Témoignage de Marion Vidal-Bue et Nicole

Ajouter à cette lecture celle des trois livres de Marion Vidal-Bué. Et, pour un patrimoine plus large, l'ouvrage sur Abd-el-Tif, villa qui fut un équivalent algérien de la villa Médicis, livre diffusé par Gandini.
Chez des artistes qui construisent leur œuvre actuellement, l'identité intervient dans les choix, dans la thématique, dans les formes et les structures.

Ne pas laisser oublier des artistes importants et des œuvres majeures. Écrire pour poser des repères et des traces, c'est la démarche que revendique Marion Vidal Bue, née à Alger. Elle est l'auteur de trois ouvrages sur les peintres d'Algérie, Alger et ses peintres, L'Algérie des peintres, L'Algérie du Sud et ses peintres, éd. Paris Méditerranée.
Elle dit avoir écrit ces trois livres « pour faire un travail de mémoire, pour retrouver l’art pictural en Algérie pendant la période française (et faire prendre conscience de son importance), pour faire Ure ce patrimoine, ne pas le perdre. Travail de mémoire, la peinture faisant toujours appel à la mémoire, celle du peintre, et celle des gens pour lesquels il évoque des paysages, des scènes, connus »
Nicole Guiraud, du déracinement à l’écriture plastique
Parmi les créateurs, cette artiste est particulièrement à retenir, car son cheminement est un parcours assez exceptionnel.

Plasticienne, née à Alger (Birmandreïs), elle a vécu principalement à Francfort-sur-le-Main, en Allemagne, et un peu à Montpellier, où elle revient cependant. En Allemagne, donc, où elle est « une étrangère parmi d'autres», elle a pu remonter à la source des douleurs et des rages, et, en les exprimant, s'en délivrer aussi, évoluer «vers l'espoir, l'avenir, l'Algérie».
Nicole Guiraud est de ceux des exilés qui ont été blessés plus que doublement : par la guerre envahissant l'enfance, par la violence urbaine dont elle fut victime (elle a perdu un bras, enfant, dans l'attentat du Milk Bar d'Alger, en 1956), puis par l'exode qui recouvrait tout cela et ne le recouvrait pas (elle est partie en 1962).

Cassette vidéo d'un court-métrage. Dans ce film les objets sont porteurs de sens, pour dire les traumatismes et le difficile travail de réparation, qui transforme le regard.
C'est ainsi que l'œuvre Der koffer. La valise à la mer, court-métrage de Nicole Guiraud, Dicter Reifarth et Bert Schmidt, retrace son itinéraire, dit les chocs, l'exil et les douleurs, mais amorce la réparation du «cercle rompu».
En 2003, traversant dix années de créations, nous arrivons à une émission produite par la radio-télévision de la Hesse, « Séjour provisoire, une page d'histoire déchirée», titre en hommage au livre titré ainsi, comme accompagnement sonore de l'exposition «Installation provisoire». Le texte, écrit par l'artiste, est très beau. L'émission a été enregistrée. Le CD permet d'écouter un montage d'œuvres diverses.
Mots écrits, mots dits et création plastique : une œuvre se construit singulière, au sens de la singulière solitude de l'artiste, d'une démarche plastique particulière et qu'on sent nourrie de cette méditation sur le lieu, l'histoire, la souffrance causée par l'absurdité des passions négatives qui ne sont pas les siennes, les images entrées dans la conscience et qui la hantent.
Nicole Guiraud est cofondatrice, ave: d'autres, d'Inter-art Francfort, qui réunit des artistes du monde entier. Des rencontres ont lieu, comme celles entre artistes israéliens, palestiniens et francfortois en juillet 2003. Ainsi elle rejoint, comme le suggère Madeleine Gagnon, née au Québec, dans son livre sur les souffrances nées des violences et des guerres, « Anna Jeanne, Samia », une communauté « outrefrontières », pour laquelle il faut apprendre une « grammaire à la fois indigène et apatride».
A suivre…….
Nota : Ce texte tiré de l’œuvre ci-dessus indiquée est diffusé à des fins de vulgarisation de la culture Pied-Noir.
Que les auteurs en soient remerciés.
Votre serviteur un Pied-Noir d’Hussein-Dey se retrouve dans les propos de ce document.
Le Pèlerin