Quand l'Algérie était française (6/6)
Certains Pied - Noirs n’aimeront pas….mais la vérité ne leur appartient pas car ceux qui ont fait la vie de l’Algérie n’étaient pas des adeptes de la violence.. L’extrémisme est la dernière des solutions…C’est parce que certains ont choisi cette voie que je suis là comme un damné à parler d’Algérie depuis la France, un pays certes accueillant mais loin de mes racines et de mes habitudes…
Dans sa proclamation qui suit la prise d'Alger et la reddition du dey, Mustapha Pacha, le général de Bourmont déclare, le 5 juillet 1830 : «Vingt jours ont suffi pour la destruction de cet Etat dont l'existence fatiguait l'Europe depuis trois siècles. » Depuis le XVe siècle, toutes les flottes occidentales ont en effet bombardé la ville afin que cessent les activités des pirates, fonds de commerce de la régence d'Alger, possession turque dont l'autorité sur les tribus arabes de l'arrière-pays n'est que très relative. C'est donc avec la bénédiction des puissances européennes-hormis l'Angleterre-que Charles X décide de conquérir Alger. Quinze ans après le congrès de Vienne, qui a ramené la France napoléonienne aux frontières de la Révolution, cette expédition doit lui permettre de reprendre sa place dans le monde, mais aussi de distraire une opposition intérieure de plus en plus vigoureuse. Elle doit aussi mettre fin à un contentieux qui remonte au Directoire, celui-ci n'ayant pas honoré une dette due à trois négociants algériens. La rupture intervient le 30 avril 1827, quand Mustapha Pacha soufflette d'un coup de chasse-mouches le consul Deval. Le 16 mai 1830, la flotte commandée par les amiraux Duperré et Rosamel appareille de Toulon. Le débarquement des 30 000 hommes a lieu le 14 juin à Sidi-Ferruch et l'attaque aboutit à la prise de la ville. La conquête peut commencer. Elle sera terrible.
Pour replacer la violence dans le contexte de l'époque, il faut souligner que tous les chefs militaires français (1) qui se succéderont en Algérie sont des vétérans des guerres napoléoniennes et ont pour point commun d'avoir longtemps servi en Espagne, où l'armée impériale a connu la pire des guerres, faite d'embuscades et de massacres, une campagne où est né le mot « guérilla ». « J'ai été assez heureux pour battre souvent les Espagnols, j'espère l'être encore suffisamment pour battre les Arabes en employant les mêmes moyens. » Le général Bugeaud, qui harangue ainsi ses troupes le 7 juin 1836, était à Madrid le 2 mai 1808, jour de l'insurrection espagnole, a participé à l'épouvantable siège de Saragosse, mais il a surtout pratiqué durant quatre ans la contre-guérilla en Aragon sous les ordres du maréchal Suchet. Il reprend donc en Algérie les méthodes employées contre les bandes espagnoles. Il allège l'équipement des soldats, utilise des équipages de mulets plutôt que de chariots, se débarrasse d'une artillerie inutile. Il crée ainsi des colonnes mobiles, rapides, bien renseignées, capables d'affronter le tourbillon des cavaliers arabes en leur opposant une solide puissance de feu.on recommencera à vivre entre hommes. C'est le pays qui veut ça. Une anisette ? »
Pour livrer ces combats sans pitié, il a fallu forger une nouvelle arme. Ce sera l'armée d'Afrique, et elle n'est pas composée d'enfants de choeur : Légion étrangère, créée en 1831, bataillons disciplinaires-les « zéphyrs »-, enfin, supplétifs comme les tirailleurs algériens, les zouaves ou encore les spahis. Les Arabes infligent pourtant de sérieuses défaites aux Français. Lors de la première expédition contre Constantine en 1836, l'armée de Clauzel doit battre en retraite avec de lourdes pertes dans la neige et le froid. L'année suivante, juste avant l'assaut final, les généraux Damrémont et Perrégaux y sont tués. La pacification est d'une dureté inouïe, une « Vendée musulmane ». « J'aurais dû servir chez les Turcs, écrit le lieutenant-colonel de Montagnac. Avec l'étonnante disposition que j'ai à tanner la peau humaine, j'aurais eu plus de chance à devenir un personnage dans ce pays. » Et d'ajouter : « Il faut anéantir tout ce qui ne rampera pas à nos pieds comme des chiens. » Un mauvais pli est pris. De 1830 à 1875, 7 469 soldats français meurent au combat et 110 161 dans les hôpitaux. Les pertes arabes ne seront jamais connues, même si certains historiens parlent de de plusieurs centaines de milliers de morts.
Fin
Dossier réalisé par François Malye
http://www.lepoint.fr/actualites-mon...e/924/0/247240
Le Pèlerin