Le Château de Foix à travers les ages (1/6)
1. Des origines du Château de Foix
A tout seigneur, tout honneur. Le château de Foix, le seul qui ait échappé à une destruction totale, campe fièrement ses trois tours magnifiques au sommet de ce colossal rocher qui, comme un bouclier, semble vouloir verrouiller le vallon de l’Arget et interdire l’accès de cet éden noyé dans une débauche de vertes frondaisons qui se nomme La Barguillère.
Sur ce roc s’est installée de bonne heure une dynastie de comtes dont les premiers représentants furent bien modestes, mais dont les descendants réussirent à absorber les puissantes maisons de Béarn et d’Albret, et à asseoir sur le trône de France le dernier comte de Foix, Henri de Navarre.
Il est certain que par sa position, ce château a constitué un solide point d’appui pour la défense de la vallée et du pays environnant. Les tours de Foix sont les restes, fort bien conservés, d’une place forte renommée qui eut à soutenir des assauts répétés. C’est, après la Cité de Carcassonne, le plus important et le plus curieux spécimen de l’architecture militaire du moyen âge.
Il est à présumer que cette forteresse remplaça quelque fort romain, ou castellum, lequel aurait succédé lui-même à des fortifications, plus ou moins importantes, érigées au sommet du rocher avant l’arrivée des Romains: César semble le confirmer dans ses «Commentaires» lorsqu’il déclare que son lieutenant Crassus, se heurtant ici aux Sotiates, en 58 avant J.-C., ces derniers se réfugièrent vers l’oppidum, ou ville fortifiée, de Foix, et s’y retranchèrent.
Quoi qu’il en soit de cette opinion, controversée par les uns, farouchement défendue par les autres, la date de la construction du château au moyen âge est quelque peu imprécise, mais le nom de Foix, fuxum, est mentionné pour la première fois dans un texte de l’an 507, à propos du martyre de saint Volusien : le corps de ce dernier, mutilé entre Foix et Varilhes, fut déposé dans un oratoire, lequel était alors érigé à remplacement de l’actuelle église de Saint-Volusien.
Le château proprement dit ne semble pas avoir déjà existé à cette date, la plupart des forteresses de la contrée, comme nous le verrons souvent à propos de chacune d’elles, ayant été édifiées après la mort de Charlemagne et à partir de la seconde moitié du ix* siècle. Cependant, nous savons, d’après une charte de l’an 867, que l’abbaye de Saint-Volusien, toute proche du roc, était déjà protégée, à cette époque, par des fortifications qui pouvaient constituer une première ébauche de la forteresse.
L’histoire du château ne commence qu’avec celle de la dynastie comtale, mais on peut affirmer que ce château fut construit dans le courant du Xème siècle, et sans nul doute avant 982. En effet, à cette date le pays de Foix était compris dans les vastes domaines de Roger 1er de Carcassonne, dit Roger le vieux, en raison du grand âge qu’il atteignit. Il était issu de la puissante famille des comtes de Comminges, et il devint possesseur des comtés de Carcassonne et de Razès, ainsi que du Sabarthez (ou haute vallée de l’Ariège), par son mariage avec l’unique héritière de ces domaines. Dans son testament qu’il fit en 1002, ce Roger 1er de Carcassonne partagea ses possessions entre ses trois fils dont l’un, Roger Bernard, reçut les pays de la région de Foix, dont le castrum est expressément désigné. Or, on relève dans les annales de Foix que ce même Roger le Vieux fit, en 982, un voyage à Rome, à l’issue duquel il eut un différend avec Guillaume Taillefer, comte de Toulouse, au sujet de l’érection de la terre de Foix en seigneurie, ce qui laisse supposer que le château devait déjà exister. De plus, les bénédictins auteurs de « L’Histoire du Languedoc », analysant le testament de Roger 1er Vieux, déclarent que « l’union de ces divers pays (de la contrée de Foix) donna l’origine du comté de Foix, origine qu’il faut prendre, non pas de ce que ce domaine avait le titre de comté lui-même... mais de ce que le château de Foix en était le chef-lieu... »
Le château ne fut pas construit entièrement au sommet du rocher, comme on serait tenté de le croire, mais sur ses flancs, près de l’actuel Palais de Justice. Les trois tours qui se campent fièrement au faîte, furent édifiées plus tard. Sur les pentes du roc, à l’est, au nord et à l’ouest, étaient des postes d’observation dont la base portait des meurtrières s’ouvrant entre deux bancs de pierre du côté de la ville. Ces avant-postes étaient reliés à une muraille d’enceinte en courtine hérissée de créneaux. Au-dessous des créneaux, des trous carrés, percés de distance en distance, recevaient des hourds sur lesquels, en cas de guerre, on dressait une sorte de galerie couverte. Ce mur circulaire défendait la plate-forme où se dressent aujourd’hui les tours. Celles-ci sont au nombre de trois.
A suivre
Source : l’Ariège et ses Châteaux féodaux (éditions Résonances)
Suite : Les différentes composantes du Château de Foix
Le Pèlerin