L’Algérie attend le contenu opérationnel de l’union pour la Méditerranée
Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a estimé, avant-hier à Bruxelles, que le projet français d’«union pour la Méditerranée» est une «proposition d’ouverture» à laquelle l’Algérie «adhère, mais elle (l’Algérie, NDLR) est obligée de constater qu’il n’y a pas encore de contenu tout à fait opérationnel à cette proposition».
Cette «observation» de M. Medelci intervient au moment où Sarkozy devra tenter demain, lors du sommet de l’UE, de rallier le reste des pays européens à son projet toujours controversé d’union pour la Méditerranée. L’Algérie se donne apparemment le temps jusqu’au premier sommet de cette union, prévu le 13 juillet prochain à Paris, pour «préciser» sa réaction et sa contribution à cette nouvelle entité. «Dans les prochaines semaines, en tout cas lors du sommet de juillet prochain, les choses vont se clarifier», prévoit M. Medelci qui s’exprimait au cours d’une conférence de presse tenue avant-hier soir à Bruxelles, au terme du troisième conseil d’association UE-Algérie.
Le chef de la diplomatie algérienne qui s’est félicité que l’UE se soit saisie de ce projet dit, toutefois, attendre que «les choses se clarifient du point de vue du nord de la Méditerranée». Dès lors que ces clarifications seront apportées, «les pays de la rive Sud, dont l’Algérie en tant que pays méditerranéen mais aussi en tant que membre de l’UMA (Union du Maghreb arabe), préciseront leur réaction et leur contribution».
Le ministre des Affaires étrangères voit dans l’initiative chère à Sarkozy deux valeurs ajoutées par rapport au processus de Barcelone. Si ce processus gère des accords bilatéraux, le projet d’union pour la Méditerranée «donnera plus de poids à des projets communs à plusieurs pays des deux rives de la Méditerranée», a-t-il argué.
Quant au second avantage, il concerne, selon Medelci, les flux financiers de soutien à ces projets. Le volume des financements de ces projets seront plus importants, «pas obligatoirement grâce aux fonds européens, mais grâce aussi à l’association du secteur privé, des banques et du système financier international ainsi que des capitaux qui cherchent à être employés», a expliqué l’ex-ministre des Finances.
Un projet qui perd le nord
Mais il se trouve que beaucoup d’Etats européens s’interrogent, justement, sur le financement de ces projets. En effet, si le processus de Barcelone, lancé en 1995, bute en particulier contre l’opposition entre Israël et les pays arabes, les Européens estiment que celle-ci pourrait peut-être dépassée par une union méditerranéenne faite de projets concrets, comme la dépollution de la Méditerranée. Toutefois, sans l’accord unanime des Etats membres, aucun fonds européen ne pourra être utilisé. C’est ce à quoi s’attellera, dès demain, le président Sarkozy. Cependant, «c’est (le financement des projets) la pomme de discorde, et je pense que Sarkozy n’arrivera pas à persuader ses partenaires sur ce point», prédit Rosa Balfour, analyste à l’European Policy Center, un centre de réflexion bruxellois, citée par l’AFP.
Après avoir dû réviser ses ambitions à la baisse pour contenter l’Allemagne, Nicolas Sarkozy devra faire, lors du sommet de demain – première discussion à 27 sur ce projet –, d’autres concessions pour espérer rallier le reste des pays de l’UE à son projet.
La Grande-Bretagne et les pays nordiques «ne sont pas très contents du projet», selon Rosa Balfour, alors que la Grèce, la Slovaquie ou la Slovénie, qui préside l’UE jusqu’en juin, sont réservées. Ces pays s’opposent à une structure semblant exclure les pays européens non riverains de la Méditerranée. La semaine dernière, un accord franco-allemand a été trouvé au sujet de ce projet.
«On a trouvé un compromis autour de
cette union pour la Méditerranée que nous voulons tous les deux et qui n’exclura personne», avait assuré le président français, alors que la chancelière allemande, Angela Merkel, avait tenu à souligner que l’Allemagne est «d’accord pour que ce soit un projet de l’Union européenne».
Source el Watan
Le Pèlerin