Elle a été empêchée hier de tenir son rassemblement devant le palais du gouvernement
L’Intersyndicale de la fonction publique pourrait aller vers une grève illimitée
«Halte à la misère», «halte à la répression», «sauvez la fonction publique», «préservons la dignité de l’enseignant, formateur des générations»… scandaient hier quelque 200 cadres délégués et autres membres de l’Intersyndicale de la fonction publique, venus tenir un sit-in devant le palais du gouvernement.
Un sit-in empêché par les forces de l’ordre, déployées autour des accès qui mènent au palais. Frustrés par cette action, pourtant prévisible, de nombreux travailleurs parmi les manifestants ont appelé à une grève illimitée. «Il faut appeler à une grève illimitée. C’est la seule solution. Et qu’ils assument les conséquences !» clament-ils. «C’est à la base de décider, nous ne sommes que les représentants. Nous devons revenir à nos bases respectives pour décider des actions à entreprendre», déclare à haute voix M. Larbi Nouar, porte-parole du CNAPEST (Conseil national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique). «Force unie», répliquent les manifestants. En effet, très tôt hier matin -avant même l’arrivée des manifestants- la présence policière était fortement visible, de la Grande Poste jusqu’à la salle Ibn Khaldoun, voire dans les endroits les plus retirés. Un fait qui n’a pas manqué de susciter des interrogations chez les passants : «Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi tous ces policiers ? et avec des matraques !» «Nous nous attendions à cette réaction. C’est pour cela que nous nous sommes donné rendez-vous à la Grande Poste», affirment des délégués syndicaux, bien décidés à porter la voix de leur base. Les policiers, eux aussi, en tenue et en civil, étaient bien décidés à empêcher les manifestants d’approcher du palais du gouvernement. Ce qui les a amenés à user de toutes leurs forces pour dissuader les manifestants de poursuivre leur chemin vers l’endroit désigné, repoussant, bousculant, insultant et frappant même les plus récalcitrants, dont un représentant du SNAPAP (Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique) dans la wilaya de Boumerdès.
Les manifestants se sont alors dirigés vers les escaliers en contrebas de la salle Ibn Khaldoun et s’y sont regroupés, brandissant des slogans contre le mépris et la répression. Là encore, et sans surprise aucune, ils se retrouvent face à face avec les policiers qui ont complètement barré la route. «Le gouvernement aura à faire à la rue s’il continue de réagir ainsi avec les syndicats», soutient le représentant du CNAPEST. «C’est avec le mécontentement social que va négocier le gouvernement», déclare, de son côté, M. Idir Achour, membre du bureau national du CLA (Conseil des lycées d’Algérie). M. Salem Sadali, du SATEF (Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation), dénonce «le comportement irresponsable» de la chefferie du gouvernement : «Ils nous ont demandé de constituer une délégation pour déposer notre plate-forme de revendications. Nous sommes des négociateurs, non des facteurs. Nous sommes venus pour négocier.» Et d’ajouter : «Nos revendications sont bien connues. La plate-forme, nous l’avons déposée avec le préavis de grève le 2 février dernier.»
Pour rappel, l’Intersyndicale de la fonction publique, composée de sept organisations syndicales autonomes, ainsi que de la Coordination nationale des sections CNES qui a affirmé son adhésion dernièrement, se bat principalement pour «la préservation du pouvoir d’achat» et pour «faire participer les syndicats autonomes à l’élaboration des statuts particuliers et la révision du régime indemnitaire».
Source : La Tribune
Le Pèlerin