Voyage au cœur des Zibans :
Le jour où Biskra a failli devenir un port sur mer
Un projet totalement fou ! Une mer au nord du Sahara allant de Gabès jusqu'au cœur des Zibans.
Une utopie dont on trouve le récit dans le dernier livre de Jules Verne publié, de son vivant, en 1905. Une œuvre gigantesque qui avait passionné, durant la deuxième moitié du XIXe siècle, la société savante, la classe politique, le gouvernement, le monde des affaires, mais qui finit par se noyer elle-même dans les sables du Sahara.
C'était un projet totalement fou ! Créer une mer au nord du Sahara en creusant un canal allant de Gabès, dans le Sud tunisien, jusqu’à Biskra. Cette idée, qui avait défrayé la chronique en 1990 lorsqu’elle fut médiatisée par le président d’un parti, aujourd’hui noyé par l’oubli, était en fait un très vieux projet colonial.
Elle fut émise pour la première fois par Georges Lavigne dans un article paru en 1869 à Paris dans la Revue moderne sous le titre «Le percement de l’isthme de Gabès». L’auteur avait alors proposé, ni plus ni moins, d’inonder le désert par le biais d’un canal dix fois plus court que celui de Suez.
«Le Sahara, dit-il, c’est le cancer qui ronge l’Afrique ; puisqu’on ne peut pas le guérir, il faut le noyer». Ce coup de gueule avait été publié quelques jours après l’inauguration par l’impératrice Eugénie, le 17 novembre 1869, du Canal de Suez, qui avait nécessité dix ans de travaux pharaoniques.
C’était l’ère de la démesure. Une mer intérieure en Afrique du Nord ne pouvait donc que susciter la fièvre dans les milieux savants de l’époque. Pendant une décennie, les débats firent rage parmi les techniciens et les érudits. Et l’on s’était mis aussitôt à éplucher les ouvrages anciens et à fouiller les sols.
Source La Nouvelle République
Le Pèlerin