Algérie - Autoroute Est-Ouest – Comment le « bon marché » coute cher
Qualifiée de « chantier du siècle », l'autoroute est-ouest risque de devenir un véritable gouffre financier pour l'Etat algérien. Le projet devrait coûter beaucoup plus cher que prévu initialement en 2006, lors de l'attribution du contrat à deux groupements asiatiques, Cojaal (Japon) et Citic-Crcc (Chine) pour près de 11,4 milliards de dollars.
Selon nos informations, de nombreux avenants à ce contrat ont été conclus entre l'Agence nationale des autoroutes (ANA) et ces groupements attendent. Ils sont actuellement en attente de validation au ministère des Travaux et la Commission nationale des marchés (CNM) pour les intégrer dans le coût du projet. Le montant global de ces avenants dépasserait cinq milliards de dollars, selon nos sources. Le coût total du projet devrait avoisiner les 17 milliards de dollars. « Personne n'ose annoncer cette réévaluation au président de la république », confie une source proche du dossier.
Depuis 2006, le ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, affirme que le contrat de l'autoroute est-ouest est ferme et non révisable. Mais, le marché a été mal négocié et sa réévaluation est inévitable, ajoute notre source.
Explication : « les groupements chinois et japonais se sont engagés sur la base des travaux définis par le ministère des Travaux publics lors de l'attribution du contrat. Les quantités de déblais et de remblais, par exemple, ont été fournies par le ministère et c'est sur cette base que les deux groupements ont fait leurs offres techniques et financières. Mais ces quantités n'étaient pas exactes », explique notre source. « Avec l'avancement des travaux, les deux groupements ont découvert que certains travaux de terrassement étaient surestimés et d'autres sous-estimés. La signature d'avenants est devenu obligatoire pour le paiement des travaux supplémentaires », ajoute le proche du dossier.
Des spécialistes du secteur des travaux publics interrogés par tsa-algerie.com précisent que dans un contrat de construction clés en main, le maître de l'ouvrage se contente de fournir uniquement les caractéristiques générales du projet, sans détailler les travaux à effectuer. « Dans les contrats type design & build, le maître de l'ouvrage ne quantifie pas les travaux. C'est aux sociétés de réalisation de le faire et de s'engager ensuite à les réaliser avec un prix non négociable », explique t-ils.
Outre les avenants liés aux travaux supplémentaires, le ministère des Travaux publics doit s'acquitter d'une grosse facture, liée à l'expropriation des terres traversées par l'autoroute, la déviation des réseaux d'assainissement, d'eau potable, d'électricité, de téléphonie, de gaz et de pétrole se trouvant sur le tracé de l'autoroute. « Le ministre Amar Ghoul aime donner des instructions aux entreprises de réalisation pour planter des arbres, du gazon ou de goudronner des tronçons de routes aux alentours de l'autoroute, mais tous ces travaux ont un coût et sont ensuite facturés par les entreprises », conclut le proche du dossier.
Source TSA Ali Idir
Le Pèlerin