Ronsard ….Vivez si m'en croyez...
Qui ne se souvient pas des «Fameux sonnets pour Hélène….de Ronsard», qu’il nous fallait savoir par cœur à l’école tant c’était devenu un classique de la littérature française…un peu d’histoire à ce sujet:
Hélène ! Le dernier amour de Pierre de Ronsard, cinquante-six ans en 1578, s'appelle Hélène. Hélène de Surgères est une grave beauté doucement enfermée dans un deuil sans fin: celui qu'elle aime a été emporté par la guerre civile: le fringant capitaine Jacques de la Rivière ne reviendra plus ! Elle a vingt-cinq ans. La reine Catherine de Médicis demande alors à Ronsard de consoler l'inconsolable. Ronsard se prend au jeu. Hélène aime les tête-à-tête où le poète la berce de ses alexandrins, mais dès qu'ils se font pressants, suggestifs, insistants, elle se ferme, se réfugie dans le souvenir de son doux capitaine.
Ronsard s'irrite alors : Adieu, cruelle, adieu, je te suis ennuyeux
C'est trop chanté d'Amour sans nulle récompense.
Je serve qui voudra, je m'en vais, et je pense
Qu'un autre serviteur Le servira mieux.
Puis il essaie de marchander un peu de douceur, tentant un menu chantage :
Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
Assise auprès du feu, devisant et filant,
Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant,
Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle,
Lors vous n'aurez servante oyant telle nouvelle,
Delà sous le labeur à demi sommeillant,
Qui au bruit de mon nom ne s'aille réveillant,
Bénissant votre nom de louange immortelle.
Je serai sous la terre, et, fantôme sans os,
Par les ombres myrteux je prendrai mon repos
Vous serez au foyer une vieille accroupie,
Regrettant mon amour et votre fier dédain :
Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain:
Cueillez dès aujourd'hui les rosés de la vie.
Ronsard, Sonnet pour Hélène, XLIll, 1580)
Mais Hélène reste de glace !
Et la glace finit par éteindre une à une les braises ronsardiennes, jusqu'à la dernière, jusqu'à ses derniers vers:
Adieu, chers compagnons, adieu, mes chers amis,
Je m'en vais le premier vous préparer la place.
Le Pèlerin