Spectacles et lieux de divertissements - Auberges, cabarets et cafés
Affiche Carnaval Pau
Casino du Val d'Aran
Le dimanche, après la messe, c'est la traditionnelle visite à l'auberge ou au cabaret, une vieille coutume pyrénéenne. « C'est l'usage de ces contrées que le dimanche presque tous les hommes se réunissent au cabaret pour boire et jouer, et dépenser ainsi une partie de l'argent qu'ils ont gagné dans la semaine », mentionne en 1845 un magistrat de Foix. Les débits .de boissons sont nombreux dans les Pyrénées au siècle dernier. L'Ariège en compte 1331 en 1855, soit de 5 à 6 débits pour 1000 habitants. Cette proportion est même dépassée dans les cantons ariégeois de Pamiers, Ax, Les Cabannes et Foix ainsi que dans les cantons hauts pyrénéens d'Argelès-Gazost, Lannemezan, Bagnères-de-Bigorre, Arreau et Lourdes. La moitié des débits sont des cabarets, 30% des auberges et 20% des cafés. Auberges et cabarets présentent d'ailleurs des points communs et offrent à peu près les mêmes services ; on sert du vin, on donne à manger et on loue des chambres.
Considéré par certains comme un lieu de perdition, par d'autres comme un lieu de liberté, le cabaret est l'endroit privilégié que fréquentent les hommes appartenant aux classes populaires et moyennes! Ainsi donc, commerçants, artisans, maquignons, et paysans viennent y boire, jouer aux cartes, effectuer des transactions, discuter des événements et parler politique.
Le café, généralement situé dans une ville, attire une clientèle moins populaire qui n'y vient pas que pour boire, mais également pour retrouver des amis, jouer au billard ou lire les journaux. On y rencontre une certaine « élite sociale », des intellectuels, des bourgeois et des personnes exerçant une profession libérale.
Du Pays basque au Roussillon, on joue beaucoup aux cartes, notamment à la bourre et à l'écarté, et pour rendre la partie plus attrayante, on l' « intéresse » avec comme enjeu du vin ou de l'argent. Le vin est d'ailleurs la boisson la plus consommée suivie de près par « l'eau sucrée », doux euphémisme pour désigner l'absinthe ; puis viennent l'eau-de-vie et la bière. On boit beaucoup, et l'ivrognerie fait des ravages dans les classes défavorisées.
Le théâtre
Le théâtre offrira aux Pyrénéens des distractions plus culturelles. En dehors des stations thermales ou des grandes villes, il existe un théâtre rural assez actif qui monte un certain nombre de pièces écrites par des auteurs du cru et interprétées par des amateurs locaux, l'instituteur s'improvisant souvent metteur en scène.
Les « pastorales », farces ou tragi-comédies jouées pendant le carnaval par les jeunes du village attirent un public nombreux. La troupe locale puise même parfois dans le répertoire classique et joue Zaïre, Cinna, Horace ou Athalie. Foix possède un théâtre-casino et Ax-les-Thermes, Bagnères, Cauterets et Pamiers des théâtres de la Nature. La saison 1905 est bien remplie à Cauterets où on joue successivement : l’Arlésienne, Phèdre, Electre et la Femme de Tabarin.
Un casino dans les Pyrénées
Les amateurs du canton de Saint-Béat et de Bagnères-de-Luchon, tentés par le démon de la roulette ou du « trente et quarante », n'ont qu'à franchir le pont du Roi en direction du petit village de Lès. Ils y trouveront un restaurant, un tir et un élégant casino.
« C'est en réalité un établissement de jeu comme Monte-Carlo, mais infiniment moins luxueux, écrit Ardouin-Dumazet. Il a d'ailleurs une existence intermittente : tantôt toléré, tantôt interdit par les autorités espagnoles. Une enseigne masque sous un euphémisme cette peu louable exploitation : encadrée de drapeaux français et espagnols, elle annonce la Société du Vélo-Club du Pont du Roi. »
Spectacles de rue
Hercules forains, lutteurs, acrobates et funambules sont souvent présents dans les grandes foires. Revêtu d'un costume d'Indien, le célèbre D'Jelmako subjugue littéralement les foules du Sud-ouest par son audace et l'originalité de ses exploits. Doué d'une adresse exceptionnelle aussi bien à l'arc qu'au fusil, il abat successivement cinquante ballons sans jamais manquer sa cible. Bien plus, il franchit sur un fil tendu à plusieurs mètres de haut un cercle de feu avant de prendre place dans une « torpille automobile aérienne » roulant en équilibre sur un câble.
Aux limites de la place, au milieu d'une multitude de badauds qui « font le rond » autour de lui, un montreur d'ours coiffé d'un chapeau à larges bords s'il est gitan ou d'un grand béret s'il est ariégeois, rythme au son du tambourin la danse de l'ours qu’il présente ainsi « Allons, Martin, présentez-vous poliment et saluez l'aimable société. Montrez comment vos parents vous ont appris à voler le bétail et les petits agneaux sur la montagne... »
L'ours des Pyrénées est capturé très jeune, élevé à l'étable, dressé et promené de village en village, muselé et le cou entouré d'une chaîne qui le relie à son maître car il reste un animal particulièrement redoutable. C'est à un an qu'il subit l'opération de l'anneau. Après l'avoir ligoté, le dompteur lui perce le nez et la lèvre supérieure où il passe une forte boucle de fer de façon à former un anneau que l'ours conserve toute sa vie. C'est en tirant sur une corde attachée à l'anneau que le dresseur fait obéir l'animal.
Les habitants d'Ercé et d'Ustou se sont spécialisés dans cette profession originale et typiquement ariégeoise. Et si Ardouin-Dumazet se lamente parce que « dans toute la commune d'Ustou, il n'y a plus qu'un ourson au dressage » , c'est sans doute parce que les autres sont en représentation avec les « Oussaillès » bien connus que sont Pey Amilhat, Pierre Aragon, les frères Bardou qui iront à Montevideo, Joseph Barrau, Jean-Baptiste Besse qui ira à Rio de Janeiro, les frères Fort, Joseph Périsse et Pierre Saurat, tous citoyens d'Ustou.
Ercé possède une École d'ours qui compte, en 1890, une cinquantaine de montreurs. Parmi eux, les frères Ajas, Jean Barat, Alexis Cau, Jean Faur, les frères Géraud, Pierre Huguet, Pierre Ponsolle, Jacques Souquet et, Sans doute le plus connu de tous, Baptiste Faur-Croustet, dit Tataï, qui rassemble le public au clairon, triomphe dans toute la France ainsi qu'en Espagne, en Suisse, en Allemagne,et en Angleterre avant de partir pour le Canada et les États-Unis où son ours meurt et finit naturalisé au muséum de New York.
Mais l'histoire de l'ours des Pyrénées va peut-être toucher à sa fin. Déjà, au début du siècle, on les aperçoit de plus en plus rarement sur les pentes pyrénéennes et à chaque recensement on constate que leur nombre diminue régulièrement. À moins d'un miracle, ils ne se compteront bientôt plus que sur les doigts de quelques mains. Alors, croisons les doigts et attendons le miracle...
Source autrefois Les Pyrénées
A suivre
Le Pèlerin