Oh ! Si j'étais en ce beau sein ravie
Point d'éléments biographiques, point d'étude sur l'œuvre ou de remarques techniques... Seulement le plaisir de lire des poèmes ! Laissez-vous aller à la douceur des rimes, laissez-vous emporter par la rêverie ! Louise Labé, en son temps, aimait comme l'on aime aujourd'hui, avec la même passion, le même désir. Rien n'a changé depuis son siècle, depuis des siècles. Toujours cette même attente de la douceur, de la tendresse, toujours l'espoir du partage, le privilège d'un regard à nul autre pareil. Toujours l'amour !
Oh ! Si j'étais en ce beau sein ravie
De celui-là pour lequel vais mourant ;
Si avec lui vivre le demeurant
De mes courts jours ne m'empêchait envie ;
Si m'accolant, me disait : Chère Amie,
Contentons-nous l'un l'autre, s'assurant
Que jà tempête, Euripe, ni courant
Ne nous pourra déjoindre en notre vie ;
Si, de mes bras le tenant accolé,
Comme du lierre est l'arbre encerclé,
La mort venait, de mon aise envieuse,
Lors que souef* plus il me baiserait,
Et mon esprit sur ses lèvres fuirait,
Bien je mourrais, plus que vivante, heureuse.
Louise Labé, Œuvres, 1555
Le Pèlerin