
«La prochaine fois, c'est la porte. » Devant les ministres et le bureau politique de l'UMP réunis hier à l'Élysée, Nicolas Sarkozy n'a pas mâché ses mots : « Il n'y aura pas de nouvel exemple » de couac sans sanction et celui ou celle qui manque à la solidarité gouvernementale devra sortir. C'est la dernière fois que j'accepte cela. François et moi estimons que ça suffit ! Je ne supporte plus que certains se fassent leur cote au détriment de l'équipe. On accepte les arbitrages et si on n'est pas content, on quitte le gouvernement. » Le Président n'a cité aucun nom, mais Nathalie Kosciusko-Morizet était principalement visée. Tibet, OGM, carte « famille nombreuse » : sur ces trois sujets sensibles, des ministres ont donné le sentiment de tirer chacun de leur côté. Aussi Sarkozy a tapé du poing sur la table alors que la majorité part à vau-l'eau depuis plusieurs semaines. « Le Président était très calme. Mais on sentait qu'il en avait discuté avec le Premier ministre » et que pour eux, c'en était « fini d'être gentils », a expliqué l'un des participants. Il faut dire que la cacophonie règne ces derniers temps et que les parlementaires ne cachent plus leur mécontentement devant les dysfonctionnements de l'équipe gouvernementale.
Hier la journée a été marquée par un nouveau couac concernant les allocations familiales (voir ci-dessous). Et comme si la coupe n'était pas pleine, Chantal Brunel, porte-parole de l'UMP, a apporté un cadeau sur un plateau à la gauche en questionnant, à l'Assemblée, le gouvernement sur sa politique fiscale.
Une sortie inattendue qui lui a valu une scène surréaliste : une standing ovation des députés de gauche qui s'estimaient confortés dans leurs propres critiques de la politique gouvernementale. En nommant, un de ses proches, Thierry Saussez, au poste de délégué interministériel à la communication, et en faisant la leçon à sa majorité, Sarkozy a voulu montrer qu'il était un patron qui ne tolérerait plus d'autres défaillances.
[QFORUM] Les ministres doivent-ils prendre la porte s'ils ne sont pas d'accord?
Nathalie Kosciusko-Morizet et les OGM. La jeune secrétaire d'Etat à l'Ecologie s'est emportée alors que la loi OGM du gouvernement avait été détricotée par les députés du Palais Bourbon. Énervée, NKM a traité Jean-Louis Borloo et Jean-François Copé de «lâches». Devant les remous provoqués dans les rangs de l'UMP François Fillon est intervenu en personne pour ramener le calme et lui a demandé de retirer ses propos. Aujourd'hui l'amendement Chassaigne, qui vise à protéger les cultures « sans OGM » risque d'être vidé de son sens.
Les lunettes de Roselyne Bachelot. La ministre de la Santé a mis le feu aux poudres en révélant son intention d'un possible désengagement de la Sécurité sociale pour le remboursement des soins optiques. Assurés et mutuelles sont montés au créneau le jour même dénonçant une privatisation de la Sécu. Même l'UMP a grincé des dents en demandant que la couverture par une mutuelle pour tous les Français soit un préalable. Face à la polémique, Roselyne Bachelot a dû reculer devant l'Assemblée nationale en précisant qu'elle «n'excluait pas un désengagement ».
Bernard Laporte et la flamme. Dans le dossier brûlant de la flamme olympique, le ministre de la Jeunesse et des Sports a joué les francs tireurs en soutenant la démarche des athlètes de porter le badge pour le Tibet en parlant de «geste fort» et de «plus belle des réponses». Mais après les manifestations à Paris sur le parcours de la flamme et sous la pression de la Chine, il estime que les valeurs de l'olympisme ont été bafouées.
Rama Yade et le Tibet. La secrétaire d'État aux Affaires étrangères a très vite confié que Nicolas Sarkozy se rendrait à la cérémonie d'ouverture «sous conditions». Bernard Kouchner a dû rectifier son propos auprès de l'ambassade de Chine.
Valérie Létard. La secrétaire d'état à la solidarité a déclaré hier qu'avec un ministre de tutelle comme Xavier Bertrand, il était «difficile d'exister». Ce dernier est détesté par Fillon et au moins la moitié des membres du gouvernement.
Eric Woerth. Le très sévère ministre du Budget a annoncé que l'Etat ne prendrait plus en charge la subvention de la carte familles nombreuses de la SNCF afin d'économiser 700 millions d'euros par an. Un véritable tollé des associations familiales, de l'opposition, de députés UMP et de la Secrétaire d'Etat Nadine Morano a vite fait reculer le locataire de Bercy. «Je ne suis pas rentrée au gouvernement pour laisser faire ça ! ». Nicolas Sarkozy a, une fois de plus, dû s'emparer du dossier en personne: il a annoncé le maintien d e la carte et même son extension aux familles monoparentales.
Source la dépêche du Midi
Le Pèlerin