Les Romantiques dans les Pyrénées Ci-dessus le Vignemale
Ci-dessous Victor Hugo
C’est à partir du XVIIIEME siècle que les « âmes sensibles » trouvent dans les montagnes une résonance à leurs « émois » et les Pyrénées vont, elles aussi, devenir source d’inspiration littéraire. Au début du XIXème siècle, une véritable vague romantique, séduite par la mode alpestre, déferle sur les Pyrénées qui accueilleront tout ce que le siècle compte de célébrités littéraires : Alfred de Vigny, George Sand, Victor Hugo, Gustave Flaubert, Charmes Baudelaire, Chateaubriand, Lamartine, Taine. Tout ce monde observe, décrit, témoigne de la vie pyrénéenne qui, par cette alchimie créatrice propre aux romanesque, devient point de départ de romans comme le « Lavinia » dé George Sand, transposition de ses amours pyrénéennes avec un jeune substitut au tribunal de Bordeaux, Aurélien de Sèze, venu tout exprès voir sa fiancée à Cauterets, mais bien vite subjugué par le charme de celle qui s'appelle encore Aurore Dudevant.
Victor Hugo qui a le plus abondamment puisé dans les séjours pyrénéens pour renouveler sa puissante imagination, faisant ample moisson d'images qu'il nous livrera au gré de ses publications comme Alpes et Pyrénées ou au fil de ses recueils. Dans Toute la lyre, il saisit la brume qui tombe soudain sur les hauteurs proches de Cauterets :
Nous marchons ; il a plu toute la nuit ; le vent
Pleure dans les sapins ; pas de soleil levant ;
Tout frissonne ; le ciel de teinte grise et mate,
Nous verse tristement un jour de casemate.
Tout à coup, au détour d'un sentier recourbé,
Apparaît un nuage entre deux monts tombé.
Il est dans le vallon comme en un vase énorme,
C'est un mur de brouillard, sans couleur et sans forme.
Souvenirs de promenades et d'excursions, car la plupart de ces hommes de lettres n'hésitent pas à emprunter les sentiers escarpés et à affronter les glaciers comme l'écrit George Sand à son ami Emile Régnault :
Allez aux Pyrénées, grimpez huit ou neuf cents toises, passez quatre ou cinq aciers, traversez comme vous pourrez une cinquantaine de torrents, et quand vous aurez perdu de vue les plaines de la France, quand, si haut que vous montiez, vous ne verrez plus que des gorges, des ravins, des lacs et des rochers, alors vous serez dans un pays sauvage qui n'est ni la France ni l'Espagne, dans une contrée qui n'appartient qu'à Dieu et aux chamois... Et puis ayez le bonheur de trouver, dans quelque village perdu dans les montagnes, perché sur quelque pic fourchu ignoré du voyageur et fréquenté seulement des contrebandiers et des pâtres, ayez, dis-je, le bonheur de trouver sous le porche de quelque église gothique taillée dans le roc, une bande de muletiers en halte, ou une famille espagnole en pèlerinage, et alors vous verrez danser, et vous danserez, le boléro, la cachucha, et même le fandango... »
A suivre
Source autrefois Les Pyrénées
Le Pèlerin