Algérie - Les avocats du diable
Les Algériens ont ressenti un immense dégoût mêlé de honte en apprenant que l’Algérie a voté contre la décision de la Ligue arabe, adoptée par consensus samedi à l’issue des travaux des ministres des Affaires étrangères arabes tenus au Caire. Sans les indiscrétions qui ont filtré dans la presse, l’opinion algérienne n’en saura rien de la position réelle de l’Algérie diluée dans le consensus arabe favorable à l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne en Libye pour mettre fin aux raids punitifs aériens de l’aviation libyenne contre les postions des insurgés et les populations civiles en rupture avec le régime d’El Gueddafi. L’Algérie n’a trouvé que deux alliés et quels alliés ! la Syrie et le Yémen en l’occurrence, dans la défense de la thèse du rejet du principe de la neutralisation des moyens de défense aériens d’El Gueddafi.
Si l’on peut concevoir que le régime de Bachar El Assad soit dans son rôle de par la situation géopolitique et la profondeur stratégique du pays dans le conflit israélo-palestinien – la crainte de voir cette mesure faire jurisprudence en cas de guerre justifie la position syrienne –, le refus de l’Algérie de cautionner la décision de la Ligue arabe sur la Libye est en revanche autant inattendue qu’inexplicable. L’Algérie nous a habitués à des positions diplomatiques plus mesurées dans le traitement de dossiers sensibles pour concilier ses principes traditionnels de soutien aux causes justes dans le monde et ses intérêts stratégiques. Ces choix, qui ont valu par le passé respect et considération à notre pays à la fois par ses alliés et ses adversaires, relèvent désormais du passé. On ne se soucie plus aujourd’hui de la conduite de notre diplomatie à mettre, pas même les formes.
L’Algérie aurait pu dans la décision de la Ligue arabe adopter une attitude médiane : choisir l’option de l’abstention en attendant de voir plus clair quant à la suite des événements. La voix du régime d’El Gueddafi, dont le siège est vacant au sein de la Ligue arabe depuis sa suspension de cette organisation à la suite des massacres des populations civiles par l’armée libyenne, a trouvé écho et des avocats commis d’office à travers le vote négatif de l’Algérie, de la Syrie et du Yémen. Une position assimilée par beaucoup à un soutien explicite de ces pays au régime libyen. Un feu vert à El Gueddafi pour continuer de bombarder impunément les civils. C’est à dessein que certains régimes arabes font l’amalgame entre l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne en Libye pour protéger les populations du déluge de bombes qui s’abat sur leurs têtes et l’intervention militaire étrangère qui implique une présence militaire qui se transforme dans tous les cas en occupation comme c’est le cas en Irak et en Afghanistan.
Ce débat qui divise la communauté internationale fait le jeu d’El Gueddafi qui est engagé dans une véritable course de vitesse pour faire restaurer son contrôle sur les provinces tombées entre les mains de l’opposition, avec l’appui décisif de son aviation, El Gueddafi doit bien ricaner sous sa tente aux gesticulations arabes et internationales sur la menace de clouer au sol son aviation. D’ici là, il aura fini le sale boulot.
Source El Watan Omar Berbiche
Le Pèlerin