Forages de pétrole offshore: «A court terme, l'impact sera nul sur la crise»
Mercredi, George W. Bush a demandé au Congrès de mettre fin à un moratoire en vigueur depuis 1981 sur les forages pétroliers offshore au large des côtes américaines et incité à en lancer d’autres dans l’Alaska. Pour trois raisons: accroître l’indépendance énergétique américaine, faire baisser le prix du baril de pétrole au moment où celui atteint les 130 dollars et soulager des consommateurs américains frappés de plein fouet par le prix de l’essence à la pompe. John McCain, le candidat du parti républicain, soutient cette mesure, toutefois sauf pour l’Alaska.
Vraie solution ou pure démagogie? James L. Williams, économiste spécialisé dans le secteur de l’énergie (WTRG economics) répond aux questions de 20minutes.fr
Les forages offshore et dans la réserve naturelle nationale de l’Arctique (Arctic national wildlife refuge, située dans le nord est de l’Alaska) préconisés par George W. Bush peuvent-ils avoir un impact sur les prix du pétrole, sur le marché comme à la pompe à essence?
A court terme, l’impact sera nul, sinon sur un plan psychologique, et encore. Il s’agit en revanche d’un investissement à long terme, significatif d’un point de vue stratégique: ce sont des mesures à prendre si vous voulez réduire votre dépendance aux importations de pétrole. Néanmoins, peu importe le volume de ces réserves, il faudra beaucoup de temps pour que ce pétrole soit disponible. Entre le moment où l’on autorise le forage et celui où l’on atteint ces réserves, il faut compter une dizaine d’années –en particulier pour les réserves situées dans les eaux profondes– puis entre cinq à dix ans pour bien développer leur exploitation.
Pourquoi autant de temps?
Cela s’explique par la dureté des environnements concernés: construire des pipelines dans un milieu hostile prend du temps, qu’il s’agisse de forages dans l’Alaska ou en eaux profondes. Dans ce dernier cas, il faut acheminer des tuyaux à 1.500 mètres de profondeur pour simplement atteindre le sol, avant de creuser 1.500 mètres de plus. D’un point de vue environnemental cependant, le forage offshore a peu d’impact. Il est beaucoup plus risqué d’importer du pétrole, parce que la possibilité d’une marée noire est nettement plus grande si vous le transportez dans des tankers.
De quels volumes de pétrole est-il question exactement?
Nous ne le savons pas. Seule certitude: il s’agit de volumes importants mais, faute d'investigation nécessaire, dans la mesure où l’industrie pétrolière n’a pas pu procéder à une exploration sismique –ce que l’on pourrait comparer à sonder de la pierre avec un sonar– nous n’avons pas une image précise des réserves de pétrole offshore.
Quelles sont les zones les plus prometteuses en termes de réserves pétrolières?
La réserve naturelle nationale de l’Arctique. Cette zone a une géologie similaire au Pôle nord. Comme il n’y a pas vraiment eu de prospection sismique, les estimations varient beaucoup, entre 500.000 barils et 1,5 million de barils par jour. Mais cela aussi prendra au moins dix ans avant que son pétrole ne soit disponible.
A court terme, les bénéfices des forages existants dans les eaux profondes du Golfe du Mexique devraient arriver à la fin de 2008 et au début de l’an prochain. Cela pourrait renverser la tendance au déclin de la production des puits américains.
source : AFP
Le Pèlerin