Quand on parle d'orpaillage, de nos jours, à brûle-pourpoint, on vous répondra sûrement Couserans ou autres montagnes ariégeoises mais bien peu, a priori, parleront de Pamiers. On le sait, bien que cette théorie soit aujourd’hui battue en brèche, le nom de l'Ariège viendrait d'Auriège, « rivière charriant de l'or ». En 1477 pourtant, dans la capitale de la basse Ariège, un conflit opposa les coseigneurs, le comte de Foix et l'évêque de la ville aux habitants et surtout à leurs représentants, qui revendiquaient de conserver le monopole de la recherche de paillettes d'or dans les eaux de l'Ariège. Les consuls appaméens parvinrent d'ailleurs à garder cette exploitation et obtinrent même, l'année suivante (1478), une interdiction stricte de prospection à tout étranger à la ville. On ne trouvait cependant pas d'énormes pépites d'or à Pamiers, mais quelques-unes de tailles réduites et surtout des paillettes réunifiées grâce à du mercure mais toutefois certains ouvriers parvenaient à en vivre et certaines familles de la ville avaient même réussi à en tirer de substantiels profits. Les zones de recherches se situaient entre Varilhes et Saverdun et ce travail, pénible, était l'apanage de quelques-uns des plus pauvres et de quelques aventuriers que la soif de l'or, de la richesse rapide avait attirés. En 1750, ce privilège fut confisqué par l'Etat et c'est l'hôtel des monnaies de Toulouse qui était chargé de réguler les échanges. Bien sûr, tout ceci donna lieu à quelques trafics, surtout quand les cours étaient jugés trop bas. Les « placers » (nom des chercheurs d'or) se situaient, pour les plus importants, à Bénagues où une société industrielle avait installé deux dragues à Cailloup, au pont Neuf et au Jeu-du-Mail, surveillées par un délégué de l'hôtel des Monnaies qui résidait à demeure à Pamiers.
Au plus fort de cette exploitation, on estime à une cinquantaine de familles la population qui se livrait à ce métier.
Une tradition familiale
Cette recherche d'or était devenue une tradition familiale et les Delfour, qui avaient obtenu une patente en 1750, se transmirent ce métier durant plusieurs générations, le dernier disparaissant en 1893. Pamiers présentait une belle position parce que le débit de l'eau de la rivière s'y ralentit et favorise donc les dépôts. Au plus fort de cette exploitation, on estime à une cinquantaine de familles la population qui se livrait à ce métier, aux alentours de 400 personnes donc qui en tiraient un revenu complémentaire, produisant environ 50 kg d'or par an, titrant jusqu’à 23 carats.
Mais on pense que la production était plus conséquente, en raison de la contrebande, très développée avec l’Espagne, l’or s'échappant par la frontière n’étant pas comptabilisé.
La loi de 1810, qui régulait l’exploitation des mines et des carrières, mit un frein certain à tout ceci et, dès 1815, ce métier tendra a disparaître. De nos jours, l’orpaillage se cantonne exclusivement au tourisme ou à des stages, même si certains en vivent encore...
Source La Dépêche du Midi B.L.
Le Pèlerin