1954, Pierre Mendès France et les indépendances : Indochine, Tunisie, Algérie (1/5)
L’immense majorité Des Maghrébins sont persuadés que c’est le Général de Gaulle qui leur à accordé l’indépendance
En fait lorsque celui-ci est arrivé aux affaires, la décolonisation avait débuté ….Certes le dossier de l’Algérie n’était pas soldé, mais Pierre Mendes France avait effectué un travail énorme, au grand dam des Français et Européens vivant dans ces contrées….L’objet de ces blogs n’est pas de porter un jugement mais de relater la perception française relative à l’histoire de colonies et la fion du colonialisme.
Résumé : Cet article propose de réfléchir sur la perception française des colonies à la moitié du 20e siècle, à partir de la position politique de Pierre Mendès France. C’est à lui, en effet, que l’on doit l’indépendance de l’Indochine, l’autonomie de la Tunisie. C’est lui qui, le premier, a cherché à mettre fin au recours constant à la torture en Algérie. C’est sans doute l’homme politique qui a envisagé la situation coloniale de la façon la plus républicaine, sous la IVe République. Or l’analyse de la position qu’adopte PMF, qui est, en un sens, la meilleure position de gouvernement, montre une cécité constitutive de sa vision de l’Algérie. Il ne s’agit pas ici de faire œuvre d’histoire mais d’analyser, philosophiquement, un cadre structurel qui a rendu les hommes politiques français incapables, au sens fort du terme, de faire face à de nouvelles conjonctures politiques et à un nouveau contexte historique. Ce cadre n’a pas disparu. Il est au contraire parfaitement pérenne, comme le montrent les évènements récents, et la « politique » appliquée aux « insurgés ».
A la conférence de Genève, P. Mendès France négocie la fin des hostilités en Indochine avec le ministre chinois des Affaires étrangères, Zhou Enlai (source Encarta).
« Que m'importe que l'on mette l'électricité dans ma maison, si ma maison n'est pas à moi. »
Libération de la France, révolte des colonisés en Algérie (1945), à Madagascar (1947)
C'est dans l'immédiat après-guerre, en 1945, que commence, en un sens, la deuxième guerre d'Algérie ( la première guerre d'Algérie renvoie à la conquête : 1830-1857).
Le contexte « interne » (plutôt que national)
D'abord, Vichy avait trouvé, en Afrique du Nord, la terre d'élection de sa « Révolution nationale » fondée sur la division des hommes en deux groupes hermétiques : ceux qui sont destinés à commander et ceux qui sont destinés à obéir. On se souvient qu'Aristote, dans sa Politique, définissait le citoyen comme l'homme capable et de commander et d'obéir et considérait, du coup, qu'une cité composée d'une part d'hommes qui commandent et d'autre part d'hommes qui obéissent n'est pas une cité d'hommes libres mais une cité, politiquement parlant, de maîtres et d'esclaves. Le régime de Vichy avait donc, immanquablement, renforcé ce clivage, ne serait-ce qu'en abolissant le décret Crémieux, à la suite de la loi du 7 octobre 1940, reléguant dans l'indigénat environ 117 000 juifs d'Algérie. Plus que jamais, pendant les années qui ont précédé 1945, les colonies, notamment en Afrique du Nord, étaient terres de servitude politique. Sous l'égide de Ferhat Abbas, un Manifeste du Peuple algérien est adressé, le 10 février 1943, au gouvernement général et aux Nations-Unies :
« Le refus systématique ou déguisé de donner accès dans la cité française aux Algériens musulmans a découragé tous les partisans de la politique d'assimilation. (...) Désormais, un musulman algérien ne demandera pas autre chose que d'être un Algérien musulman. »
Sous l'influence du général Catroux, l'ordonnance du 7 mars 1944 met fin à l'indigénat. Abbas met sur pied l'association du Manifeste et de la Liberté (AML).
Ensuite, le champ d'honneur s'accommode mal de la servitude, la servitude s'accommode mal du champ d'honneur. On estime à 132 000 Algériens, 90 000 Marocains, 22 000 Tunisiens, le nombre de ceux qui servirent sous les drapeaux de 1939 à 1945. 13 500 périrent. Boudiaf et Ben Bella, par exemple, sont des rescapés du 5e tirailleur algérien qui participa à la bataille de Monte Cassino. Combien, parmi eux, accepteront, comme leurs pères, vétérans de la Grande Guerre, de devenir « anciens combattants » ? Les soldats maghrébins, et notamment algériens, avaient été les défenseurs de la liberté contre l'oppression. Rentrés chez eux, ils devaient oublier et la liberté qu'ils avaient défendue, et l'oppression qu'ils subissaient. On imagine le clivage. A l'époque, les nationalistes algériens sont assimilés à des alliés objectifs d'Hitler. Il est vrai que Ferhat Abbas avait adressé, le 10 avril 1941, au maréchal Pétain, un rapport intitulé « L'Algérie de demain », dans lequel il demandait un plan de réformes administratives, scolaires et financières, à la suite duquel il fut nommé à la commission financière de l'Algérie. Un an plus tard, il démissionnait. Mais, lors du débarquement anglo-américain du 8 novembre 1942, il s'appuya (plus qu'il ne reçut le soutien) sur Robert Murphy, représentant personnel du président Roosevelt à Alger. En Tunisie, Habib Bourguiba avait mis ses « concitoyens » en garde : « La croyance naïve que la défaite de la France est un châtiment de Dieu, que sa domination est finie et que notre indépendance nous viendra d'une victoire de l'Axe considérée comme certaine, est ancrée dans beaucoup d'esprits et cela se comprend. Et bien je dis que c'est une erreur, une erreur grave, impardonnable. »En tenant ces propos, début 1943, Bourguiba prenait des positions totalement contraires à l'opinion commune. Le leader tunisien venait pourtant d'être libéré des prisons françaises par les Italiens...
