Les syndicats autonomes non satisfaits
des dernières augmentations de salaire
Les syndicats autonomes de la fonction publique rejettent les dernières augmentations de salaire décidées par le gouvernement avec l’approbation totale de l’UGTA. Ils estiment qu’elles sont en deçà des attentes des travailleurs et appellent donc à leur révision : «Elles sont insuffisantes. Dérisoires. Ce n’est pas ce qu’ils nous ont promis», s’insurge le porte-parole de la Coordination des syndicats autonomes de la fonction publique (CSAFP), le Dr Lyes Merabet, lors d’une conférence de presse tenue, hier, au siège du SNTE (Syndicat national des travailleurs de l’éducation) à Alger. La coordination relève une série d’«aberrations» concernant ces augmentations. Selon son porte-parole, le prix réel du point indiciaire est loin des 45 DA annoncés : «Nous sommes loin des 45 DA.» Faisant le parallèle avec les autres fonctionnaires de l’Etat, nommés par décret, un autre membre de la coordination fait remarquer que «la différence des salaires est très importante. Le minimum de ces augmentations pour ces fonctionnaires est de 20 000 DA. Que nos décideurs rendent publics les salaires de ces fonctionnaires ! Que M. Sidi Saïd et ses collaborateurs montrent leurs fiches de paie !» Un autre syndicaliste constate qu’avec ce nouveau changement, et contre toutes les attentes des travailleurs, les allocations familiales ont été réduites de moitié pour chaque enfant (de 600 à 300 DA). Même chose pour les primes de scolarisation de chaque enfant (de 800 à 400 DA). Et concernant particulièrement le corps des enseignants, un syndicaliste du secteur de l’éducation relève que l’IEP (indemnité d’expérience pédagogique), qui est de 2% du salaire de base, multipliés par le nombre d’échelons, «est calculée sur l’ancien salaire de base [18 700 DA] au lieu du nouveau [26 000 DA]». Les syndicats de la Coordination rappellent leur décision d’aller vers une grève nationale les 13 et 14 avril (dimanche et lundi), non sans réitérer leur appel au dialogue. Ils comptent, par la même occasion, envoyer une délégation à la chefferie du gouvernement et une autre à l’APN le deuxième jour de la protestation. La première pour remettre une «énième demande» pour le dialogue avec les syndicats autonomes et la seconde pour connaître les différentes positions des députés par rapport à «la crise sociale actuelle». D’autres actions vont suivre : «Nous sommes déjà en train de réfléchir à d’autres actions.» «Mystification», «mensonge», «surenchères», «diabolisation des syndicats autonomes» et «tentative de casser la dynamique syndicale» s’écrient, de leur côté, les membres de l’intersyndicale de la fonction publique. «Il y a une volonté manifeste de la part des pouvoirs publics et de l’UGTA de déstabiliser notre dynamique syndicale», commente M. Rachid Malawi, secrétaire général du SNAPAP qui affirme que ces augmentations ont été dispensées au maximum pour un travailleur cumulant 30 ans d’exercice. «Ces augmentations sont versées sous forme de rappel pour donner un effet de gonflement illusoire», explique-t-il. M. Ali Lemdani du CNAPEST qualifie de «manœuvre» le comportement de l’UGTA qui a rendu public le contenu de la grille des salaires, visant, selon lui, à freiner l’élan revendicatif des syndicats autonomes. Il estime que l’organisation de Sidi Saïd «veut encore court-circuiter le travail de ces mêmes syndicats autonomes».
Plus virulent, M. Lemdani assène : «L’UGTA joue l’usurpateur.» «On nous affuble de tous les qualificatifs agressifs. Est-ce possible d’être un preneur d’otages et un perturbateur, d’une part, et, d’autre part, un pédagogue et un éducateur ?» interroge-t-il. Commentant ces augmentations, il dira qu’elles sont insuffisantes, compte tenu du fait que le pouvoir d’achat connaît un «dérapage dangereux». M. Lemdani trouve kafkaïenne l’attitude du gouvernement qui prêche, officiellement, le dialogue et «nous dénie le droit de partenaire social». Pour ce syndicaliste, «en envoyant une circulaire à tous les lycées d’Algérie, pour dire que la grève des 13, 14 et 15 avril est illégale», les pouvoirs publics versent dans la «menace et la surenchère».
Convaincu, M. Lemdani affirme que les «fonctionnaires ne sont pas dupes et immunisés contre ce genre de pratiques d’un autre âge». Pour sa part, M. Mohamed Salem Sadali, secrétaire général du SATEF, considère que ces majorations dans les salaires constituent un «rattrapage salarial». «Ces salaires ne concernent que le travailleur en fin de carrière. Ils devraient pourtant être calculés sur le salaire d’un travailleur débutant», regrette-t-il. Et d’exiger : «Nous demandons une véritable augmentation en indexant le point indiciaire sur le pouvoir d’achat.» A souligner que plusieurs organisations syndicales internationales ont exprimé leur solidarité avec l’IAFP : l’Union syndicale solidaires, la Confédération du travail (France) et l’Organisation démocratique du travail (Maroc).
Source La Tribune
Le Pèlerin