Des difficultés pour les automobilistes en France
1 Le prix des carburants freine les automobilistes
Grande première en France, le trafic sur les autoroutes a baissé de 4% en juillet par rapport à l'an dernier, conséquence de l'envolée des prix à la pompe, ce qui ne fait pas les affaires des sociétés concessionnaires. Cette baisse du trafic a été constatée sur les autoroutes par les 18 stations de la Sécurité routière, selon un responsable du Centre national d'information routière (Cnir).
Pour l'ensemble du premier semestre, les sociétés concessionnaires ont publié des chiffres de trafic en très légère augmentation par rapport aux six premiers mois de 2007, avec pour la majorité d'entre elles des reculs au deuxième trimestre (-2,1% pour APRR, -2% pour ASF, -1,2% pour Escota).
Les deux principales raisons invoquées par les dirigeants des sociétés autoroutières sont la forte hausse des carburants et les inquiétudes des Français concernant leur pouvoir d'achat.
«Cette baisse est également due au fait que les personnes itinérantes, utilisant des camping-cars et des caravanes, ne partent plus un mois comme avant mais deux ou trois semaines et donc circulent moins», souligne un porte-parole de Bison Futé.
Au point que les embouteillages ont été moins importants cet été même pendant le week-end (2-3 août) du «chassé-croisé» entre juillettistes et aoûtiens. Mais cette «révolution» dans le comportement des automobilistes risque de compliquer les relations entre les pouvoirs publics et les sociétés concessionnaires. Le gouvernement est actuellement en négociations avec trois concessionnaires -APRR (Eiffage et l'australien Macquarie), Sanef (l'espagnol Abertis) et Cofiroute (Vinci)- pour le renouvellement des contrats de plan pour la période 2009-2013.
«Le risque de baisse du trafic est entièrement assuré par les concessionnaires», indique-t-on au ministère des Transports. Le gouvernement écarte l'idée, avancée ces dernières semaines par les sociétés, d'un possible allongement de la durée des concessions fixée, lors des privatisations, jusqu'à 2028 ou 2035. «Bruxelles ne le permettrait pas car une telle solution ferait fi des règles de la concurrence», souligne-t-on au ministère. Les sociétés ne peuvent pas non plus trop compter sur la construction de nouvelles sections suite à la décision du Grenelle de l'environnement de geler les projets hormis les «cas de sécurité ou d'intérêt local».
Seules les autoroutes A65 entre Pau (Pyrénées-Atlantiques) et Langon (Gironde), confirmée le 4 juin par le ministère de l'Ecologie, et l'A45, entre Saint-Etienne et Lyon, dont le décret d'utilité publique a été publié le 17 juillet, sont certaines de voir le jour.
Actuellement, le gouvernement passe en revue les projets qui étaient depuis longtemps dans les cartons - comme les contournements des agglomérations de Strasbourg et Nice et l'A51 entre Grenoble et Sisteron (Alpes-de-Haute-Provence) - pour voir si elles sont réalisables. Reste la question de la hausse des tarifs des péages calculée actuellement sur 85% de la hausse de l'inflation, abondée d'un pourcentage dépendant du montant d'investissement consacré par les sociétés, notamment pour les élargissements des chaussées.
«La tendance est à la diminution de l'augmentation des tarifs, défense du pouvoir d'achat oblige», regrette un dirigeant de APRR.
La négociation, suspendue en août, devra se conclure avant la fin de l'année. En cas d'échec, les sociétés n'auront droit qu'à des hausses de tarifs équivalentes à 70% de l'inflation.
2 Mauvaise passe pour les ventes de 4X4 face au malus écologique et au carburant cher
Après une forte progression en 2007, le marché français des 4X4 a chuté au premier semestre, encaissant de plein fouet l'arrivée du malus écologique, sur fond de prix du baril élevé et de préoccupations environnementales croissantes. Le salon international du 4X4 de Val d'Isère, traditionnel rendez-vous d'été des passionnés du tout-terrain, ouvre ses portes vendredi et jusqu'au 17 août dans ce contexte difficile.
Le premier semestre 2008 a enregistré une chute de plus de 16% des ventes de tout-terrains dans l'Hexagone, dans un marché automobile en hausse de 4,5%.
Il s'est vendu de janvier à juillet 51 935 tout-terrains toutes catégories confondues - 4X4 traditionnels, SUV ou crossovers (tout-terrains de loisirs) - soit 4,6% des voitures neuves, selon les chiffres du Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA). En 2007, année faste pour le 4X4 en France, 138 266 véhicules tout-terrains et tout-chemins avaient trouvé preneurs (+26% sur 2006), soit 6,7% du total des voitures neuves.
«Le marché avait énormément profité des anticipations du bonus-malus sur les trois derniers mois» de 2007, souligne Philippe Boursereau, directeur de la communication de Toyota France. La baisse du premier semestre «reflète cette réalité puisque la quasi-totalité des 4X4 est malussée», explique-t-il.
«Le marché a été difficile, mais six mois ne font pas la tendance» après le boom de la fin 2007, observe un porte-parole de Nissan France, qui pense que «l'on pourra juger sur les six prochains mois les vraies valeurs».
Au premier semestre, le RAV-4 de Toyota a abandonné la première place au classement des ventes de 4X4. A la fin juin, il occupait la troisième place (3 935 unités vendues), précédé par le Volkswagen Tiguan (4 073) et le Nissan Qashquai (9 411), selon les chiffres des constructeurs. Le Qashqai réalise 80% de ses ventes en versions deux-roues motrices, placées sous le seuil du malus.
Le Qashqai, un crossover à mi-chemin entre un tout-terrain et une grosse berline, «a permis à la marque de sortir du 4X4 pur et dur», relève le porte-parole de Nissan. «L'engouement pour ce genre de véhicule va continuer à se développer», assure-t-il, car «ils apportent une polyvalence plus grande que les voitures traditionnelles».
«C'est l'évolution prévisible du marché. Le mot crossover prend tout son sens», estime le porte-parole de Toyota, un constructeur qui va miser également sur une taille plus petite, «intermédiaire entre une petite berline et un 4X4». Pour l'organisateur du salon de Val d'Isère Philippe Dollin, «l'avenir n'est pas bouché». «D'ici quatre ou cinq ans, on va sortir des 4X4 beaucoup moins polluants», prévoit-il.
Une réponse aux arguments des écologistes qui pointent le niveau d'émissions de CO2 toujours élevés des 4X4, même s'il baisse. La moyenne était de 210 g de CO2/km en 2007, contre 217 g en 2006 et 223 g en 2005.
M. Dollin ajoute que les 4X4 traditionnels, adaptés aux terrains difficiles, ne vont pas disparaître car ils correspondent à un besoin, notamment en montagne.
Pour leur part, les groupes français, PSA Peugeot Citroën et Renault, arrivés sur le marché du 4X4 respectivement en 2007 et 2008, sont au rendez-vous de l'édition 2008, marquée par un renouvellement de l'organisation du salon, créé en 1984.
Mais la présence du Mondial de l'Automobile au calendrier français cet automne n'a pas favorisé la présence de tous les constructeurs. Toyota et les marques allemandes notamment seront absents à Val d'Isère.
Source La Tribune
Le Pèlerin