Du terrorisme islamiste au banditisme - Les Algériens sont-ils à l’abri d’autres cauchemars ?
Élimination de certaines têtes pensantes du GSPC
Cette région de par sa géographie est fortement ciblée par le GSPC. Elle pourrait être considérée donc comme un indicateur sur la situation sécuritaire nationale. Est-ce le discours du chef de la Sûreté pour rassurer tout le monde à la veille d’une décision politique importante mais controversée — révision «ou viol» pour certains, de la Constitution permettant à Bouteflika de se perpétuer au pouvoir — ou une réalité du terrain ? Au-delà de la fin annoncée du terrorisme, la sécurité du pays et des citoyens ira-t-elle en s’améliorant ? En tout cas, nos sources qui, au demeurant, sont hautement qualifiées pour donner un avis, sont unanimes : l’éradication du terrorisme, dans sa forme politique pour la destruction par la violence de la république, est effectivement en phase terminale pour reprendre l’une des expressions du patron de la DGSN. Encore faudrait-il achever pleinement la besogne empêchant l’hydre de se régénérer et lancer, par la suite, un débat réel sur les autres aspects de la sécurité nationale. A noter que le crime organisé sous la couverture de l’islamisme politique violent est en phase de constitution. Les émirs du GSPC ne s’embarrassent plus de discours politico-religieux. Le cumul de richesse est leur seul credo. C’est du grand banditisme, version islamiste. C’est désormais presque une certitude aussi bien pour le commun des citoyens des wilayas du centre du pays que pour un officier des services de sécurité de cette région du pays, le GSPC allié d’Al-Qaïda est en nette perte de vitesse et ses capacités de nuisance s’amenuisent de jour en jour. Certes, ce mouvement armé garde encore quelques possibilités de réagir comme une bette blessée, comme il l’a fait récemment à Lakhdaria, mais imperturbablement, le processus de sa destruction continue à enregistrer des résultats probants. «Quand on est réduit à la seule alternative de suicide comme choix de moyen de guerre, cela veut dire qu’on rentre dans une phase d’autodestruction», pense un officier supérieur au sujet du dernier attentat kamikaze perpétré à Lakhdaria, dans la wilaya de Bouira. Lorsque le GSPC était, il y a quelques années, à l’apogée de sa puissance, nous avions alerté l’opinion que cette organisation était en mesure de remettre en cause les équilibres régionaux et de déstabiliser le pays. Cette sonnette d’alarme a été suivie d’une mise en garde bien avant l’apparition des terroriste kamikazes sur les risques avérés d’attentats-suicides. Dès lors, examinons maintenant les indices qui ont permis à M. Tounsi d’être optimiste et de promettre à brève échéance la destruction du GSPC.
Rétrécissement du recrutement
«Le meilleur indicateur sur la baisse des activités terroristes est le recrutement qui est largement en diminution», nous assure l’un des officiers que nous avions questionné. Effectivement, une autre source nous a informé qu’en 2006, environ 80 jeunes de la wilaya de Boumerdès avaient rejoint les seriates du mouvement islamiste armé. Ils étaient, toujours au pointage des services de sécurité, 40 en 2007 et ils ne sont, selon notre source, que moins d’une vingtaine à monter au maquis en 2008. Notre officier rappelle à titre d’exemple la commune de Ouled- Aïssa, à l’est de la wilaya de Boumerdès, considérée comme un réservoir de recrutement. «Le recrutement s’est complètement arrêté», assure-t-il.
Neutralisation des réseaux de soutien
Selon des chiffres communiqués ces derniers jours, plus de 600 individus accusés de soutien au terrorisme ont été arrêtés. «Rien qu’en 2008, nous avons neutralisé plus de 300 individus», dit un haut gradé de la police. A cela il y lieu d’inclure la neutralisation, depuis le début de cette année, de plusieurs réseaux de poseurs de bombes, notamment à Bordj-Menaïel, Cap-Djinet, les Issers, Si-Mustapha, Aït-Amrane…
Incapacité de mener des attaques armées
Assurément, les hordes islamistes armées n’ont plus les mêmes capacités pour mener des embuscades contre les patrouilles des services de sécurité. La dernière tentative d’une attaque à l’arme organisée en avril dernier par la Katibate El Arkam contre le chantier de la construction de logements à Souk- El-Had par une entreprise chinoise, a été un échec. Et pour cause, non seulement l’assaut mené par plus d’une dizaine de terroristes armés de klasch et bazookas artisanaux (habhab) a été repoussé par quelques gardes communaux qui surveillent ce chantier, mais la réaction des unités de l’armée stationnées dans les environs avait mis en déroute le groupe terroriste. Le lendemain, les services de sécurité avaient éliminé trois d’entre eux qui tentaient de sortir de la région où s’était déroulée cette attaque. Effectivement, des statistiques récentes indiquent que seuls des attentats à l’explosif sont organisés par les seriates en activité. Celui mené dernièrement sur la RN 5 au niveau de Tidjelabine (wilaya de Boumerdès) en est l’exemple type de ce genre d’attentat. Contrairement à ce qui était annoncé dans certains journaux, il n’y pas eu d’utilisation d’armes de la part des terroristes. Ce qui signifie que les assaillants avaient des capacités militaires pour organiser une embuscade en plein jour sur un grand axe routier pas loin d’une agglomération et des postes permanents de la Gendarmerie nationale. La réalité est tout autre. Trois bombes ont été cachées sur le bord de la route. Une première a été actionnée à distance au passage d’un véhicule des services de sécurité. Les deux l’ont été à l’arrivée des secours. C’est le rituel suivi par les terroristes dans ce genre d’attentats. S’embusquer à des centaines de mètres, voire des milliers de mètres, suivre à l’aide des jumelles le mouvement humain et actionner une bombe par le biais d’un portable et mitrailler une cible, la différence est très importante comme l’est tout aussi la responsabilité de transmettre au grand public l’information sécuritaire.
Basculement vers le grand banditisme
Les rapts des hommes d’affaires, des entrepreneurs et des commerçants qui ne sont libérés que contre versement de rançons, se chiffrant parfois par milliards, sont, pour l’heure, la source principale du financement du GSPC. Selon une information sécuritaire, il a été recensé six rapts en 2007, alors que l’année en cours a vu quatorze enlèvements. Outre le pillage et commerce de sable, le racket des fellahs activant sur des terres riches de la bande côtière de la wilaya de Boumerdès. Sentant probablement leur fin proche, les émirs des seriates et des katibates encore en activité se lancent dans une course frénétique de collecte d’argent. Histoire de mettre leurs familles à l’abri des besoins. Mais fort heureusement, en dépit des milliards amassés, alors que la misère a mis des milliers de jeunes dans la précarité, notamment au sein des milieux ruraux, le GSPC Qaïda Maghreb n’arrive plus à recruter comme il le faisait naguère.
Source Le Soir d’Algérie
Le Pèlerin