Le "printemps algérien" mal engagé
Il aura finalement accepté les modifications apportées à ses textes de réformes politiques. Dimanche, lors du Conseil des ministres, le président Bouteflika ne s’est pas attardé sur le sujet. « Contrairement à ce à quoi je m’attendais, le président n’a exprimé aucune gêne à propos des modifications apportées par le FLN aux projets de loi », explique une source gouvernementale. Le président, toujours selon notre source, s’est contenté d’insister sur l’opportunité de réussir les réformes engagées dans le sillage du printemps arabe.
Pourtant, le processus de réformes politiques est mal engagé. Les textes votés sont bien en‑deçà des promesses faites par le président lors de son discours du 15 avril. Les prochaines élections législatives vont se dérouler sans que n’ait été modifiée la Constitution, qui permet un système de gouvernement presque inédit dans le monde, dans lequel le Premier ministre n’est, en effet, pas nécessairement issu de la majorité à l’APN. En clair : un parti peut donc remporter les élections législatives sans avoir la garantie de gouverner, ni surtout celle d’appliquer son programme. Selon la Constitution actuelle, le Premier ministre « met en œuvre le programme du président de la République et coordonne, à cet effet, l'action du gouvernement. Le Premier ministre arrête son plan d'action en vue de son exécution et le présente en Conseil des ministres ».
Dimanche, en Conseil des ministres, le président Bouteflika n’a justement donné aucune garantie de modification de la loi électorale, un point pourtant important pour inciter les formations politiques de l’opposition à prendre part au suffrage. Certes, une révision de la Constitution, qui devrait rééquilibrer les pouvoirs entre le président et le Premier ministre, devrait avoir lieu après les législatives. Se poserait alors la question de l’avenir du programme du chef de l’État. Officiellement les projets du quinquennat ont déjà été lancés. Curieusement, cette question ne figure pas non plus dans les revendications des partis d’opposition.
La difficile question de l’alliance avec les islamistes
En fait, dans l’élaboration des réformes tout comme dans la préparation des élections, le pouvoir semble agir avec une certitude : l’Alliance présidentielle – ou au minimum le duo FLN‑RND – sera majoritaire. Une certitude exprimée de manière à peine voilée, hier lundi 19 décembre, par Abdelaziz Belkhadem lors d’une conférence de presse. Il a écarté l’hypothèse d’un raz-de-marée islamiste en Algérie, jugeant que « les courants islamistes ne dépasseront pas au total les 35 % lors des prochaines élections ».
Mais avec un tel taux, le courant islamiste deviendrait, à n’en pas douter, la première force politique du pays. Rappelons qu’en 2007, même le FLN n’avait pu atteindre ce score. Du coup, une simple alliance entre le courant islamiste et les indépendants – ou même avec un autre parti de l’opposition – bloquera les projets du futur gouvernement. Cela ne semble pas pour le moment inquiéter le pouvoir qui a évacué la question par voie législative, intégrant l’article 4 de la loi sur les partis politiques en vue d’écarter l’aile extrémiste de la mouvance islamiste, les cadres de l’ex‑FIS, principalement ceux basés à l’étranger.
Adha Felahi, ancien cadre d’El Islah actuellement conseiller du ministre des affaires religieuses, rappelle d’ailleurs l’initiative qu’il avait menée avec plusieurs militants des droits de l’homme pour faciliter le retour des cadres exilés du FIS dissous : « L’initiative est tombée à l’eau. Même si le gouvernement n’y a pas répondu négativement, il n’a donné aucune garantie pour permettre un procès juste et équitable par la justice algérienne ». Cette absence de garanties a « semé le doute chez les militants », poursuit notre interlocuteur. Adha Felahi craint à présent « l’utilisation de ces cadres par les capitales occidentales pour perturber la stabilité du pays, comme cela fut le cas pour nos voisin
Source Tout sur l’Algérie Katia Mehdi
Le Pèlerin