La Déprime des Aînés
Âge rime-t-il avec dépression ? Oui, parfois, quand les moments de solitude sont de plus en plus fréquents, quand les deuils s’accumulent, quand la maladie guette… Mais la dépression liée à l’âge est aussi une maladie qui se soigne et, souvent, se guérit par un suivi et un traitement médical adéquat
Une douleur morale à soigner
"Le téléphone ne sonne plus. Je n’ai plus le goût à rien", reconnaît Colette, quatre-vingt-deux ans. Sa fille ne l’appelle que pour lui demander de l’argent. Pour ses petits enfants, c’est silence radio et ses amis sont nombreux, aujourd’hui, à être malades ou décédés. Aussi la dépression s’installe, insidieuse, dans un univers qui se fige.
Est-ce inéluctable ? "Non, il faut refuser la tristesse ou la douleur morale si elle est intense", répond le Pr. François Piette, chef de service à l’hôpital Charles-Foix (Ivry-sur-Seine). Certes, pour Colette, la dépression est réactionnelle à un réseau de soutien affectif qui se rétrécit comme peau de chagrin. Mais ce n’est pas une raison pour renoncer à l’aider.
Première étape : Inciter Colette à consulter. Ce n’est pas l’étape la plus facile car le manque d’initiative fait partie du tableau dépressif. Lui donner un numéro à appeler pour trouver une écoute comme SOS Amitié constitue un premier pas. L’accompagner chez un médecin pour se faire aider peut en constituer un second.
Une dépression à plusieurs visages
Deuxième étape : rencontrer un médecin et accepter de se faire soigner. Mais pas toujours facile d’évaluer une dépression du sujet âgé. "À côté des symptômes classiques de la dépression, comme la perte du plaisir à vivre, la mauvaise image de soi ou la baisse de l’élan vital, la dépression du sujet âgé s’exprime parfois par des attitudes de cynisme, de méfiance ou d’irritabilité", explique le Dr Cyril Hazif-Thomas, psychogériatre au centre hospitalier de Quimperlé.
Une dépression que l’on qualifie alors d’hostile et qui, souvent, isole plus encore celui ou celle qui en souffre et le confirme dans sa crainte de l’abandon. Mais il existe aussi d’autres formes particulières de dépression chez le sujet âgé comme une dépression s’exprimant par des douleurs chroniques que rien ne peut soulager, ou une dépression centrée sur la démotivation - "à quoi bon" - et la régression.
Un risque suicidaire élevé
Mais le médecin vérifie aussi qu’il n’existe pas une pathologie, susceptible d’accentuer les symptômes dépressifs (anémie, carences diverses, hypothyroïdie, entrée dans une démence, etc.). Si un tel diagnostic est posé, le traitement de cette pathologie diagnostiquée sera une priorité.
En revanche, si c’est le diagnostic de dépression qui se confirme, une prise en charge thérapeutique sera mise en place, associant médicaments et soutien psychothérapique. Cette prise en charge transforme parfois radicalement le pronostic de cette maladie qui, sans traitement, peut devenir chronique voire conduire au passage à l’acte suicidaire.
Selon diverses enquêtes épidémiologiques, la dépression chez le sujet âgé touche environ 10 à 15 % d’entre eux, 44 % de pensionnaires en maison de retraite seraient déprimés et les plus de soixante ans représentent plus de 33 % de l’ensemble des suicides en France.
Source Planet.fr
Le Pèlerin