L'heure est plus que jamais à la mobilisation pour les défenseurs du parc national d'El-Kala où les engins de travaux publics sont, depuis un mois, à l'œuvre, et en dépit des promesses faites par le gouvernement, que le tracé de l'autoroute Est-Ouest allait être modifié. Le Comité pour la sauvegarde du parc national d'El-Kala (CSPNK) conforté par une pétition de plus de 12.000 signataires, estime, dans un nouveau communiqué daté du 15 février, que la réalisation, dans la partie centrale du parc, d'un tronçon de 20 km pour les besoins de l'autoroute Est-Ouest annonce, tout simplement, «un génocide écologique» pour plus de 2.000 espèces végétales et animales, dont certaines sont uniques dans toute la région méditerranéenne.
En décidant de créer un parc national à El-Kala, en 1983, l'Etat algérien a pris l'engagement d'y laisser l'avantage à la nature et à son épanouissement au titre de part d'héritage aux générations futures. C'est le statut de l'aire protégée. L'article 4 du décret présidentiel n°83-458 du 23/07/83 est, on ne peut plus clair: il interdit formellement le passage d'une route importante. «A l'avenir, ce décret présidentiel ne pourra plus être mis en avant pour sauvegarder ce qui peut l'être encore. C'est la voie ouverte à toutes les dérives», estime le CSPNK. Par cette violation de la loi et des engagements internationaux l'Algérie risque de tout compromettre en portant un coup fatal à la seule protection juridique du parc: son statut. Certes, au fil des ans, le parc national d'El-Kala a eu à subir des dégradations dont certaines sont extrêmement graves et probablement irréversibles, mais elles ne causeront pas, mêmes toutes réunies, autant de tort que le tronçon. «Nous citoyennes, citoyens, associations, scientifiques, étudiants, Algériens, nous nous élevons contre le massacre de ce fleuron de la nature de notre pays et celui de la biodiversité en Méditerranée», écrit le comité dans le communiqué rendu public, en ce début de semaine.
«Dans la pétition (www. sauvonsleparc.org) que nous adressons au président de la République, garant de l'application de la loi, nous demandons l'arrêt immédiat des travaux et la recherche d'un autre itinéraire comme promis par le ministre des Travaux publics, le 04 juillet 2007, lors de sa rencontre avec le collectif de scientifiques et des défenseurs de l'environnement», poursuit le CSPNK. Et d'ajouter: «nous ne sommes pas contre l'autoroute comme on cherche à le faire croire. Nous voulons, à la fois, l'autoroute et l'intégrité du parc. C'est possible. Il suffit de choisir parmi les tracés proposés, celui qui préserve le parc national en respectant la loi». Le comité pour la sauvegarde du parc national d'El-Kala estime, dans ce sens, qu'«une telle décision rehaussera le prestige du pays qui aura su allier la préservation d'une aire protégée et l'autoroute comme vecteur de développement». Le parc national d'El-Kala (PNEK) est, pour rappel, une aire protégée de 80.000 ha qui représente un des plus importants centres de biodiversité en Méditerranée. Il rassemble sur une superficie relativement peu étendue plusieurs écosystèmes typiques de cette région de la planète.
C'est le domaine du cerf de Barbarie, du lynx caracal, de l'hyène rayée, du renard roux ou doré, de la mangouste, de la genette, du chat sauvage, du porc-épic, du hérisson, de la loutre...
Autour des lacs et des cours d'eau qui les alimentent, dans les marécages et les sols détrempés, le chêne s'efface pour laisser la place à l'aulnaie, la forêt humide de nos contrées.
Le patrimoine du parc est impressionnant: 1.264 espèces végétales, le tiers de la flore d'Afrique du Nord, 878 espèces animales parmi lesquelles 37 mammifères dont 2 chiroptères et l'hypothétique phoque moine, en plus de 21 rapaces nicheurs dont l'aigle pêcheur et le faucon d'Eléonore, 70 espèces d'oiseaux d'eau dont le fuligule nyroca ou l'érismature à tête blanche, 9 oiseaux marins, une centaine de passereaux, des centaines de fleurs, d'orchidées, le nénuphar blanc, etc.
Tous ont besoin de ces habitats dans leur intégralité pour survivre et se reproduire naturellement.
Source: Le Quotidien d’Oran
Le Pèlerin