Algérie - L'équation Ahmed Ouyahia
Passé le moment de surprise et de désarroi qu'ils ont traversé après l'annonce par Ahmed Ouyahia de sa démission du poste de secrétaire général du RND, ses partisans et fidèles au sein du parti réagissent en se mobilisant pour tenter de le convaincre de revenir à la tête du RND. Il est clair néanmoins que leur «légitimisme» ne doit rien au courage politique mais à la perception que la donne qui a forcé leur «héros» à se démettre de sa fonction sans esquisser la moindre velléité de croiser le fer avec le groupe de contestataires s'étant dressé contre lui au sein du parti a perdu de son inattaquable contrainte. Autrement dit que le cercle du pouvoir qui a poussé Ouyahia à céder la place n'est plus en capacité d'empêcher son retour. D'où que l'on assiste au sein du RND à une agitation de ces légitimistes qui s'exprime sous la forme d'appels à ce retour.
L'intéressé persiste toutefois dans le mutisme qu'il observe depuis qu'il a rendu publique sa démission. Ce qui ne désespère pas ses partisans ayant décidé d'en découdre avec le groupe de «redresseurs» qui cherche à obtenir la «dé-ouyahiatisation» de l'appareil du parti. Ils sont d'autant plus déterminés à le contrer après avoir appris que l'ex-Premier ministre ne serait plus aussi «pestiféré» pour certains faiseurs de roi. C'est en tout cas ainsi qu'ils ont décrypté la vraie ou fausse information répercutée par des médias ayant fait état d'une rencontre il y a quelques jours entre lui et le chef du DRS. Depuis, même les «redresseurs» s'étant coalisés contre Ouyahia semblent moins offensifs et comme atteints par le doute.
La même information a eu pour effet de relancer au sein de l'opinion la spéculation sur les raisons qui ont poussé Ouyahia à se démettre aussi «facilement» d'un poste qui lui octroyait la possibilité de prétendre briguer la candidature à l'élection présidentielle de 2014. Il a été supposé dans un premier temps que c'est justement pour ruiner cette ambition qu'on le soupçonnait nourrir qu'il lui a été intimé d'abandonner ce poste. Ce qui était convaincant car la démission de l'ex-Premier ministre est intervenue après son limogeage de la primature et à un moment où la perspective d'un quatrième mandat pour Bouteflika apparaissait comme une certitude. Ses «inamovibles» mentors au sein du pouvoir lui ayant fait défaut à ce moment-là pour cause d'entente au sommet de celui-ci sur cette combinaison, Ouyahia dont la témérité politique n'est pas le point fort a dû obtempérer «sans hésitation ni murmure».
Depuis, les choses ont singulièrement changé suite à l'accident de santé dont a été victime le président et jusque-là candidat naturel et accepté à sa propre succession. Les «faiseurs de roi» ont dû alors plancher sur un autre scénario pour cette succession n'excluant plus l'équation Ouyahia car n'ayant pas à disposition dans le sérail un grand choix de personnalités disposant de capacités d'homme d'Etat que requiert la fonction de président de la République. Ne serait-ce qu'évoquée l'éventualité d'une candidature d'Ouyahia a de quoi affoler le camp Bouteflika qui redoute comme le feu cette option et le mettra en condition d'accepter un compromis qui l'évacuerait.
Dans les grandes manœuvres qui se déroulent autour de la succession, il ne faut pas s'étonner donc de la relance dont Ouyahia semble avoir fait l'objet. Il faut cependant se garder de toute affirmation sur le destin réservé à cet homme tant sont impénétrables pour l'heure les desseins de nos «faiseurs de roi» et le silence que lui observe et dont il ne sortira que si on l'y engage. Alors ce qui se passe au RND ne sera à prendre au sérieux qu'à ce moment-là. Tout comme ce qui se passe dans l'autre parti de la mouvance politique officielle.
Source Le Quotidien d’Oran Kharroubi Habib
Le Pèlerin