Les Moments de Fête – La fête patronale
Fête des fleurs à Luchon
Chanteurs montagnards
Fandango de Saint Jean de Luz
Fêtes des vallées d'Andorre
Partie de Quilles
Invoquant le nombre excessif des jours de fêtes, entraînant un nombre trop important de jours sans travail pour les classes laborieuses les plus défavorisées, le clergé, en accord avec les pouvoirs publics, aurait bien voulu en supprimer, dans le but, non avoué, d'éviter les abus, désordres et dérèglements de toutes sortes survenant pendant ces jours de liesse. Mais cette initiative fut très mal perçue en pays pyrénéen où l'on aurait préféré célébrer la fête patronale plutôt deux fois qu'une. La fête locale est en effet considérée comme un événement par tous les habitants du village qui invitent longtemps à l'avance parents et amis.
Là journée débute par des aubades données en l'honneur des notables ou des personnages de haut rang-figurant parmi les invités. Après la grand-messe, au cours de laquelle le curé fait l'éloge du patron de la paroisse, a lieu la procession où le buste et la châsse contenant ses reliques sont promenés dans les rues du bourg. Ensuite la population va se recueillir au cimetière avant de se rassembler sur la Grand-Place au centre de laquelle a été édifiée une estrade où trône un groupe de musiciens diffusant une musique dont le rythme varie selon les régions.
À l'occasion des fêtes villageoises, les femmes de diverses vallées participent à des concours de costumes et il en est même, au Pays basque, qui font concourir...leurs mollets, jeu assez audacieux si l'on considère qu'à cette époque le port des robes longues ne laisse apparaître qu'une toute petite parcelle de la cheville.
Des danses et des chants
Au pays basque, on danse la txirula, la zorzika, la pamperruque mais surtout le fandango, danse populaire extrêmement gracieuse qui, comme le boléro, dérive des seguidillas mais possède en plus un côté voluptueux et lascif qui ajoute à son charme. Le fandango, exécuté au son des castagnettes, est caractérisé par sa mimique tendre et abandonnée au début, passionnée à la fin. Avec cette danse lente et infiniment légère, « on n'entend, signale Pierre Loti, que le froufrou des robes et toujours le petit claquement sec des doigts imitant un bruit de castagnettes ». De l'autre côté de la chaîne, sur le versant espagnol, aux bains de Panticosa, dans la province de Huesca, on danse la jota, danse populaire à trois temps dont le rythme « s'élève parfois jusqu'au paroxysme le plus brutal ».
Enfin, dans les Pyrénées-Orientales et jusqu'en Andorre il n'est de danse que la sardane, sorte de ronde dansée. Voici comment se déroule une fête à Perpignan au siècle dernier:
« Le bal commence par une sorte de promenade autour de l'enceinte, chaque cavalier tenant la cavalière sous le bras ; puis il la quitte et part à reculons devant elle ; elle recule à son tour et le danseur lui court après. Puis les couples exécutent des chasses-croisés. Enfin, ils se réunissent en cercle : les danseuses appuient leurs mains sur les épaules des danseurs et ceux-ci les soulèvent sous les bras, les élèvent en l'air toutes à la fois….Le costume des femmes se remarque par la capuche, eh laine ou en basin, qui tombe jusqu'à la taille et les enveloppe comme un voile de madone. Les danseuses sont coiffées d'un petit bonnet garni à la catalane d'une dentelle cousue à pl&t et descendant sur le front ou d'un tulle ruché selon la mode d'alors. >> (Amable Tastu).
La musique n'est pas en reste et, en vallée d'Ossau, au centre de la place du village, le violoneux voisine avec le joueur de flûte et de tambourin. On prétend que la flûte ossaloise est l’héritière d'un des plus vieux instruments du monde, la flûte à trois trous qu'utilisaient les premiers pasteurs des Pyrénées. Aussi lointaines, sans doute, sont les origines du tambourin ossalois, longue caisse en bois d'érable tendue de six cordes que l'instrumentiste frappe avec un petit bâton « suivant une mesure invariable d'un temps fort et d'un temps faible correspondant aux rythmes fondamentaux des danses ossaloises ». Le tambourin s'apparente à la cithare grecque et sert d'accompagnement aux musiciens.
