L'Union pour la Méditerranée naît après l'établissement de relations Syrie-Liban
Le président français Nicolas Sarkozy lance avec faste dimanche l'Union pour la Méditerranée (UPM), en présence de plus de 40 dirigeants mais avec une défection de taille, celle du roi du Maroc Mohammed VI qui sera remplacé par son frère, le prince Moulay Rachid.
Samedi, le chef de l'Etat français a annoncé l'ouverture prochaine, qu'il a qualifiée d'"historique", de relations diplomatiques entre la Syrie et le Liban, à l'issue d'un entretien avec leurs deux présidents Bachar al-Assad et Michel Sleimane.
Plus de 40 chefs d'Etat ou de gouvernement d'Europe et de la rive sud de la Méditerranée se réunissent dans le cadre majestueux du Grand Palais, au coeur de la capitale, pour une séance plénière de trois heures à partir de 15h30 (13h30 GMT) pour lancer l'UPM, un projet fondé sur des partenariats concrets comme la dépollution, mais dont l'avenir reste semé d'écueils, sera .
La présence du président syrien Bachar al-Assad, qui effectue à Paris son grand retour sur la scène internationale après des années d'isolement, va marquer ce sommet fondateur, auquel assistera aussi le Premier ministre israélien Ehud Olmert.
Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi boycotte le sommet fondateur de l'UPM, fustigeant un projet "effrayant". M. Sarkozy a enregistré samedi une autre défection de taille: le roi du Maroc Mohammed VI a fait savoir qu'il serait représenté par son frère, le prince Moulay Rachid.
Le sommet donnera naissance à une Union de 43 membres: les 27 de l'UE, dix pays du sud -Algérie, Egypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Mauritanie, Syrie, Tunisie et Turquie- et l'Autorité palestinienne, ainsi que l'Albanie, la Croatie, la Bosnie-Herzégovine, le Monténégro et Monaco.
Pour surmonter les réticences, l'UPM entend reposer sur des coopérations autour de thèmes concrets, comme la dépollution, l'énergie solaire ou la sécurité civile.
Le choix du siège de son secrétariat fait l'objet d'âpres discussions et devrait être remis à plus tard, Rabat, Tunis, La Valette, voire Barcelone étant sur les rangs.
D'ultimes discussions étaient aussi en cours samedi sur le projet de déclaration finale, notamment sur le passage mentionnant la situation au Proche Orient.
La France a dû largement amender son projet initial afin de l'élargir aux 27 pays de l'UE à la demande pressante de l'Allemagne. Elle a aussi dû surmonter les réticences de certains pays arabes, ainsi que de la Turquie, inquiète pour son adhésion à l'UE.
Plusieurs milliers de policiers ont été mobilisés pour assurer la sécurité du sommet, qui ne devrait pas donner lieu à la traditionnelle photo de famille.
A la veille de l'ouverture de ce sommet et du lancement de l'Union pour la Méditerranée, au terme d'un marathon diplomatique minutieusement réglé, Nicolas Sarkozy a lui-même annoncé devant la presse à l'Elysée que la Syrie et le Liban avaient décidé l'ouverture croisée d'ambassades, plus de soixante ans après leur indépendance.
"Je voudrais dire combien pour la France, c'est un progrès historique que la volonté du président Bachar al-Assad d'ouvrir une représentation diplomatique au Liban, et que le Liban ouvre une représentation diplomatique en Syrie", a déclaré Nicolas Sarkozy en présence de ses deux homologues et de l'émir du Qatar, Cheikh Hamad Bin Khalifa Al Thani.
Les présidents syrien et libanais ont confirmé la nouvelle. "Notre position est qu'il n'existe aucun problème pour l'ouverture d'ambassades entre la Syrie et le Liban (...) nous examinerons cette question dans un avenir très proche", a indiqué Bachar al-Assad. Michel Sleimane a assuré que Damas et Beyrouth allaient "se concerter pour mettre cet accord en oeuvre le plus tôt possible".
Immédiatement après cette annonce, le président Sarkozy a annoncé qu'il se rendrait à Damas en "septembre". Ce voyage, évoqué depuis plusieurs jours par son entourage, met un terme à la quarantaine imposée par la communauté internationale, et la France, après l'assassinat en février 2005 de l'ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri.
Une enquête internationale a mis en cause le rôle des services secrets syriens dans l'attentat qui a coûté la vie à M. Hariri, même si Damas a toujours nié y avoir été mêlé.
La visite du président Assad à Paris et sa présence annoncée au défilé du 14 juillet lundi, ont suscité un tollé.
Nicolas Sarkozy a assuré devant la presse avoir évoqué avec son homologue syrien "de façon très franche la question des droits de l'Homme".
Les deux hommes n'ont par contre pas évoqué la question du tribunal international sur l'assassinat de Rafic Hariri car "c'est un sujet qui n'est pas négociable, pas discutable", a assuré l'Elysée
Source 20minutes.fr
Le Pèlerin