Saâdane et Mansouri s’entre-déchirent
Après l’épisode Raouraoua-Hannachi, qui a noirci l’actualité footballistique nationale l’automne dernier, c’est au tour de Saâdane et Mansouri de régler leurs comptes par presse interposée.
A bien lire les interviews données par Rabah Saâdane et Yazid Mansouri respectivement ancien sélectionneur national et capitaine des Verts, notamment lors des éliminatoires combinées de la CAN et du Mondial-2010 et durant le tournoi final en Angola, que tout n’a pas été rose au sein de l’équipe nationale et que cette dernière a frôlé l’équivalent d’un Knysna (en référence au scandale qui a frappé de plein fouet l’équipe de France) en Afrique du Sud. Il faut dire que Mansouri a la rancune dure et souffre jusqu’à ce jour du fait qu’il n’a pas joué la dernière Coupe du monde à cause de sa mise à l’écart par Saâdane, la veille de ce grand rendez-vous planétaire.
L’ex-capitaine des Fennecs l’a déjà avoué dans la presse, mais sa dernière sortie dans le quotidien Ech’chourouk, dans sa livraison d’hier et dont la suite est à paraître aujourd’hui, ne laisse pas indifférent d’autant qu’elle vient en réponse au «cœur ouvert» du cheikh Saâdane au quotidien sportif Le Buteur. Attaque, contre-attaque et re-contre-attaque et ce sont deux hommes qui s’entre-déchirent. Le patron de la sélection et son capitaine, censés être les gardiens du temple et des valeurs de l’équipe nationale, choyés par tout un peuple et élevés au Panthéon par la plus haute autorité de l’Etat au lendemain de leur qualification au Mondial sud-africain, qui lavent leur linge sale en public. Qui l’eût cru ? Pourtant, loin de se faire passer pour un moralisateur, les mots durs, les jugements de valeur et les agressivités que s’échangent les deux hommes, neuf mois après le Mondial, au moment où sous d’autres cieux l’on tente de tourner les mauvaises pages – pour rester sur le cas Français –, prouvent que le mal était profond. Aujourd’hui, tout remonte à la surface : pour Saâdane, Mansouri n’a jamais été un leader au sein du groupe et il l’a conservé en tant que capitaine car en arrivant à la tête de la sélection il était déjà détenteur du brassard. L’ancien patron des Verts confessera que Mansouri avait fui évitant les tests physiques avant le Mondial et que son niveau avait baissé d’où sa mise à l’écart en Afrique du Sud, quant au brassard «d’autres joueurs le méritaient plus que lui». Saâdane ira plus loin en estimant que son ancien capitaine n’était pas un «homme» car il aurait pu faire toutes ses déclarations à l’époque et non pas attendre des mois après. Il aurait pu claquer la porte de la sélection comme l’a fait Ouaddah lors de la CAN-2004 lorsqu’il avait appris qu’il n’était pas titularisé. On apprendra également de la bouche du cheikh, que Mansouri voulait déstabiliser sournoisement le groupe au point de ne retenir que 17 joueurs pour poursuivre l’aventure en Coupe du Monde. Quant à son niveau, qualifié de faible, Saâdane invitera Mansouri à contempler son riche et inégalable palmarès pour se rendre à l’évidence. Evidemment, l’ancien joueur du FC Lorient défendra crânement sa personne en disant d’abord : «C’est légitime que tout joueur rêve de jouer une Coupe du monde, où est le mal ?» Puis d’enchaîner sur les autres sujets où l’on apprendra que Saâdane n’a jamais parlé tactique avec ses joueurs, qu’il était faible par rapport à d’autres techniciens qu’il a eu à côtoyer, que pour les tests physiques il était blessé et que pas moins de 16 joueurs n’étaient pas concernés, que des consignes étaient venues d’en haut pour l’écarter et laisser la place à d’autres joueurs et que son entraîneur n’était pas «homme» en évoquant sa vie privée. La suite de l’interview donnée par Mansouri sera publiée dans l’édition d’aujourd’hui au grand plaisir de ceux qui voudront «remplir les bouteilles», comme on dit chez nous, et c’est l’honorabilité de l’équipe nationale qui en prend un coup.
Source Infosoir Salah Bey
Le Pèlerin