En Cerdagne, c'est vers 1870 qu'un musicien de Figueras, Pep Ventura, libère la sardane de ses anciennes contraintes et compose définitivement la cobla, l'orchestre d'accompagnement : le flaviol et le tambour, deux tiples, deux ténores, deux trompeta, deux tiscorns, un tronbon, une contrebasse. « Pour un catalan, il ne peut exister de formation musicale plus riche et plus complète. Elle peut extérioriser tous les sentiments : les fiscorns et le tronbon apportent la douceur des flonflons, la trompeta son éclat, le tiple son tragique ou sa trivialité. Mais la tenora est le roi de la mélodie; son volume sonore, qui va du pianissimo au fortissimo, inspire le respect par la majesté du timbre. » (Bernard Duhourcau).
Dans la seconde moitié du XIXème siècle, les orphéons, fanfares et autres harmonies fleurissent sur toute la chaîne à l'image de cette nouvelle musique populaire qui envahit la France. En Ariège, on ne compte pas moins, en 1900, de 150 sociétés musicales ! À Bagnères-de-Bigorre, Alfred Roland, compositeur de grand talent, fonde en 1832 une chorale de 40 chanteurs montagnards qui fera le tour du monde avec dans son répertoire le fameux hymne pyrénéen Halte-là ! Les montagnards sont là ! Ax-les-Thermes possède plus modestement en François Astrié, dit François de Paris depuis son séjour à la capitale, un homme-orchestre qui joue « d'oreille » les airs à la mode tels que La Madelon, Phi-Phi ou Le Pélican.
Le temps du Carnaval
En dehors de la fête patronale où chanter, danser et jouer sont de rigueur, le temps du carnaval occupe une place exceptionnelle dans les distractions du Pyrénéen. S'amuser restant un droit, les autorités préfectorales et municipales font preuve de tolérance et de compréhension vis-à-vis des coutumes carnavalesques et se contentent d'en freiner les excès. « Depuis la classe la plus aisée jusqu'à la plus misérable, observe Pierre La Boulinière, tous fêtent Carnaval. »
Durant cette période de libération morale et sociale, la danse est reine. Le groupe des Jeunes règne en maître sur chaque village, affirmant ainsi son rôle moteur. Au soir du Mardi gras, Carnaval est jugé et condamné et finira brûlé le mercredi des Cendres. Les jeunes retireront leur masque et chanteront en guise d'oraison funèbre :
Adieu pauvre, adieu-pauvre,
Adieu pauvre Carnaval.
Tu t'en vas et moi je reste
Pour manger la soupe à l'ail.
Des jeux de force et d'adresse
Les jeux tiennent une grande place dans la vie des Pyrénéens : jeux de force ou d'adresse, ils leur permettent d'affirmer leurs qualités physiques et le jour de la fête est tout indiqué pour les pratiquer. Au Pays basque, on se mesure au lancement de la barre. Celle-ci, longue de 1,10 m pèse
7,300 kg et doit retomber la pointe en avant. A Espéraza, on participe à la « course au bœuf ». Le malheureux animal retenu prisonnier au bout d'une corde est ainsi promené dans les rues de la ville avant d'être conduit au sacrifice. Sur son passage, les spectateurs essaient de lui tirer la queue et les plus intrépides tentent de se hisser sur son dos ou d'arracher la cocarde placée entre ses cornes.
Le jeu de quilles est très ancien. Apparu dans les Pyrénées dès 1380, ce n'étaient alors, dit-on, que les princes qui s'y adonnaient. En 1900, il est surtout pratiqué par les paysans, les gens du peuple et la petite bourgeoisie.
Il est un jeu d'adresse et de force où il s'agit de couper en deux, à la hache, des billots de bois de hêtre : celui qui y met le moins de temps est déclaré vainqueur. Et il est enfin un jeu cruel qui consiste à décapiter les yeux bandés, un canard. Ce « jeu du canard » provoque l'attention passionnée des curistes ossalois, comme nous le rappelle Taine : « J'ai vu des gens qui bâillent à l'Opéra, faire cercle une grande heure au soleil pour assister à la décollation du pauvre pendu. »
Source autrefois Les Pyrénées
A suivre
Le Pèlerin