Littérature. Le grand auteur Aimé Césaire
Entre la vie et la mort
L’île de la Martinique est plongée dans une profonde inquiétude suite à l’hospitalisation du géant de la littérature francophone Aimé Césaire à cause de complications cardiaques.
L’écrivain a été admis à l’hôpital de Fort-de-France vendredi dernier à l’âge de 94 ans. Son état est jugé « stable », mais très « préoccupant », selon l’avis de ses médecins. En France, le président Sarkozy, qui se prépare à se rendre en Martinique en cas de décès du poète, a indiqué que Paris organiserait des funérailles nationales pour rendre hommage à l’un des pères de la littérature dite de la « négritude ». Né dans une famille nombreuse et modeste en 1913, Aimé Césaire a longtemps été le compagnon de l’autre monument de la littérature francophone, le Sénégalais Léopold Sédar Senghor avec qui il a lutté contre le colonialisme, le racisme et la bêtise humaine. Au lycée français de la Martinique, il crée l’Etudiant noir, un journal qui lui sert de tribune pour élever la voix contre les injustices faites aux Antillais et aux Africains. Humaniste et à l’écoute des causes justes, il n’a cependant jamais revendiqué l’indépendance totale de la Martinique, mais a toujours plaidé pour une large autonomie administrative de l’île. Aimé Césaire s’est toujours élevé contre ceux qui pensent que l’homme noir est un être passif et incapable de prendre son destin en main et de laisser son empreinte dans le monde comme le fait l’homme blanc. Il a combattu le fatalisme et refusé les honneurs et les flashes médiatiques. En 1935, juste après son admission à l’Ecole nationale supérieure (ENS), il publie Les Cahiers d’un retour au pays natal qui sera suivi par un recueil de poésie de haute volée Les armes miraculeuses qui lui ouvre une voie royale dans le monde de la littérature universelle. Ecrivain et homme politique, Aimé Césaire a toujours manié aussi bien la plume que la parole. Sous la bannière du parti communiste français (PCF), il devient en 1945 maire puis député de Fort-de-France avant de créer son propre parti le parti progressiste martiniquais (PPM). Son objectif : combattre toujours et fort l’extrémisme et le colonialisme et soutenir le principe de l’autodétermination de tous les pays se trouvant sous le joug colonial. En 2005, il met fin à sa carrière de politicien de gauche suite à une succession de problèmes de santé. Entre les bancs de l’Assemblée et les planches du théâtre, il n’y avait qu’un pas à franchir pour Aimé Césaire. C’est d’ailleurs par amour du théâtre qu’il écrit en 1963 La Tragédie du roi Christophe, qui eut un grand succès en Europe et dans le monde. Il enchaîne sans attendre avec Une saison au Congo et La Tempête. Son Discours sur le colonialisme, publié dans les années cinquante sur les ravages du colonialisme a connu un succès retentissant. L’essai a été édité six fois et traduit dans une dizaine de langues. En Afrique, Aimé Césaire est adulé par les jeunes. Ils voient en lui le gardien d’une identité partagée et le défenseur d’une vie basée sur la dignité et le respect entre l’ensemble des peuples de la planète. Philosophe, humble, clairvoyant, anticolonial et génie littéraire et théâtral, Aimé Césaire, s’il venait à quitter ce monde, laissera un trésor intellectuel inestimable pour l’humanité et les générations futures. Une plume acérée et insaisissable au service de l’éternité…
Aimé Césaire – sa vie
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Bibliographie :
Cahier d'un retour au pays natal (poésie), in revue Volontés, Paris 1939 édité en 1947 par les éditions Bordas avec une préface d'André Breton écrite en 1943 les rééditions, depuis 1956, le furent par les éditions Présence Africaine.
Les Armes miraculeuses (poésie), Ed. Gallimard, Paris 1946 réédité en 1970 dans la collection de poche "Poésie" plusieurs poèmes avaient paru dans la revue Tropiques entre 1941 et 1944.
Soleil cou coupé (poésie), Ed. K., Paris 1948.
Corps perdu (poésie, illustrations de Picasso), Ed. Fragrance, Paris 1949.
Discours sur le colonialisme (essai), Ed. Réclame, Paris 1950 réédité par Présence Africaine en 1955, l'édition de 1973 est déjà la sixième.
Et les chiens se taisaient (théâtre), Ed. Présence Africaine, Paris 195 réédité en 1962 paru dès 1946 dans Les Armes miraculeuses, sous forme de poème.
Lettre à Maurice Thorez (essai), Ed. Présence Africaine, Paris 1956.
Ferrements (poésie), Ed. du Seuil, Paris 1960.
Toussaint Louverture (essai), Club Français du Livre, Paris 1960 réédité par Présence Africaine en 1962.
Cadastre (poésie), Ed. du Seuil, Paris 1961 version définitive et "résumée" des précédents Soleil cou coupé et Corps perdu.
La Tragédie du Roi Christophe (théâtre), Ed. Présence Africaine, Paris 1963 édition de poche en 1970.
Une saison au Congo (théâtre), Ed. du Seuil, Paris 1965 édition remaniée en 1967 édition du texte définitif : 1973.
Une tempête (théâtre), Ed. du Seuil, Paris 1969 avait paru en 1968, dans le n° 67 de la revue Présence Africaine.
Moi, laminaire (poésie), Ed. du Seuil, Paris 1982.
Source El Watan
Le Pèlerin