Saïd Sadi : «Il ne manquait que le général Massu»
15 000 policiers ont été mobilisés, ce matin, afin de réprimer la marche à laquelle appelle depuis quelques jours le premier responsable du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD). Faisant état de l’important dispositif sécuritaire mobilisé à cet effet, Saïd Sadi a estimé dans une déclaration faite ce matin à InfoSoir que la réaction des pouvoirs publics a plongé la capitale dans une situation semblable à «la bataille d’Alger, il ne manque que le général Massu». «Au moment où je vous parle, il y a des émeutes aux Issers et à Lakhdaria, car les gens n’ont pas pu se rendre à Alger. Des manifestants sont bloqués à la place Addis-Abéba. Bab El-Oued et La Casbah sont encerclés. Le boulevard Zighoud-Youcef est même coupé à la circulation des piétons», a-t-il ajouté. Il est à savoir que la place du 1er-Mai est depuis les premières heures de la matinée encerclée par un fort dispositif sécuritaire, compte tenu qu’elle devait être le point de départ de la marche.
«Un pouvoir qui veut emprisonner son peuple n’est pas un pouvoir», a ajouté Sadi. Parlant du pouvoir, il estime qu’«il doit comprendre qu’il est encore temps de changer». «Il n’a qu’à choisir : ou changer pacifiquement ou bien mener le pays vers le chaos. Et c’est ce que nous voulons éviter», a-t-il enchaîné. Sous les cris stridents des militants du RCD, empêchés de quitter le siège, Sadi a estimé que «la violence qui existe en Algérie est beaucoup plus grande que celle qui de Tunisie». En effet, les slogans scandés par les manifestants, des étudiants pour la plupart, ont comparé le régime algérien à l’ex-régime tunisien.
La répression étant le point commun selon des manifestants que nous avons approchés. «Il ne faut pas avoir peur. Nous avons un exemple juste à côté de nous, qu’est la Tunisie. Rien ne va changer si le système actuel ne change pas», a déclaré un étudiant venu de l’université de Béjaïa. Un autre, de l’université de Tizi-Ouzou, dans le cadre d’un comité de soutien installé en prévision de cette marche, raconte avoir enduré les pires difficultés hier vendredi pour pouvoir arriver à Alger. «Nous avons dû nous disperser en petits groupes pour ne pas nous faire remarquer.» Selon la même source, le dispositif sécuritaire qui a encerclé le siège du RCD, sis Didouche-Mourad, a été installé aux environs de 4h du matin. Les manifestants qui étaient présents sont d’ailleurs ceux qui sont rentrés sur Alger, hier, vendredi.
Troublés par l’indifférence des passants, qui ont préféré être de simples spectateurs, les manifestants ont appelé ces derniers à s’impliquer eux aussi pour améliorer la situation du pays.
Alger quadrillée
Le pouvoir a mis en place un imposant dispositif de dissuasion dès les premières heures de la journée.
Les services de la Sûreté de la wilaya ont visiblement recouru à des renforts des autres wilayas limitrophes. Des équipements utilisés pour la dispersion des manifestants ont été également mis en place.
Outre cela, un plan de contrôle des axes routiers menant vers Alger, a été mis en place. Toutes les rues d’Alger, les carrefours, les ronds-points et même au niveau de certaines institutions comme la Douane, le ministère des Finances ont connu, ce matin, un déploiement sécuritaire important, notamment l'installation de barrages sécuritaires à la sortie de la ville... La circulation routière était perturbée et tout le monde s’interroge sur ce blocage inhabituel en cette fin de week-end. L’axe reliant la place du 1er-Mai à la rue Colonel -Amirouche a été complètement sécurisée.
Outre le dispositif sécuritaire, il y avait même des agents de la protection civile. Un hélicoptère ne cessait de survoler le ciel au-dessus des policiers pour contrôler et maîtriser la situation. Par ailleurs, les deux sièges du RCD, celui de Didouche-Mourad et d’El-Biar ont été encerclés, ce matin, par les agents de la police. Un tour effectué vers 9 heures au niveau de la gare de l’Agha d’Alger, nous a permis de constater qu'aucun train ne circulait, ni les trains de la banlieue algéroise ni ceux des grandes lignes. Certains voyageurs ayant l’habitude d’utiliser ce moyen de locomotion ont été contraints de se rabattre sur les taxis et autres moyens de transport pour effectuer leur déplacement.
Manifestants bloqués - Accès contrôlés
A la place du 1er-Mai, point de départ de la marche, tout rassemblement était avorté.
Un important dispositif de sécurité a été mis en place depuis 4 h du matin afin d’empêcher les manifestants de se rendre à la place du 1er-Mai. Les manifestants pour la plupart des étudiants, ont passé la nuit au siège du parti. Venus des wilayas de Tizi Ouzou, Bouira et Béjaïa, ils avaient rejoint la capitale, hier, afin de déjouer le dispositif mis en place pour empêcher l’afflux des manifestants. Le leader du RCD, Saïd Sadi, du balcon du siège du parti sis à la rue Didouche-Mourad, s’est adressé ce matin à la foule avec un haut-parleur. Il a accusé la police d’avoir empêché des manifestants venus d’autres wilayas d’entrer à Alger. «Les trains et les bus ont été bloqués», a-t-il dit. Il a également fait observer que «le train de l’histoire est en marche» et que «si cette marche ne réussit pas aujourd’hui, elle réussira une autre fois».
Les centaines de manifestants du RCD massés devant le siège de leur parti, ont été empêchés d’entamer la marche par les CRS et des policiers en civil, pour se rendre à la place du 1er-Mai, d’où devait démarrer la marche vers le siège de l’Assemblée populaire nationale. La foule commence à grossir et des manifestants continuent d’arriver. La police a arrêté des manifestants à proximité du siège du RCD. Une deuxième tentative de sortie des responsables et des militants du RCD a été repoussée par les brigades antiémeutes. Les manifestants répliquent en scandant des slogans tels que : «Pouvoir assassin», «Ulach smah ulach» et «Djazair houra démocratia». Des centaines de policiers en uniforme et en civil sont déployés. Ali Yahia Abdenour est arrivé sur place. Les policiers empêchent tout rassemblement de plus de 10 personnes. A l’est d’Alger, plusieurs barrages de police et de gendarmerie ont été mis en place. Aux Bananiers, les automobilistes attendent parfois près d’une heure. Les policiers contrôlent particulièrement les véhicules en provenance des wilayas de Tizi Ouzou, Bouira et Béjaïa, a précisé le site Tout sur l’Algérie (TSA)
Source Infosoir M.Adel / S.Lounes / M.M.
Le Pèlerin