Saïd Sadi à El Khabar
« Ceux qui accusent aujourd’hui le RCD se tourneront demain contre Bouteflika »
Le président du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie RCD, M. Saïd Sadi, n’a pas été surpris par les réactions des partis politiques à la montée des drapeaux noirs dans tous les sièges de son parti. M. Sadi a considéré dans cette interview qu’il a accordée à El Khabar que le but recherché par le RCD suite à cette initiative a été atteint. Il a également abordé la période poste 9 Avril et considéré que les prochaines élections présidentielles affaibliront l’Algérie plus qu’elles ne la renforceraient.
El Khabar : votre action de faire du 9 Avril prochain une journée de deuil pour la démocratie, en levant un drapeau noir dans tous les sièges de votre parti, n’a pas plu à plusieurs partis politiques, notamment les supporters du président candidat, M. Abdelaziz Bouteflika, qu’en pensez-vous ?
Saïd Sadi : C’était notre objectif recherché par cette décision. Nous voulons également rappeler que le boycott des élections est une nécessité urgente que nous appliquons sur le terrain par cette action symbolique et forte. Nous voulons également par cette action, dire à ceux qui ont falsifié le processus de l’Algérie de Novembre et de la Soummam que nos martyrs se sont sacrifiés pour que nous vivons dans une Algérie de justice, de liberté et de développement et afin que nous puissions voter en toute liberté et désigner les responsables que nous estimons convenables.
Après plus d’un demi-siècle d’indépendance, le régime colonial a été remplacé par un clan qui a trahi le message du mouvement national. Suite à la corruption et la fraude électorale, nos enfants se suicident actuellement en mer et cela enfonce le pays de plus en plus dans le sous développement.
Ne vous inquiétez pas, ces organisations qui qualifient le RCD par tous les noms, vont entièrement se renverser dès le changement du pouvoir en place et seront les premiers à soutenir le régime qui lui succédera. Ils se tourneront contre Bouteflika en cas d’échec de son pouvoir ou de sa disparition. Ces opportunistes représentent le drame de l’Algérie depuis 1962.
Nous nous rapprochons de la fin de la campagne électorale et tout le monde connaît le prochain président de l’Algérie. Cependant, l’administration de campagne de Bouteflika a mobilisé des moyens énormes pour cette campagne. A votre avis, pourquoi ?
Ce que nous constatons aujourd’hui, est une reconnaissance de faiblesse de la part du régime en place et c’est ce qui explique l’implication de l’administration dans l’affichage des posters du président et dans l’organisation de sa campagne électorale ainsi que dans la paralysie des entreprises de l’Etat depuis le 12 Février dernier, date da l’annonce de sa candidature.
On peut expliquer cette féroce campagne visant à imposer Bouteflika par deux points : Le bilan catastrophique réalisé lors de ses deux précédents mandats, puisque vous savez qu’il a reconnu son échec lorsqu’il a déclaré : « du coté économique, nous avons échoué ».
Dans l’absence d’un bilan honorable et d’un projet ambitieux, il est nécessaire de réagir afin d’éviter l’humiliation du taux élevé des boycotteurs, tels que ça s’est passé lors du référendum de 2005 où il y a eu une participation de moins de 17% dans les élections. Ce qui l’a poussé à mobiliser tous ses ministres ainsi que le trésor public et médias en plus des brigands pour tenter d’impressionner les citoyens.
Comment vous voyez l’après 9 Avril, en particulier l’avenir des partis politiques ?
Le soleil se lèvera une nouvelle fois sur l’Algérie sous l’impact d’une crédibilité disparue près de la société internationale et sous l’impact d’une fragilité sociale et chamboulement politique à l’intérieur. La jeunesse algérienne ne supporte plus la situation actuelle et nous devons l’aider à construire son avenir et à faire de l’Algérie un pays grand et beau comme il l’aurait été si on avait de responsables dignes de respect et qui ne l’auraient jamais trahit.
Il annonce trois marches à Alger : Saïd Sadi demande à Bouteflika de rentrer chez lui
Le RCD durcit le ton à l'égard du président Bouteflika et de ses partisans. Samedi matin, au cours d'une conférence de presse à Alger, Saïd Sadi a utilisé des mots particulièrement durs pour fustiger les méthodes de « voyous» et « d'escroc » utilisées, selon lui, par le président sortant pour se maintenir au pouvoir. Dans la ligne de mire des critiques du président du RCD : la révision de la Constitution, la gestion des ressources financières du pays, l'utilisation des symboles de la révolution dans la campagne électorale de Bouteflika...
Saïd Sadi a refusé de répondre aux critiques après la décision du parti de remplacer l'emblème national par un drapeau noir sur le bâtiment de son siège pour faire du 9 avril une journée de « deuil ». Plusieurs partis politiques, dont ceux de l'Alliance présidentielle, des associations proches du pouvoir, l'UGTA et même la Commission nationale de surveillance de l'élection présidentielle ont vivement réagi ce weekend à cette initiative du RCD. Mais, pour M. Sadi, les partisans du président Bouteflika utilisent les symboles et les héros de la révolution algérienne dans la campagne électorale. « Fallait-il que vous soyez à ce point paniqué pour abuser des martyrs de l'indépendance que vous réduisez à des gadgets décorant le fond de vos affiches pour vous mettre en valeur? » , a-t-il dit. Saïd Sadi portait un brassard noir autour du bras, en signe de deuil.
Au cours de sa conférence de presse, Saïd Sadi a vivement critiqué la gestion du président Bouteflika, évoquant des méthodes de « voyous» et « d'escroc » et une opacité dans la gestion des ressources financières du pays. Il a demandé au président Bouteflika de « rentrer chez lui ». « Si vous essayiez d'être lucide en déclarant que vous vous retirez de cette supercherie parce que vous avez compris que le peuple algérien n'a plus peur, qu'il a le droit de choisir librement ses représentants (...) », selon le texte d'une lettre adressée par M. Sadi au président Bouteflika dont le contenu a été lu au cours de la conférence de presse. Le Docteur Sadi a également qualifié Ahmed Ouyahia de « Premier ministre jetable ».
Dans ce contexte, le président du RCD a annoncé l'organisation par son parti de trois marches populaires à Alger pour appeler à les Algériens à boycotter la présidentielle du 9 avril. La première est prévue aujourd'hui à 15H30 à El Biar, sur les hauteurs de la capitale. Les deux autres devraient voir lieu le dimanche à la rue Didouche Mourad à Alger et lundi à Bab El Oued, ancien fief du FIS. Aucune de ces trois manifestations n'a obtenu une autorisation officielle. Leur annonce marque un début d'un bras de fer entre le RCD et le pouvoir.
Source El Khabar et Actu-dz.com
Le Pèlerin