Moutons, vêtements neufs, gâteaux et autres provisions
L'Aïd sera hors de portée pour la plupart des ménages algériens, cette année. Les petites et moyennes bourses algériennes auront à dépenser aux alentours de 70 milles dinars pour répondre aux besoins que dicte la fête du sacrifice.
Pour cause : la flambée des prix des produits alimentaires, notamment les produits maraîchers et l'inaccessibilité des moutons dont les coûts ont atteint des sommités à la veille du jour de l'Aïd. Les différents citoyens rencontrés estiment que les dépenses inhérentes à l'achat du mouton, sont environ de 40 milles dinars, tandis que les autres frais, entre autres achats : vêtements pour les enfants et les visites familiales, tourneront autour de 25 à 30 milles. Pressés de satisfaire la demande de leurs enfants et le désir d'accomplir la tradition du prophète, les parents auront à gérer un temps aux couleurs de l'angoisse du crédit, loin des airs jubilatoires de la fête réservés aux bambins. A une semaine de l'Aïd El K'bir, comme aiment le surnommer les algériens, les maquignons inondent les rues par des dizaines de moutons qu'ils proposent à des prix salés. Les prix des produits agricoles sur les différents marchés de la capitale défendent une mercuriale des plus acerbes. Les étals réservés aux vêtements affichent également des prix hors d'atteinte des simples ménages, comme l'attestent de nombreux citoyens rencontrés dans les allées des marchés algérois. En dépit des grands rushs matinaux sur ces espaces de commerce, la dynamique d'achat observe un déclin remarquable du à l'usure du pouvoir d'achat, constatent plusieurs commerçants de la capitale. "On n’arrive plus à subvenir à nos besoins familiaux, durant les jours ordinaires, comment peut-on affronter le déluge de dépenses qui nous attend pour permettre à nos enfants de passer l'Aïd ?" regrette un quinquagénaire qui essayait, tant bien que mal, à dénicher des habits pour ses quatre enfants. Les besoins moyens d'une famille composée de quatre personnes s'élèvent, en suivant un régime de dépenses très austère, à hauteur de 20 000 DA par mois, dit un citoyen qui n'a pas cherché à cacher une colère qui le trahissait entre les mots. Pour lui, le modique salaire qu'il perçoit ne lui permet même pas d'assurer des plats équilibrés pour les membres de sa famille. Chose qui le contraint à grignoter de ses heures de repos pour essayer de dénicher des bricoles, tantôt au marché, tantôt chez des particuliers qui le payeront en échange de la tâche accomplie : "avec un seul salaire à la maison, difficiles sont nos jours. Nous n'arrivons pas à vivre décemment. Le seul recours qui s'offrait en alternative devant moi, est le travail du soir pour garantir, surtout la continuité de la scolarité de mes enfants", dira-t-il non sans amertume. Et à lui d'ajouter : " j'ai dépensé toutes mes économies dans l'achat d'un mouton qui m'a coûté 40 milles dinars. C'est une tête moyenne. C'est vraiment cher pour mes moyens, mais le bonheur de mes enfants passe avant tout. Cette année, j'ai réussi à réunir la somme requise, l'année prochaine je ne saurai dire quoi que ce soit ! " S'écriera-t-il." Ça fait maintenant plus de trois mois que je sors tous les soirs pour chercher des opportunités de travail pour améliorer mes rentes. Si ce n'est de cette façon, je ne me permettrais pas d'acheter le mouton de l'Aïd et des vêtements pour mes trois filles" s'écrie Mohamed qui n'a pas hésité à cacher sa colère. Par ailleurs, d'autres catégories de citoyens n’ont pas acheté carrément l'ovin sacré et préfèrent acheter de la viande pour leurs enfants. "C'est au dessus de mes moyens" dit un père de famille qui faisait ses courses au marché d’Hussein Dey. Selon lui, les prix pratiqués par les maquignons sont plus qu’excessifs. Et à l'orateur d'ajouter "je préfère gérer mes économies pour d'autres besoins plus urgents, comme la survenue d'une maladie par exemple" estimera-t-il. La fête de l'Aïd approche à grand pas, les prix prennent des ailes et les citoyens sont livrés à eux-mêmes et à la merci des maquignons qui font du marché noir, leurs devises gagnantes dans ces jours de grandes affluences sur les têtes ovines. Certains citoyens plus conscients plaident totalement pour l'intervention de l'Etat en tant que institution régulatrice pour régir ce type de commerce juteux dont lequel des sommes colossales tournent librement sans faire profiter la collectivité. Bonne fête à tous!
Source Les Débats Kamal Lembruk
Le Pèlerin