groupement d'Intérêt Cynégétique devrait permettre la mise en place d'une meilleure gestion de la faune sauvage du massif. Enfin, le lièvre semble être rare ici où pourtant le milieu est favorable.
9. Activités humaines
La nature que vous découvrez a été modelée par l'homme ; le pastoralisme et l'exploitation forestière qui a connu son apogée au siècle dernier avec la fabrication de charbon de bois pour les forges à la catalane de la vallée de l'Ariège, ont fait reculer la forêt. L'arrêt de l'exploitation de la forêt, puis depuis quelques décennies la diminution de la pression pastorale permet à la forêt de recoloniser lentement le terrain perdu. Aujourd'hui, ce sont de nouvelles activités qui se développent sur le plateau. Tout d'abord l'implantation de la station de ski qui marque profondément le paysage ; puis le développement d'un tourisme nature auquel le sentier vous invite à participer, sans oublier la chasse qui joue un rôle important dans la gestion des espèces "gibiers", grand tétras et isard en particulier. Enfin, plus discrètes mais tout aussi présentes, sont l'apiculture, la cueillette des champignons ou des myrtilles, la gestion forestière
Utilisation pastorale du plateau
Le plateau de Beille est une zone de pâturage d'été utilisée en deux estives. L'une, l'estive de Pech Verdun, est gérée par un groupement pastoral. Ce groupement réuni 6 éleveurs des communes de Pech et de Verdun, mais également des éleveurs "extérieurs" du Couserans. Les terrains sont loués aux communes de Pech, Verdun et Albiès. La seconde estive est, elle, gérée directement par le Syndicat des propriétaires indivis de Vèbre, Urs et Lassur. Le troupeau de bovins est composé d'animaux appartenant à des éleveurs locaux, ainsi que d'animaux originaires de la vallée de l'Ariège et du Couserans.
Les principaux produits de ces élevages sont des broutards de 6-8 mois, lis naissent de février à avril, montent en estive avec leur mère puis sont vendus en septembre octobre. La vacherie est composée de quelques 400 vaches allaitantes en majorité de race gasconne. Depuis la Serre à Pech, ou la vallée de Lassur, de 1000 m d'altitude pour les quartiers de printemps et d'automne, jusqu'aux hauteurs du plateau de Beille, du Prat Moll ou de (a Tose à 2000 m pour les périodes les plus chaudes de l'été, le troupeau collectif est conduit par le pâtre du groupement pastoral. Sur les crêtes (es plus hautes, on rencontrera également un troupeau des 600 brebis de race tarasconnaise.Une quarantaine de chevaux de la race locale Mérens pacagent librement sur l'ensemble des parcours.
Chacun des troupeaux bovins est gardé par un vacher qui assure la surveillance des animaux et de leur état sanitaire ; il les conduit de quartier en quartier (biais) afin qu'ils trouvent chaque jour de quoi satisfaire leus besoins alimentaires.
L'univers de ces pâturages d'estive est très hétérogène : on y trouve en effet une mosaïque de pelouses de qualité fourragère variable, de landes à bruyère, callune, genévrier ou rhododendron plus ou moins riche ou fermées situées sur des zones à topographie, altitude et exposition très variées.
L'art du vacher est de déplacer judicieusement le troupeau de manière à obtenir à la fois un bon état des animaux et le maintien de la qualité pastorale des pâturages.
Observer le temps qu'il fait ou qu'il fera, l'état de l'herbage, le comportement des animaux, jouer avec leurs rythmes et leurs déplacements naturels, prendre les décisions sur les circuits à enprunter, influencer le comportement naturel du troupeau en jouant d'artifices (zones à sel, abreuvoirs), déplacer ou regrouper le troupeau pour les besoins des éleveurs, etc. tels sont les savoir-faire du vacher.
L'utilisation pastorale des estives contribue grandement à façonner les paysages qui l’entourent. Elle est donc à la fois usagère et productrice du site, de sa diversité, de ses couleurs.
A tout instant et en chaque lieu, le promeneur se trouve en présence d'éléments de ce système pastoral, produit d'un équilibre fragile et dynamique. Chaque zone de pelouses est par exemple à un moment donné un centre stratégique par rapport à la conduite du troupeau. Chaque équipement s'inscrit dans une série de pratiques et d'interventions techniques permises par le pâtre.
S'il apprécie le site, ses paysages et son ambiance vivante et accueillante, grâce à la présence des hommes et des animaux, le promeneur ne peut en retour qu'en ressentir un profond respect.
Source Point Information de « Les Cabannes »
Le Pèlerin