Le contexte international
La guerre avait aussi, d'une autre manière, produit des effets en Asie du Sud-est. Les Philippins assistèrent aux « marches de la mort » (1941) imposées par les Japonais à leurs prisonniers américains. Les Vietnamiens voient des Français enfermés, par les Japonais, dans des cages de moins d'un mètre cube. L'administration française demeura en fonction jusqu'au 9 mars 1945. Mais les Japonais reconnurent, dès 1943 (année de fondation de l'Istiqlal marocaine) l'indépendance des Philippines, de la Birmanie. Avec leur appui, Bao-Dai, empereur d'Annam, proclame la fin du protectorat français et l'indépendance, imité et par le roi du Cambodge, et par le roi du Laos. A Postdam, la partition avait été décidée : confier le nord de l'Indochine à Tchang Kaï-Chek et le sud aux Anglais avec, pour limite, le fameux 16e parallèle. Dès la capitulation japonaise, après Hiroshima, Hô Chi Minh, qui n'avait pas reconnu le régime de Bao Dai, lance, le 13 août 1945, un mot d'ordre d'insurrection générale. Bao Dai abdique, recommandant à la France de reconnaître l'indépendance du Vietnam. Le 25 août 1945, une grande manifestation a lieu, consacrant le Vietminh. L'indépendance est proclamée de nouveau, en référence à l'indépendance américaine, ainsi que la république démocratique.
La fédération indochinoise est rétablie, avec ses cinq territoires, son haut-commissaire. De Gaulle, à la tête du GPRF, veut envoyer des troupes. Il nomme l'amiral d'Argenson haut-commissaire. Le 6 mars 1946, un accord est conclu, faisant du Vietnam, « État libre », une composante de la fédération indochinoise. Les premières troupes françaises débarquent avec Leclerc à Hanoï, d'autres à Saïgon. Quand la France proclame, durant l'été 1946, la création d'une république autonome de Cochinchine (confirmée aux accords de Fontainebleau), le Vietminh s'active. Quand le général Valluy commande le bombardement d'Haïphong, 1200 Français sont attaqués, quarante massacrés. Le 21 décembre 1946, le gouvernement Hô Chi Minh en fuite déclare l'insurrection générale. « Ce sera la guerre entre le tigre et l'éléphant, déclare Giap. Si jamais le tigre s'arrête, l'éléphant le transpercera de ses puissantes défenses : seulement, le tigre ne s'arrêtera pas ; il se tapit dans la jungle pendant le jour pour ne sortir que la nuit ; il s'élancera sur l'éléphant et lui arrachera le dos par grands lambeaux puis disparaîtra, et, lentement, l'éléphant mourra d'épuisement et d'hémorragie. » Tout change, en 1949, avec l'arrivée au pouvoir, en Chine, de Mao Tsé-toung, qui aide le Vietnam. « Désormais, dit Hô Chi-Minh, nous avons une frontière avec le monde socialiste. » Le conflit colonial croise la guerre froide. Mais la France reste attachée à son empire colonial, et craint que les pays membres de l'Union française ne suivent l'exemple vietnamien. C'est pourquoi elle affirme constamment que le Destour en Tunisie et l'Istiqlal au Maroc pavent la voie du communisme. Les leaders marocains et tunisiens se servent en effet de la scène internationale pour faire avancer leurs intérêts, prenant exemple sur l'internationalisation de la question indochinoise. Lorsque se réunit, en novembre 1952, sous la présidence de Vincent Auriol, le Haut Conseil de l'Union française, en présence d'Antoine Pinay, alors président du Conseil, et des représentants du Vietnam, du Laos et du Cambodge, l'un d'entre eux, Niekh Tioulong, proposa d'inviter les souverains de Tunisie et du Maroc à participer à leurs travaux. Si Pinay n'y voyait pas d'objection formelle, Auriol, comme d'autres, opposèrent leur refus...
A suivre…Demain Sétif…..
Source http://www.sens-public.org
Le Pèlerin
tiliwa 14/01/2009 01:31
Le Pèlerin 14/01/2009 16:20