2012 Législatives - La fin annoncée de la fraude électorale ?
En reconnaissant officiellement et publiquement à l’occasion de l’ouverture de l’année judiciaire 2012 que «l’Algérie avait eu par le passé des élections à la Naegelen», le premier magistrat du pays semble avoir pris la pleine mesure du danger moral, éthique, historique et politique pour l’Algérie de continuer à produire et surtout à exhiber ostentatoirement et publiquement des chiffres aussi hideux que ceux que nous avons mis en évidence dans le présent dossier.
Nos voisins marocains et tunisiens avec lesquels nous partageons la presqu’île du Maghreb et qui ont assidument fréquenté comme nous les nombreuses écoles «Naegelen » érigées au lendemain de nos indépendances respectives viennent de prendre les chemins de la rédemption historique en passant la certification ISO en matière d’organisations d’élections honnêtes, même si elles ne sont pas encore tout à fait propres. L’Algérie est attendue par tous au tournant d’histoire de son demisiècle d’indépendance. Les injonctions de l’histoire sont de plus en plus lourdes et pressantes. Saura-t-elle négocier ce vertical virage historique ? Elle en a les moyens. La mémoire aussi. Les exemples à suivre sont légion, heureusement. En quittant le perchoir de l’Assemblée nationale à l’issue d’une spectaculaire et inattendue démission, le président Ferhat Abbas écrivait au lendemain de l’indépendance dans sa lettre de démission le testament suivant : «Je refuse à l’avenir de siéger dans une Assemblée désignée par le gouvernement et je n’y reviendrai que si le peuple a le droit de choisir ses députés…» Cinquante ans après, aucun député n’a encore le courage de faire un geste aussi auguste, citoyen tout simplement réellement respectueux de la légende de son peuple. Ils savent pourtant tous lever la main pour approuver massivement et un sourire au coin des lèvres pour s’exhiber face à la caméra de «l’Unique» tout ce qui leur tombe du ciel… Le peuple algérien, ou ce qui en reste après la prochaine révision exceptionnelle des listes électorales, choisira-t-il vraiment ses députés en mai prochain en toute liberté ? Pour la première fois peut-être depuis l’indépendance, la réponse à cette question est prématurée. Et même s’il le fait, ce sera pour probablement «voter silencieusement» dans le secret de son urne intime, puisque «celle qui lui sera exhibée cette année à la sortie de l’isoloir sera réellement transparente…» Après l’ère des urnes opaques aux résultats transparents connus à l’avance, serions-nous passés aux urnes transparentes aux résultats opaques ! Réponse au début du printemps.
R. N.
Les politiques et la fraude
«… Nous n’avons pas besoin de faire campagne, nous remporterons le match.» Abdelaziz Belkhadem (campagne électorale législatives mai 2007)
«Si fraude il y a, ce sera la faute des partis.» Zerhouni, 16 mai 2007
«Le bourrage des urnes est la source de tous les maux qui rongent le pays.» Dr Saïd Sadi, 16 mai 2007
«La fraude est une constante dans la culture politique algérienne depuis l’indépendance.» Abdelaziz Rahabi, ancien ministre, Liberté8 avril 2004
Les journalistes et la fraude
«Ce chiffre magique de 83,49% qui est la marque de fabrique de la fraude.» Boubekeur Hamidechi, le Matin, 11 avril 2004.«On ne le répétera jamais assez : toute construction démocratique passe techniquement par l’initiation concomitante et nécessaire d’un processus électoral régulier et transparent.» Ammar Belhimeur, le Soir d’Algérie, 8 mars 2005.
Source Le Soir d’Algérie
Dossier réalisé par M’hand Kacemi
Fin
Le Pèlerin