El-Qaïda tente de se déployer au Maghreb
Alger a vécu le temps d’une journée, en ce mercredi noir 11 avril, un véritable cauchemar, l’a replongeant ainsi dans la décennie sanguinaire. Croyant avoir échappé belle au cours des années de braises, les Algériens se trouvent à nouveau dans l’œil du cyclone.
Tout s’est joué en quelques secondes et la capitale a été violemment secouée par un double attentat perpétré par trois voitures piégées conduites par trois kamikazes, selon des sources policières. L’horloge indiquait 10h45 (heure locale), quand l’une a explosée à l’entrée du palais du Gouvernement visant les bureaux du premier Ministre. Selon des témoins, c’est un kamikaze au volant d’un véhicule Renault qui a foncé sur l’entrée principale du palais du Gouvernement. L’explosion a secoué tout le quartier et a fait, selon un bilan provisoire, douze morts et 135 blessés. Les deux autres attentats-suicide ont mis explosé devant le siège du commissariat de Bab Ezzouar en pleine banlieue est d’Alger causant 12 mort et 87 blessés. Ainsi, les sources officielles dressent un bilan de guerre, au total : 33 morts et 222 blessés. Plus tard, ces attentats terroristes ont été revendiqués par l’Organisation El-Qaïda au Maghreb islamique dans un appel téléphonique à la chaîne El-Djazira. Selon l’agence officielle Reuters ce groupe rebelle algérien était connu auparavant sous le nom de Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) et a également revendiqué les explosions provoquées par trois kamikazes mardi dernier à Casablanca. La même source ajoute que le GSPC s’est donné pour objectif d’établir un Etat islamique en Algérie et de s’en prendre à des cibles occidentales. Fondé en 1998, il a éclipsé les Groupes islamiques armés (GIA) en Algérie et est actuellement considéré comme l’un des groupes armés les plus violents dans ce pays, indique la même source. Rappelons que c’est en octobre 2003 que le GSPC a offert son soutien au réseau islamiste international El-Qaïda. Son chef actuel est Abdelmalek Droudkel, également appelé Abou Moussaâb Abd El-Ouadoud. Il s’est opposé à l’amnistie de six mois proposée dans le cadre du processus de paix et de réconciliation nationale promu par le président Abdelaziz Bouteflika afin de mettre un terme à des années de violence politique, rapporte la même. Cette amnistie a expiré en août 2006. L’organisation compterait un demi-millier de rebelles. Elle en revendique environ 5 000, ce que les experts jugent exagéré. En termes d’armements, elle dispose de fusils AK-47, d’explosifs et de mines, explique la même source. Le financement de l’organisation serait assuré au moyen d’activités criminelles, dont la contrebande de véhicules, de cigarettes, de drogue et d’armes. En fin janvier, le groupe s’est rebaptisé Organisation El-Qaïda au Maghreb islamique après avoir obtenu le feu vert d’Oussama Ben Laden, selon une déclaration publiée sur Internet. De ce fait, en recevant le label El-Qaïda, le GSPC est devenu la branche maghrébine de l’organisation de Ben Laden.
Le monde face au djihad islamiste
Les attentats terroristes commis le 11 avril dernier à Alger sont considérés par une majorité d’experts européens du terrorisme comme des signaux d’alerte. L’Europe, dans son ensemble, ne peut que s’inquiéter, compte tenu des objectifs affichés par le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), devenu, depuis janvier, la "filiale" officielle du réseau El-Qaïda au Maghreb, rapporte le quotidien français Le Monde dans son édition du 13 avril 2007. Ce groupe, qui se fait désormais appeler Organisation d’El-Qaïda au Maghreb islamique, cible, en effet, le régime algérien, mais aussi la France et les pays occidentaux dans leur ensemble. Il pourrait attaquer les personnes et les intérêts étrangers en Algérie et dans des pays où il collabore avec divers groupes locaux (la Tunisie, le Maroc mais aussi la Mauritanie, le Tchad ou le Niger), poursuit la même source. Disposant de relais dans plusieurs Etats de l’Union, l’ex-GSPC, qui a récupéré des militants des Groupes islamiques armés (GIA) algérien, est aujourd’hui considéré par les services européens comme le mouvement le plus menaçant, avec le Groupe islamique combattant marocain (GICM). Ses membres installés en Europe sont chargés de fournir une aide logistique et de collecter des fonds, de manière légale ou illégale. Ils participeraient aussi activement à l’envoi de djihadistes en Irak, préparant ainsi une autre menace : les combattants qui reviendront de ce «camp d’entraînement à ciel ouvert» constitueront, dit l’expert français Alain Rodier, «un danger maximal pour leur pays d’origine», précise le quotidien qui ajoute : «Selon des statistiques d’Europol publiées à la fin du mois de mars, sur les 257 personnes arrêtées dans l’Union pour des activités présumées liées au terrorisme islamiste, 10 % se livraient à des activités de soutien à des groupes, dont, au premier rang, l’organisation salafiste marocaine.» En 2006, outre les arrestations opérées en France, un militant lié au GSPC a été appréhendé à Londres, où il projetait une attaque chimique, tandis qu’une cellule de quatre personnes, dotée d’armes et de matériel chimique, était démantelée à Francfort.
Source : la Nouvelle République
Le Pèlerin