Ariège Pyrénées - La Frontière sauvage
Le Pic d'Aneto
«Le plus beau royaume sous le soleil» d'après Onésime Reclus. Pirèn, terme ariégeois qui signalait autrefois les pâtures des cimes, serait à l'origine du nom des Pyrénées. Depuis les douces collines du Piémont jusqu'aux sommets des crêtes frontalières, l'Ariège offre une grande variété de paysages. Plusieurs centaines de lacs, des cirques glacières suspendus d'où dégringolent de somptueuses cascades ; des vallées perdues, parcourues par des torrents impétueux, ponctuées de hameaux, de granges, de cabanes de pierre sèches (les orris) ; d'anciennes terrasses agricoles recolonisées par la forêt que l'on atteint au moyen de vieux chemins empierrés. La variété des roches et des formes de relief a fait de cette région une formidable mosaïque à l'infinie richesse : l'étang Fourcat (à 2445 m) dans son écrin rouge de gneiss ferrugineux, le Pic Rouge de Bassiès au paysage lunaire et décharné, les impressionnants escarpements calcaires du Quié de Lujat dominant de 900 m la vallée de l'Ariège ; enfin les premiers 3000 depuis la mer bleue, le Pic de Montcalm à 3077 m et le Pic d'Estats à 3145 m.
Une riche forêt de feuillus couvre les trois quarts des régions boisées offrant leurs somptueuses couleurs en automne. Les conifères ne manquent pas non plus d'intérêt avec la forêt royale de Peyre, «forêt fossile» issue des périodes glaciaires et la forêt de Bélesta, à seulement 100 km de la mer. Les chênes verts et la lavande colonisent les versants calcaires ensoleillés, également propices aux orchidées. Plus en altitude, bruyères, myrtilles, genêts et rhododendrons colorent des pans entiers de montagne dès le début de l'été. Sans oublier les nombreuses plantes endémiques, dont parmi les plus belles, le lis des Pyrénées et la ramondie des Pyrénées. Plus haut, les névés du Pic d'Estats fondent lentement sous le soleil de l'été alors que le minuscule et moribond glacier d'Arcouzan du Mont Vallier (2838m) reste une relique des temps passés.
La réserve nationale de faune d'Orlu s'insère dans un vaste ensemble de zones protégées de 12 000 ha qui s'étend de l'Ariège aux Pyrénées Orientales. On peut y surprendre la course gracieuse de l'isard qui atteint ici sa plus forte densité, ainsi que le jeu des marmottes brutalement interrompu par un sifflement strident au passage de l'aigle royal. Plus haut dans le ciel, un couple de gypaète barbu de près de 3 m d'envergure cherche des ascendants en quête de quelques ossements.

A l'extrémité orientale du département, le Donezan est isolé du reste de l'Ariège tout l'hiver. Les nombreux lacs disséminés parmi d'immenses forêts d'où émergent quelques rares villages, offrent un paysage très spécifique qui rappelle le Canada, ce qui lui vaut le surnom de Québec ariégeois. Pour parfaire cette similitude, parmi les trois ours de Slovénie réintroduits dans les Pyrénées centrales, deux ont élu domicile dans ces contrées sauvages. Sans doute plus facile à approcher, le Mérens, un petit cheval noir qui porte le nom d'un village de la Haute Ariège, présente une troublante similitude avec son ancêtre qui orne les parois les plus reculées de la grotte de Niaux, depuis quelques 13 000 ans.
Région de transition entre le climat océanique et méditerranéen, le premier domine à l'Ouest, fortement arrosé, le second à l'Est, plus sec, le tout influencé par un climat montagnard : «Le souffle de l'océan, l'ombre de la montagne et la caresse de la Méditerranée».

On ne peut parler de l'Ariège sans mentionner le catharisme apparut vers l'an mil et qui conquit rapidement la région. Cette doctrine qui prônait un retour à la pureté originelle du christianisme fut bientôt condamnée par la papauté qui déclencha une croisade contre les Cathares en 1209. Juché sur un escarpement rocheux, le château de Montségur, forteresse sanctuaire du catharisme, dût se rendre en 1244 après dix mois de siège ; 225 personnes refusant de renier leur foi périrent dans un gigantesque bûcher. Célèbre inquisiteur, l'ariégeois Jacques Fournier fut pape en Avignon en 1334 sous le nom de Benoit XII. Seul survivant de cette époque, la citadelle de Foix, fièrement dressée sur son impressionnant piton, ne dût sa survie qu'au triste privilège d'être transformée en prison par Richelieu qui démantela toutes les autres places fortes de la région.
Cette terre de métissage aux influences multiples et à l'histoire tumultueuse, à l'infinie variété du paysage et des nuances climatiques, reste une terre de prédilection pour celui qui veut découvrir et photographier les richesses de son patrimoine au fil des saisons.
Source Office de Tourisme d’Ax les Thermes
Le Pèlerin