Ils planifient et proposent la «harga» contre 10 millions
A Oran, pour être candidat à la «harga» il faut payer cash la somme de 10 millions de centimes à un… chômeur, véritable cerveau d'un réseau d'immigration clandestine.
Quatre réseaux de «harraga» viennent d’être démantelés par les gendarmes d’Ain Türk, à Oran,
et 33 personnes ont été arrêtées, dont 4 planificateurs qui ne sont autres que des chômeurs. C’est le capitaine Abderrezak Nasri, de la compagnie de la Gendarmerie nationale d’Aïn Turk qui a révélé ces affaires élucidées à la suite d’investigations. Comment ces chômeurs sont devenus des organisateurs de «harga» ? Au cœur des nouveaux pirates de la mer. Alors que les préparatifs de la saison estivale de l’année en cours battent leur plein, les réseaux de l’immigration clandestine, eux, ont relancé leurs activités en organisant des «voyages» au profit des harraga qui rêvant d’atteindre l’Europe. Cap Blanc, Chetaibou, La Madrague, et la liste est encore longue, voilà quelques noms des plages oranaises «squattées» par les nouveaux planificateurs de «harga», les chômeurs. Agés entre 25 et 35 ans, ces derniers semblent être devenus les seuls maîtres à bord, voire de véritables pirates de la mer. Ils arrivent à organiser des départs «illégaux» vers l’Espagne, l’Italie et la France. Jeunes, femmes et mineurs, ne rêvent plus que du continent européen, avec la complicité de certains propriétaires de petits bateaux. C’est simple, chaque candidat à la «harga» doit au préalable payer cash la somme de 6 à 10 millions de centimes à ces chômeurs qui organisent leur périple. Cette somme sera par la suite partagée entre les chômeurs qui organisent et planifient tout avec les pêcheurs, propriétaires de petits bateaux. D’ailleurs, les explications du capitaine Abderrezak Nasri de la compagnie de la Gendarmerie nationale d’Aïn Turk sont révélatrices. Il a expliqué comment les chômeurs sont devenus de véritables planificateurs de «harga» dans cette ville côtière oranaise. «Grâce aux enquêtes menées par nos brigades, nous avons pu localiser et identifier les personnes-clés qui organisent l’immigration clandestine par zodiaques pour regagner l’autre rive de la Méditerranée. Ces enquêtes ont montré que les vrais planificateurs sont des chômeurs. Ils s’occupent de tout. C’est-à-dire qu’ils organisent des départs par voie maritime vers les pays européens à partir des plages d’Aïn Turk, rassemblent les candidats à l’immigration clandestine dans les quartiers populaires et, surtout, collectent les millions de centimes payés par les harraga», explique-t-il. Avant d’ajouter : «Les sommes payées à ces chômeurs vont de 6 à 10 millions de centimes. Pour regagner l’Europe, les candidats seront embarqués dans des bateaux de fortune pouvant contenir jusqu’à 10 personnes».
Retour en force des tentatives de «harga»
Plusieurs démantèlements, de nombreuses arrestations d’«organisateurs», les coups portés par les éléments de la Gendarmerie nationale aux transporteurs de «harraga» s’avèrent très durs. Toutefois, il est important de poser des questions sur ce retour en force des tentatives de «harga» à Oran. La réponse est que c’est la période de la «harga» avec l’arrivée du beau temps, surtout en ce début de mois d’avril. Mieux, les réseaux d’immigration clandestine semblent bien préparés pour cette année vu les moyens acquis par les planificateurs. D’après les enquêteurs, la multiplication des tentatives d’immigration clandestine depuis les côtes oranaises sont le fait du climat. Le retour du soleil joue en faveur des réseaux du crime organisé. Les réseaux ont soigneusement planifié leurs plans. Ils acquièrent auprès des pêcheurs des petits bateaux qui serviront à des opérations de harga, et ce, contre plusieurs millions de centimes versés par les candidats. Allons-nous vers une saison record ? Telle est l’inquiétude affichée par les gendarmes qui tentent de répliquer. Mais leur mission semble très difficile face à l’ampleur du phénomène.
Source Le Jour d’Algérie Sofiane Abi
Le Pèlerin