Le Tombeau de la Chrétienne et Cherchell
Situé à une dizaine de kilomètres à l'est de Tipaza, sur un promontoire dominant d'un côté la mer et de l'autre côté la plaine de la Mitidja, ce monument funéraire a été édifié en hommage à une impératrice d'origine romaine qui a su se faire aimer de ses sujets Berbères. Cette illustre souveraine avait pour nom: Séléné Cléopâtre; elle était l'auguste épouse de Juba II, empereur de la Maurétanie Césaréenne dont la capitale était précisément Césarée, c'est-à-dire Cherchell. Quant au pendant de cet édifice somptueux, celui dédié à l'empereur JUBA II ; il se trouve à Medracen, dans le Constantinois, très précisément près de la ville de Guelma.
Ce témoin d'un passé prestigieux nous invite à remonter le cours de l'Histoire, et même de la géographie, pour mieux nous faire découvrir, mieux connaître et sans doute aimer le langage ou le message de ces vieilles pierres.
Géographie
La Maurétanie Césaréenne se situait sensiblement au centre du grand ensemble berbère romain allant de la Lybie (exclue) à la Mauritanie actuelle (incluse), communément appelée Afrique du Nord. L’Afrique du Nord est bordée au Nord et à l'Est par la Méditerranée, à l'Ouest par l'Atlantique et, au Sud par une mer de sable, le désert du Sahara. On y trouve tous les reliefs de caractère courant, des plaines, des montagnes, et des plateaux. Ainsi, il n'est pas étonnant de trouver une végétation quasi identique sur les bords nord et sud de cette «grande bleue» , et même des coutumes d'élevages, de cultures, ou de modes de vie dont les origines communes s'inscrivent dans un brassage permanent et historique.
Histoire
Après la défaite définitive des Phéniciens, battus par les Romains à l'occasion de la troisième guerre punique, Carthage, symbole de la puissance phénicienne fut détruite et rasée par ses vainqueurs romains en l'an 146 avant l'ère chrétienne. Dès lors, l'Afrique proconsulaire et numide vécut avec sa propre administration, gouvernée par de hauts personnages berbères intronisés localement par Rome et pour le compte de Rome. C'est-à-dire qu'il ne s'agissait pas d'une simple colonisation au sens moderne et péjoratif du mot, mais d'une intégration réciproque et loyale.
La Numidie était devenue le grenier de Rome, Et c'est ainsi que dans un moment d'anarchie interne un roi de Numidie nommé Jugurtha se souleva contre cette autorité où « tout-et-tout-le monde-était-à-vendre ».Mais sa rébellion lui fit connaître les geôles de Rome dans l’une desquelles il y mourut en l’an 104. Toutefois le sens réaliste et politique du Sénat romain conduisit le neveu de Jugurtha et fils d'un ancien Roi de Numidie, appelé Juba 1er. Cet enfant fut élevé à Rome, instruit comme un futur souverain, doté comme tel, et marié avec la plus belle princesse de l'époque Séléné Cléopâtre, fille de Cléopâtre et de Marc Antoine.
Le couple fut intronisé et installé en terre d'Afrique à loi. Dès lors, cette cité érigée en capitale fut appelée par le nouveau souverain Caesarea, c'est-à-dire Césarée, en hommage au César qui lui avait prodigué son appui et sa sollicitude. Le territoire relevant de 1'autorité de Juba 1er et de Séléné .Cléopâtre prit le nom de Maurétania Césaréenne.
Aujourd'hui, nous connaissons Césarée sous le nom de Cherchell.
Juba fut un des hommes les plus savants de son temps, notamment dans les domaines de l'histoire, de la géographie, de la grammaire, de 1' éducation, de la philosophie, de l'archéologie, de l'histoire naturelle, de la botanique, de l'art lyrique, de la peinture, etc...
Quant à son impériale épouse, si ses actes n'ont pas pris place dans les bibliothèques sous forme de livres, c'est qu'elle se dévouait sans compter pour le bien-être de son peuple dont elle était aimée, voire même vénérée. C'est cette vénération qui s'est traduite, après la mort. de Séléné, par un mausolée dénommé par les populations locales : Tombeau de la Romaine.
Malheureusement, le colonisation française a confondu en une seule et même signification Roumi qui veut dire Romain, ou Roumia, qui veut dire Romaine, avec Chrétien ou Chrétienne.
Conclusion
Si l'on remarque que le plan des ouvertures ou du labyrinthe est en forme de croix, c'est simplement qu'il s'agit d'une croix berbère commune à toutes les croix naturelles des peuplades primitives, c'est-à-dire la bonne vieille « rosé des vents » qui indique les 4 points cardinaux. Quant aux stèles funéraires contemporaines de Juba et de Séléné, certaines d'entre elles portent des croix et d'autres un croissant. Pour ce qui est des croix il y a lieu d'observer qu'une des branches se termine en forme d' anneau : ce qui prouve qu' il s'agit de la croix égyptienne et non pas d'une croix chrétienne (sans anneau et non encore inventée).
Et, pour ce qui est du croissant de lune, il s'agit tout simplement d'un hommage à Séléné dont la nom veut dire précisément : Lune. Là aussi, il y a également lieu d'observer qu'il ne peut exister aucune similitude avec le croissant de la religion musulmane puisque l'Islam ne naîtra en Arabie que six siècles plus tard et n'abordera ces rivages berbères que sept siècles après la disparition du couple impérial Maure. Ainsi, dire de Séléné Cléopâtre qu'elle était mauresque aurait à peine et, tout au plus, été dérisoire. Mais, dire d'elle qu'elle était chrétienne était fondamentalement faux
Le Pèlerin